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Lifestyle - Festival de Beiteddine

La soul à la sauce Seal

Il aura suffi d'un battement de Seal pour que le chanteur s'empare du public de Beiteddine et le fasse vaciller entre feu et glace. Au profit, toutefois, d'une soul troquée contre de la pop variété.

À Beiteddine, Seal a fait naviguer le public sur des ballades cotonneuses comme les nuages.

Au début, après un duo improbable suivi d'un clip douteux sur Les mots avec Mylène Farmer, suite à deux albums de reprises de standards soul signés Al Green ou Ann Peebles, on pouvait voir Seal comme le énième produit d'une soul pleureuse destinée à se saisir des masses et prendre les cœurs en otage. Dans ce même ordre d'idées, on pouvait se demander à juste titre ce que donnerait le rendez-vous entre Seal et le palais de Beiteddine. Finalement, on a bien fait de se poser la question : à personnage inhabituel, lieu inhabituel, puisque le chanteur britannique, habile et habité, a surpris le public en s'emparant de la scène en véritable showman. Aux dépens, cela dit, d'une soul souvent dégradée en une pop pour radios commerciales.

Allumer le feu
20h45. Seal sort de la pénombre brouillardeuse et s'avance à pas de loup en captif évadé, avec la gourmandise d'un concertiste longtemps privé de gammes, libérant d'un sourire ces quenottes espacées qu'il partage avec Vanessa Paradis. Deux notes, puis trois. Crazy, le tube qui, en 1991, l'avait propulsé au faîte des hit-parades. Il suffira donc d'un « battement de Seal » pour que la glace se fissure, que le chanteur se fraie une voie dans cette obscurité tendue d'expectative et qu'il l'emporte à bord de sa locomotive de feu. Il est aussitôt aimanté par un public qui s'évase, se dilate, flambe. Le martèlement des instruments et, au cœur, ses cordes vocales un peu cramées créent comme un tourbillon, un tumulte d'où déboulent la suite des morceaux comme Killer, Do You Ever et le légendaire Love's Divine, tous d'une force expressive qui tient en haleine l'assemblée pendant la première partie du concert et inspire même une standing ovation en tout début de spectacle.

Mosaïque inégale
Mais Seal ne se suffit pas d'embarquer les présents sur les vagues houleuses d'un show enflammé. Il les fait aussi naviguer sur des ballades cotonneuses comme les nuages, dont des versions acoustiques de Mad World et Kiss from a Rose, proposant ainsi un concert en mosaïque. Inégal aussi. Car si ce Londonien avait tout, et en tout cas le timbre vocal, pour devenir le leader d'une soul contemporaine, il a toujours été (malheureusement) plus attiré par le chant des sirènes de la variété. Et ce concert ne fait que confirmer cette tendance. Malgré les belles mélodies, on a comme l'impression que le chanteur perd ses cordes vocales de soulman sur des titres purs produits d'une variété moyenne (My Vision) ou des reprises de soul où est considérablement polie, voire aseptisée, l'intensité de cette musique charnelle (Stand by me).

La voix, instrument central
Il n'empêche que le concert trouve son unité dans un son puissant et cette voix pilée et charbonnée de testostérone. De fait, même si le chanteur d'origine brésilienne était accompagné d'un ensemble de musiciens subtilement associés à sa prestation scénique, la place était surtout faite à la voix, ce bolide à émotions dont les rouages sont tantôt ceux d'un blues joliment suranné sur la reprise de Sara Smile, tantôt de la soul trébuchant dans la pop sur Everytime I am With You (extrait de son dernier album 7), et même des jongleries d'octaves qui rappellent Sam Cooke.
Cette voix encore, son arme de séduction massive qui, malgré tout, finit par avoir raison de nous...

 

Pour mémoire
Bienvenue à Bollywood-sur-Chouf !

Au début, après un duo improbable suivi d'un clip douteux sur Les mots avec Mylène Farmer, suite à deux albums de reprises de standards soul signés Al Green ou Ann Peebles, on pouvait voir Seal comme le énième produit d'une soul pleureuse destinée à se saisir des masses et prendre les cœurs en otage. Dans ce même ordre d'idées, on pouvait se demander à juste titre ce que donnerait le...

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