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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Les journées sanglantes de Dallas, une réalité américaine constante

L'attaque contre les policiers a fait perdre aux Afro-Américains la sympathie de la population.

À Dallas, un policier noir rendant le salut à un petit garçon blanc. Stewart F. House/Getty Images/AFP

Les jours sanglants de Dallas ont approfondi aux États-Unis une division sous-jacente qui perdure malgré l'établissement des droits civils en 1964.
L'attaque par un ancien réserviste noir, la semaine dernière, à Dallas contre des policiers blancs, tuant cinq d'entre eux, pour venger la mort d'autres Noirs dans un autre État, semble avoir fait perdre aux Afro-Américains la sympathie de la population américaine, toutes couleurs confondues. Aucune voix au sein de la communauté black n'a pris le parti de l'attaquant taxé de criminel et de voyou. Les voix de Noirs modérés ont clairement critiqué cette attaque, estimant « qu'il est difficile pour eux de se solidariser avec n'importe quel individu de leur communauté qui s'identifierait à un racisme d'une telle violence ».

Concernant la guerre annoncée contre la police blanche, « beaucoup de Noirs commencent à dire qu'il est temps d'en finir avec la culture de la criminalité dans les ghettos noirs », précise un analyste de la situation.
L'Amérique est choquée et en larmes. Barack Obama a interrompu sa visite en Europe, où il assistait, pour la dernière fois, au sommet de l'Otan. Il s'est rendu immédiatement à Dallas, où il a participé à une cérémonie inter-religieuse en mémoire des policiers victimes. Depuis qu'il est en poste, c'est le onzième massacre d'innocents qu'il dénonce lui-même, et non par le biais de son équipe de communication. En tant que président, Barack Obama a déclaré que « l'Amérique n'est pas aussi divisée qu'on le pense ». Mais, ce que l'on voit dans les médias, c'est bien une déchirure. Au point qu'une chaîne de télévision a ajourné la diffusion de la nouvelle série télévisée intitulée Shooter.

Les rues des grandes et des petites villes américaines sont la scène de manifestations continues où l'on entend les rhétoriques irresponsables et menaçantes de jeunes Noirs. La tragédie de Dallas a totalement altéré le dialogue sur le racisme, au double niveau politique et social, ainsi que sur les réformes à ce sujet. Ainsi, le mouvement Black Lives Matter, qui remet en cause l'attitude jugée raciste des policiers blancs, a beaucoup perdu de l'empathie qu'il avait soulevée. Surtout que, désormais, ses fondateurs vont plus loin, encourageant à davantage de violence contre les Blancs et les institutions de l'État.

 

(Lire aussi : David Brown, un policier à la voix qui porte)

 

Étude chiffrée
De son côté, le chef de la police de Dallas, David O. Brown, a déclaré : « La confiance est difficile à gagner et facile à perdre. » Depuis qu'il est à ce poste (2010), il a effectué des réformes pour établir des ponts entre son département et les diverses communautés de la ville, offrant un modèle suivi par un grand nombre d'États. Il a œuvré vers plus de transparence et a entraîné ses officiers à réduire la tension avec les citoyens, en évitant toute violence de prime abord.

On doit néanmoins clarifier un élément propre aux États-Unis : il est très rare que la justice américaine condamne un policier en service ayant tué un citoyen qui l'aurait menacé. En revanche, et irrévocablement, elle envoie en prison un citoyen ayant tué un policier. Parce que le devoir du policier est clairement défini et connu de tous : il se doit d'appliquer la loi, quitte à tuer. Pour exemple : quand quelqu'un brandit face à lui n'importe quel objet menaçant, le policier ne prend pas le temps de vérifier si cet objet est meurtrier ou pas, il doit agir sur-le-champ.

Tel a été le cas de l'homme qui avait essayé d'escalader la grille de la Maison-Blanche, couteau à la main. Au lieu d'obéir au policier qui lui intimait l'ordre de jeter son couteau à terre, il a continué à en jouer dans tous les sens. Le policier l'a mis en joue et tué sur-le-champ. Le même sort a été réservé à un jeune homme qui avait provoqué un policier avec un faux revolver, ayant l'apparence d'une véritable arme.

Cette dangereuse tension entre les forces de l'ordre et les citoyens a fait l'objet d'une étude chiffrée, établie par le Washington Post. Elle révèle que, l'an dernier (du 1er janvier 2015 jusqu'au 10 juillet 2016), des policiers en service ont effectué des tirs mortels à l'encontre de 1 502 personnes contrevenant à la loi, dont 732 Blancs, 381 Noirs et 382 d'autres ethnies. Selon d'autres recensements, autant de Blancs que de Noirs périssent, suite à des incidents avec la police. Quant au New York Daily News, il cite des informations du FBI qui relèvent que 90 % des Noirs tués en 2014 le sont par des Noirs, alors que, la même année, le pourcentage de Blancs tués par des Blancs s'élevait à 82 %.

 

 

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