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Culture - Festival de Byblos

Carole Samaha, bien dans ses peaux

Aventurière à la voix haute bien frappée, Carole Samaha se promène entre son rôle de star et sa vie de mère, entre théâtre et chant, entre force et fragilité. Elle ouvre le festival de Byblos demain vendredi 15 juillet avec un show tout en paillettes qui confirmera ses talents de... caméléon.

Entre le châtain blondissant d’aujourd’hui et le noir d’hier, il n’y a pas une grande différence... Photo DR

On l'avait découverte aux premières lueurs de l'an 2000 sur Bi sabah el-alf el-talet, un titre engagé dont le légendaire «Enta min?» du refrain était pratiquement devenu l'étendard d'une révolution en musique. Classieux ovni adopté et adoubé par les Rahbani, elle élevait une voix précisément modulée pour dénoncer l'humanité d'un troisième millénaire qui trébuche dans la laideur. Les cordes vocales musclées de boxeuse qui cogne dans les sacs à sable sociaux et la chevelure trempée de celles qui affrontent les tourbillons de la vie, quand ses consœurs moutribat barbotaient déjà dans la banalité. Depuis, Carole Samaha n'a presque pas changé: entre le châtain blondissant d'aujourd'hui et le noir d'hier, il n'y a pas une grande différence, car rien n'a réussi à affadir l'éclat de son sourire qui irradie toujours autant de cette énergie un brin angoissée. À l'exact inverse de ce que renvoie son masque de star d'acier, derrière lequel elle camoufle soigneusement ses inquiétudes de femme (d'affaires) et de jeune mère.

Naturelle
Il y a chez Carole un naturel qui déconcerte lorsque se dévoile ce timbre de fille gourmande que l'on ne soupçonnait pas d'appartenir à l'une des grimpeuses d'octaves les plus célèbres du pays. Une voix mignardise, une voix à la bonne franquette qui tutoie et lance des «hayété» à la pelle. Entre deux répétitions de chorégraphie, sans fard ni frasques, Carole Samaha dénoue et détend ses jambes de battante que sculpte son fuseau de danse, en accord avec sa souplesse féline. La rencontrer est facile, y compris à quelques jours de son show qui inaugure le festival de Byblos demain soir. Avec elle, la phrase ne s'arrête jamais, surtout quand il s'agit de présenter ce spectacle qu'elle préfère qualifier de «show en bonne et due forme, dirigé par Gérard Avedissian et chorégraphié par Sami Khoury», précise-t-elle. «Il y aura 40 musiciens et danseurs sur scène, des tableaux de danse, de chant et, qui sait, peut-être même de théâtre!» Elle ajoute: «J'ai conçu ce show à l'image de ma musique, qui est en quelque sorte une fusion de plusieurs sonorités. Comme une courbe qui installera dans le sublime décor de Byblos une pléiade d'ambiances différentes. Il y aura du hip-hop, du tarab, de la chanson romantique et des morceaux plus dynamiques. Je reviendrai sur les titres phare de ma carrière, mais aussi ceux de mon dernier album, Zekrayat.»

 

(Lire aussi : Byblos est une fête « d’effervescence et d’espoir »)

 

Athlète
Car la force de Carole Samaha, c'est justement son talent de jongleuse de disciplines sans essoufflement aucun. C'est tomber les frontières entre théâtre, chant et danse pour mieux les emmêler, comme les fils d'une même pelote, chose qui la distingue de facto de la mêlée locale. C'est son «corps-décor» et sa voix prouesse(s) qui empoignent et investissent la scène presque sans efforts, faisant d'elle une showman à part entière. Elle le revendique ainsi, avec franchise et lucidité: «J'ai du mal à me cantonner à une discipline, à une profession. Je me présente plutôt comme performer, c'est le terme qui me décrit sans doute le mieux. »
De fait, quelque chose indique qu'il y a de l'athlète chez Carole Samaha, de la persévérance et du jusqu'au-boutisme. De la soif pour le challenge, du tonus aussi. Bonne piste. «Je suis passée par des très hauts et des très bas, un peu comme tout le monde. Cela dit, mon credo est de ne jamais baisser les bras. C'est simple, mais ça m'a permis d'arriver là où je suis aujourd'hui», confie-t-elle avec la vitalité candide de celles qui ne se compliquent pas l'existence et la ténacité de celles qui décident, tranchent, tombent et se redressent. Et de poursuivre: «Je suis très indépendante, tout en étant flexible et à l'écoute. J'ai un manager, mais pas de producteur. Pas une armée d'assistants non plus, et je gère toute ma carrière de A à Z, de mon planning à mes comptes...»

Bohémienne
Il y a aussi et surtout du caméléon chez Carole Samaha. «De la bohémienne, de la vagabonde», précise celle qui se plaît à naviguer en bateau ivre. Elle a été une indomptable et aguicheuse Théodore dans Les derniers jours de Socrate, une Marie-Madeleine déglinguée et lapidée à coups de pierres dans Wa kama fi el-yom el-talet, deux comédies musicales produites par les Rahbani. Elle a surtout été une magnifique et hystérique Zénobie, toujours chez les Rahbani, sur la scène de Byblos en 2007. Une troublante Sabah, plus vraie que vraie, dans le feuilleton télévisé al-Chahroura.
Sinon, quand elle ne joue pas des tragédies sur les planches, Carole Samaha endosse des caractères dans chacun de ses opus qui dévoilent les facettes de sa voix de feu follet mutant, «parce que mon plus grand ennemi est l'ennui», assène-t-elle, les sourcils dressés en circonflexe. Là, après les gros succès de Helm, Ana horra, Adwa' el-hhohra, Hdoudi el-sama et Ehssas, Carole Samaha la chanteuse sort Zekrayat, l'album qu'elle décrirait comme «celui de la maturité: Zekrayat coïncide avec mon expérience de la maternité. Il y entre donc de la maturité, tant au niveau de la voix que des paroles que j'ai tenu à écrire. Parce qu'un chanteur n'est pas supposé être un perroquet qui chante les paroles des autres».
Sourire malicieux. «Mais c'est paradoxal, parce qu'après la naissance de ma fille Tala, j'ai eu l'impression d'avoir retrouvé l'énergie de mes vingt-cinq ans.»
Pourquoi Zekrayat? «Cette question me fait réfléchir. Peut-être parce que je sais exactement où je vais sans ne jamais oublier d'où je viens», répond-elle après réflexion. À bon entendeur(se), salut.

 

 

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On l'avait découverte aux premières lueurs de l'an 2000 sur Bi sabah el-alf el-talet, un titre engagé dont le légendaire «Enta min?» du refrain était pratiquement devenu l'étendard d'une révolution en musique. Classieux ovni adopté et adoubé par les Rahbani, elle élevait une voix précisément modulée pour dénoncer l'humanité d'un troisième millénaire qui trébuche...

commentaires (2)

Une competition des starlettes qui se prennent toutes (et tous) pour des Divas! Une caricature narcissique.

Jack Gardner

17 h 58, le 14 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • Une competition des starlettes qui se prennent toutes (et tous) pour des Divas! Une caricature narcissique.

    Jack Gardner

    17 h 58, le 14 juillet 2016

  • COMMENT LES FIGURES CHANGENT... SI ON NE DIT PAS LE NOM ON A DE LA PEINE A RECONNAITRE LES PERSONNES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 41, le 14 juillet 2016

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