Extrait du clip réalisé par Thierry Vergnes.
Carole Samaha s'impose année après année comme une grande dame de la chanson arabe. Incomparable parmi ses pairs, les stars féminines du monde arabe, elle a su se créer une place de choix sur la scène musicale, un peu hors compétition, sans pour autant s'inscrire dans un registre élitiste non commercial. C'est surtout par sa cohérence sur toute la longueur d'un parcours aux succès variés et son imparable classe même dans les registres les plus populaires que Carole Samaha a pu se hisser lentement mais sûrement vers une reconnaissance panarabe. C'est sans surprise donc qu'elle se présente en gardienne des causes arabes à travers son nouveau single al-Chark el-Azim (L'Orient glorieux), un projet grandiose qui a nécessité des mois de travail et qui a été produit par le Réseau global pour les droits et le développement (GNRD) dont elle est l'ambassadrice, et son président Louay Dib. On ne pouvait pas s'attendre à moins de la part de celle qui s'est distinguée par une présence scénique remarquable sur les planches du théâtre Rahbani, a produit un album exceptionnel intitulé Hdoudi el-Sama en 2009 et relevé le périlleux défi d'incarner la diva Sabah le temps d'un feuilleton biographique.
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Dimanche soir, la Libanaise originaire de Khenchara, au Metn, a rendu public le vidéoclip de sa nouvelle chanson patriotique sur YouTube. En moins de cinq jours, ce dernier a été visionné par plus d'un million d'internautes qui n'ont pas tari d'éloges sur la prestation musicale et théâtrale de l'artiste. Cela faisait en effet quelques mois déjà que Carole Samaha avait annoncé cette chanson écrite et composée par le Libanais Marwan Khoury, distribuée musicalement par le musicien Michel Fadel et interprétée par l'Orchestre philharmonique de Kiev sous la direction de Vlademir Sirenko.
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Une incarnation du Bien et du Mal
Réalisé par le réalisateur international Thierry Vergnes, dont Carole semble ne plus se séparer, le clip a été tourné pendant deux jours en studio en Tunisie, et a requis plus de deux mois de postproduction et de création d'effets spéciaux qui ont conféré au clip une qualité cinématographique majestueuse, qui n'est pas sans rappeler les grands films historiques. Dans ce clip aux couleurs de la terre et du feu et aux paysages pittoresques, dédié à toutes les victimes des guerres du monde arabe, Carole Samaha tente de rappeler à l'Orient, «cœur de l'humanité et berceau de la religion, de la connaissance et des civilisations», sa gloire perdue. Incarnant d'abord le Mal, guerrière satanique qui tente à coups d'épée de vider cet Orient de toute vie, c'est en madone blanche que Carole Samaha s'endort ensuite désespérée sur un tapis de dépouilles mortelles de femmes et d'enfants. Elle pleure: «Leurs visages ne me quittent pas, ni leurs yeux aujourd'hui éteints. Leurs cris qui demandaient justice et leurs mains qu'ils tendaient vers la liberté. Ô Dieu regarde-les un peu, ils n'ont personne d'autre que leur destin...» Le clip se termine toutefois sur une note d'espoir «puisque les rêves fleurissent au cœur du désespoir», quand un enfant voit avec émotion une église et une mosquée s'élever dans le ciel flapi de l'Orient.
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Un cri venant du cœur, appelant au vivre-ensemble, et qui n'est pas sans rappeler les débuts de la chanteuse qui s'était fait connaître du public grâce au chef-d'œuvre de Mansour Rahbani, Bi Sabah el-Alef el-Talet, qui reste quasiment inégalé à ce jour. «Il est vrai que nous sommes au début d'une nouvelle année, mais nous vivons une réalité à laquelle nous ne pouvons pas nous dérober, a confié Carole Samaha lors d'une entrevue avec la chaîne égyptienne CBC. Le message de ce clip est un appel à préserver notre identité arabe orientale. Il m'attriste aujourd'hui de voir cet Orient se désintégrer et perdre ses richesses, et l'extrémisme y ramper. Ce clip est un appel à garder vivant l'être humain qui est en nous. Je ne parle généralement pas de politique, mais je fais part de mon avis par le biais de mon métier. Un artiste ne peut rester indifférent à la réalité qui l'entoure.» Et ce clip est loin de laisser un Arabe indifférent...
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