Réunis à Shanghai, les ministres du Commerce du G20 se sont dit hier résolus à doper les échanges internationaux pour stimuler l'économie mondiale, tout en s'inquiétant de la montée des barrières protectionnistes en leur sein et des risques liés au Brexit.
« La reprise économique mondiale demeure inégale (...). Le commerce et l'investissement doivent rester les moteurs essentiels de la croissance », ont assuré dans une déclaration les ministres présents hier.
Le rythme de progression des échanges internationaux s'est effondré après la crise financière, stagnant sous 3 % par an depuis 2009, contre plus de 7 % lors des deux décennies précédentes.
Mais, surtout, leur communiqué reconnaît « avec inquiétude » la montée des mesures protectionnistes adoptées par les propres membres du groupe.
« Le nombre de nouvelles mesures imposées par les membres du G20 restreignant les échanges de biens et de services atteint un rythme mensuel record depuis que l'OMC a commencé ses décomptes en 2009 », s'alarme t-il.
Ces mesures pénalisent le fret et affectent aussi bien l'industrie électronique que les produits agricoles, prévient Robert Koopman, chef économiste de l'OMC, rencontré par l'AFP en marge du G20.
Rhétorique protectionniste
La Chine est particulièrement visée : ses aciers sont sous le coup de multiples mesures antidumping de l'Union européenne et de taxes prohibitives infligées par les États-Unis, Pékin étant accusé d'inonder le monde d'acier bon marché pour soulager les surcapacités colossales de ses sidérurgistes.
« Pendant que certains pays (également responsables) débattent encore des mesures souhaitables, les autorités chinoises sont déjà dans l'action » pour restreindre l'appareil de production des groupes étatiques, a déclaré le vice-ministre chinois au Commerce Wang Shouwen à la presse.
À l'instigation de Pékin, les pays du G20 ont par ailleurs appelé hier à accélérer le processus de ratification de l'Accord sur la facilitation des échanges, conclu fin 2013 pour réduire les frais douaniers, il doit être ratifié par les deux tiers des membres de l'OMC pour entrer en vigueur. Récemment, plusieurs pays du G20 manquaient encore à l'appel.
Enfin, la déclaration salue l'émergence de zones régionales de libre-échange et plaide pour qu'elles restent ouvertes à de nouveaux membres.
Plus généralement, le directeur général de l'OMC Roberto Azevedo s'est inquiété de la montée d'une « rhétorique protectionniste extrêmement nocive », à l'heure où l'OMC patine, que les discussions sur le traité transatlantique (TTIP) calent sur fond de vif mécontentement populaire et que les discours populistes faisant du libre-échange un épouvantail gagnent du terrain.
Enfin, non évoquée explicitement dans la déclaration finale, la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE) était dans tous les esprits. Londres devrait être contraint de renégocier de nouveaux accords commerciaux avec l'UE et les 58 pays liés au bloc continental par des accords de libre-échange. M. Wang a reconnu que les turbulences liées au Brexit « auront évidemment des conséquences à court terme pour le commerce mondial ».
(Julien GIRAULT/AFP)