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Moyen Orient et Monde - Tribune

L’accord sur les mesures du ressort de l’État du port peut mettre fin à la pêche illégale

Les États portuaires unissent leurs forces pour s'attaquer au problème de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

Le directeur général de la Fao, José Graziano da Silva.

L'année dernière, environ un poisson sur six vendus à travers le monde avait été pêché illégalement. Ce chiffre est à présent sur le point de chuter de manière radicale grâce à l'accord sur les mesures du ressort de l'État du port (PSMA), le premier traité international destiné à lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Dans le cadre de ce nouvel accord, les parties sont obligées de s'assurer que tous les navires de pêche entrant dans leurs ports, même pour faire le plein, annoncent la raison de leur venue et se soumettent à l'inspection de leurs carnets de route, permis, équipements de pêche et marchandises. Les autorités portuaires se sont mises d'accord pour partager les informations liées aux violations, compliquant la tâche aux pêcheurs illégaux qui envisageraient de se déplacer.
Le traité, adopté en 2009 par les États membres de la Fao, marque un grand pas en avant vers l'autorégulation du secteur des fruits de mer, dont les pertes dues aux activités illégales s'élèvent à 23 milliards de dollars chaque année.
Après que 29 pays, auxquels s'ajoute l'Union européenne, ont officiellement déposé leur instrument d'adhésion à la Fao, le traité est entré en vigueur, marquant le début d'une nouvelle ère.
Ceux qui pêchent illégalement – qui tout en tirant profit de cette activité compromettent les efforts visant à gérer les ressources marines mondiales de manière durable pour que la pêche devienne une activité viable et que les populations puissent profiter de ses avantages nutritionnels – devront s'attendre à des coûts d'exploitation plus élevés et courront le risque de se faire prendre.
Pour être plus précis, aujourd'hui le traité s'applique seulement aux pays ayant donné leur accord. Pour que le traité gagne en puissance, pour améliorer son efficacité et son impact, d'autres pays doivent y adhérer. Plus leur nombre augmente et moins les navires illégaux auront l'occasion de se déplacer dans des ports de convenance pour bafouer les lois qui réglementent les niveaux de capture. Des lois indispensables pour protéger la biodiversité et les niveaux de stock.
Mais soyez-en sûrs. Le nombre d'adhérents est appelé à augmenter.
Je tiens à féliciter tous les pays qui sont déjà parties du traité : l'Australie, la Barbade, le Cap-Vert, le Chili, le Costa Rica, Cuba, la Dominique, l'Union européenne (au nom de ses 28 États membres), le Gabon, la Grenade, la Guinée, le Guyana, l'Islande, l'Indonésie, l'île Maurice, le Mozambique, la Birmanie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, Oman, les Palaos, la République de Corée, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, les Seychelles, la Somalie, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, le Soudan, la Thaïlande, les Tonga, les États-Unis d'Amérique, l'Uruguay et le Vanuatu.
Grâce à cet accord, il sera plus difficile que les poissons pêchés illégalement accèdent au marché. Un handicap majeur lorsque l'on sait qu'il s'agit d'une étape cruciale de la chaîne d'approvisionnement des fruits de mer.
Certains navires pourraient envisager de partir plus loin, mais cela leur reviendrait plus cher, cela pourrait donc avoir un effet dissuasif. De plus, les ports proposant ce type de services aux navires hors la loi ne pourront le faire éternellement. Les parties du PSMA comptent en effet financer des mesures de renforcement des capacités pour les pays qui en ont besoin, et le peu de tolérance envers les comportements malhonnêtes influencera probablement le respect des règles.
Mais, une fois de plus, soyez-en sûrs : le respect des règles établies est inéluctable. Les protagonistes de l'industrie mondiale de la pêche se servent de plus en plus des pratiques durables comme d'un atout marketing ou encore pour documenter leurs prises. Ces pratiques facilitent également le développement de programmes d'étiquetage écologique.
En adhérant au traité, un pays a ainsi de grandes chances d'augmenter ses opportunités commerciales.
Considéré comme un tournant décisif dans la lutte contre la pêche illégale, le PSMA est une mesure concrète afin d'améliorer la santé des océans, comme le rappelle l'Objectif numéro 14 du Programme de développement durable à l'horizon 2030.
À la Fao, nous insistons sur l'importance d'un effort global pour parvenir à un développement durable et des effets de réseaux, qui, à leur tour, peuvent engendrer des réactions positives en chaîne.
Par exemple, les inspections menées par les États portuaires peuvent indirectement agir de manière complémentaire pour résoudre d'autres problèmes, tels que l'utilisation d'une main-d'œuvre forcée dans l'industrie de la pêche, le commerce illicite des espèces menacées et l'amélioration de la gestion des zones de protection marine.

*José Graziano da Silva est le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.

L'année dernière, environ un poisson sur six vendus à travers le monde avait été pêché illégalement. Ce chiffre est à présent sur le point de chuter de manière radicale grâce à l'accord sur les mesures du ressort de l'État du port (PSMA), le premier traité international destiné à lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.Dans le cadre de ce nouvel...

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