Des hommes préhistoriques à aujourd'hui, il existe un réseau imaginaire qui lie tous les êtres humains de la planète en faisant fi de leurs différences. C'est le toit au-dessus de leur tête, ce lieu qui les abrite des éléments hostiles, qui les garde au chaud, où ils résident, que ce soit momentanément ou pour la vie.
«Où et comment vivons-nous?» La question se pose à nouveau. Depuis la révolution industrielle, les décennies de migration de la campagne à la ville ont créé un déséquilibre économique et renforcé la crise écologique.
Les villes continuent de s'étendre, les mégalopoles prennent la forme de cités-États, pendant que les espaces ruraux se vident.
Cette transformation initiée par la mondialisation rencontre désormais une résistance grandissante qui germe parmi les générations élevées dans les villes, conscientes que le modèle économique dominant est en guerre contre la vie sur terre. Un nombre grandissant de jeunes commencent à s'intéresser à une manière différente d'organiser leur vie (une manière qui implique un retour à la nature et un développement de l'économie locale). Cette tendance peut aussi être observée en Serbie, un pays du sud-est de l'Europe qui regorge d'habitats naturels vierges.
Le projet ECOnomad (campements écologiques) est une solution possible. Imaginé par une équipe composée d'un jeune architecte de Belgrade, Ivo Otašević, et de son partenaire suisse Stacha Bader, le concept tourne autour d'un logement flexible dessiné pour vivre plus près de la nature. Il n'est pas destiné à être assemblé dans un type d'endroit spécifique. Il peut être érigé sur n'importe quel site et selon différentes configurations.
«L'impact sur l'environnement naturel est minimal, explique Stacha Bader. C'est une réussite à plusieurs niveaux: les matériaux de construction sont écologiques et biodégradables, les structures sont intrinsèquement temporaires, et nous y avons intégré un système autosuffisant basé sur les énergies renouvelables.»
Ce que cache le conteneur
L'inspiration est venue de l'architecture rurale serbe, une dépendance traditionnelle connue sous le nom de vajat. Petits hangars en bois sans fenêtre que l'on trouve dans les fermes rurales, les vajats d'aujourd'hui sont utilisés comme entrepôts de matériel et de fruits. Mais ils ont eu, par le passé, une fonction différente et plus significative. Par le passé, les gens vivaient dans des communautés rurales, et si plusieurs générations occupaient le même habitat, le vajat était l'«espace de vie du couple marié», où les jeunes qui s'étaient passé la bague au doigt passaient leur nuit de noces.
Les conteneurs résidentiels conçus dans le style du vajat serbe sont bâtis au campement ECOnomad. L'extérieur est décoré de planches méticuleusement disposées, l'intérieur arrangé avec du bois composite de haute qualité. La laine de mouton fournit une isolation naturelle et les matériaux pour l'ameublement et les rangements intérieurs sont tout autant respectueux de l'environnement.
Chaque conteneur mesure six mètres sur trois, et l'unité complète peut être transportée en camion ou bateau, prête à être assemblée selon une grande variété d'agencements.
La disposition du campement ECOnomad prévoit une diversité de logements (un module quatre lits sans plomberie, un autre de deux lits avec plomberie, un lit double sans plomberie, un autre avec plomberie, etc). La structure du campement inclut des plans pour une aire de repas entière avec cuisine, toilette et douche, ainsi qu'une infirmerie.
L'électricité est fournie par des panneaux solaires installés sur les toits ou un générateur fonctionnant au biodiesel. Les eaux usées sont collectées dans des cuves spécifiques qui, lorsqu'elles sont pleines, sont vidées dans des endroits dédiés.
L'implication de la communauté locale est d'une importance déterminante pour les créateurs du projet ECOnomad. «Notre but pour ces camps est de mobiliser les potentiels humain et économique, promouvoir le développement local, l'artisanat, le commerce, les services et l'approvisionnement des villages alentours en produits et en nourriture», explique l'architecte Ivo Otašević.
Étant donné que ce sont des structures temporaires, pour lesquelles aucun permis de construire n'est requis, le tout ne nécessite que peu de «paperasse'» ce qui rend le processus administratif simple. Un investissement peu onéreux, une fabrication rapide et la possibilité de s'installer sur des sites variés sont autant d'atouts pour le projet. Le champ d'investissement peut facilement être échelonné en augmentant ou réduisant la capacité de production des modules, selon la demande.
La communauté nomade est-elle une des réponses possibles à la crise écologique actuelle? Le projet ECOnomad l'espère et vise à contribuer à la création d'un monde dans lequel l'organisation de la maison et de la vie serait plus simple et plus juste.
Des hommes préhistoriques à aujourd'hui, il existe un réseau imaginaire qui lie tous les êtres humains de la planète en faisant fi de leurs différences. C'est le toit au-dessus de leur tête, ce lieu qui les abrite des éléments hostiles, qui les garde au chaud, où ils résident, que ce soit momentanément ou pour la vie.«Où et comment vivons-nous?» La question se pose à nouveau....