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Culture

L’échappée Baden Baden à Zahlé

Avant d'attaquer la scène des Thermes romains hier soir, le groupe français s'est produit à Zahlé.

Dans ce décor qui semble suspendu entre les montagnes environnantes, les premières notes épurées de Baden Baden s’envolent. Photos D.C.

Leurs dégaines ont des allures d'insoumis des pavés parisiens : jeans shorts déchirés, lunettes à la John Lennon et cheveux ébouriffés, laissant entrevoir la poésie du Gavroche d'Hugo, revisitée. Embarquer aux cotés de cet équipage, c'est goûter à la complicité qui unit les membres du groupe Baden Baden et à cette étrange alchimie qui s'en dégage. Des rires, sans arrêt. Des visages complices, des sourires hilares et des sous6entendus qui s'échappent, s'écrasent et atterrissent aux quatre coins du véhicule qui les emmène vers Zahlé: Éric (chant), Julien (guitare), Gabriel (batterie) et le reste de la bande, Jérôme, Camille, s'amusent de tout, s'effritent, s'agrippent, renchérissent encore. « Vas- y, t'es de la génération Skyrock ! » lance l'un d'entre eux entre deux plaisanteries. Ils débarquent d'Égypte, s'envoleront ensuite pour Istanbul. D'ordinaire réservé, Julien, surnommé Lardon par le reste de la bande, balance: « Les taxis au Caire, c'est des fous, j'ai cru que j'allais mourir ! ... Ils ont l'air de bien vivre avec leur folie, mais c'est un chaos total. » Beyrouth, alors ? « C'est vachement plus calme ! »

« La musique, ça marche bien quand ca attrape »
Une frivolité affichée qui contraste avec leur musique, un brin mystérieuse, dubitative et inspirée. Elle se reflète dans le regard bleu d'Éric, le chanteur et compositeur du groupe. « Les choses les plus belles et qui nous touchent le plus sont les choses les plus tristes. Et pourtant, nous ne sommes pas des gens malheureux ! » Il poursuit: « Julien et moi, nous ne sommes pas très extravertis. » Certains y voient de la tristesse ou de la joie ; eux la définissent comme une « mélancolie joyeuse », un langage abstrait et imagé qui traduit le côté nostalgique de leur musique, qui se balance sur des notes mineures. « Pour moi, elles ne sont pas négatives. » Éric poursuit: « J'aime bien laisser un sens très ouvert et ne pas imposer une vision arrêtée des choses. » Avant tout, ne pas rester tiède, « être au pied du mur et exacerber les sentiments ». À la racine ? S'émouvoir les uns les autres.
Le dernier album de Baden Baden, Mille Éclairs (2015), se démarque du précédent, Coline (2012), car écrit uniquement, cette fois, dans sa langue maternelle. Un choix assumé, comme l'explique Éric: « Le texte en français a plus de densité et de sens : le résultat paraissait plus intéressant et plus personnel ». Difficile pour un groupe de trouver une constante inspiration après 8 ans d'existence. « Ce n'est pas évident, il faut réussir à se surprendre », avance Julien. « Quand tu composes, il y a toujours un moment de lassitude: il faut se réinventer, retrouver l'excitation. » Avant tout, ne pas être dans l'imitation, une tentation constante. Il confie: « Éric a été l'élément moteur: je ne serais jamais allé aussi loin si je n'avais pas rencontré ce mec-là. »
La vie du groupe est aussi dense que sa musique. « L'aspect humain est très important », note Julien. « Il y a un côté très familial, qui va au-delà du côté professionnel. On partage l'intimité des gens, ça crée des liens. ».= De ce groupe « éphémère » comme l'avait d'abord imaginé le musicien, chacun s'est trouvé son propre équilibre. « Éric est architecte, moi j'ai monté une boîte de covoiturage de colis. » Mais la musique demeure: « C'est quelque chose qu'on cherche à préserver dans nos vies. »
Une mélancolie bleutée flotte entre les terrasses aériennes de l'hôtel Monte Alberto où ils se sont produits à Zahlé. Dans ce décor qui semble suspendu entre les montagnes environnantes, de premières notes épurées s'envolent. « J'ai plongé dans le bruit pour oublier tout cela », dit la chanson. Autour d'Éric le chanteur, les silhouettes du groupe se meuvent au gré du rythme, regards abandonnés, en sueur. Il s'accroche à son micro, dans une tentative ultime d'exprimer ce qu'il a sur le cœur. De l'élégance sobre de la musique se dégage une grâce à la fois lointaine et familière. Puis, dans un geste d'accomplissement, Éric brandit son instrument : au-dessus de sa tête, les cordes vibrent encore...

Leurs dégaines ont des allures d'insoumis des pavés parisiens : jeans shorts déchirés, lunettes à la John Lennon et cheveux ébouriffés, laissant entrevoir la poésie du Gavroche d'Hugo, revisitée. Embarquer aux cotés de cet équipage, c'est goûter à la complicité qui unit les membres du groupe Baden Baden et à cette étrange alchimie qui s'en dégage. Des rires, sans arrêt. Des...

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