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Liban - Par Karim MROUÉ, écrivain de gauche

Les quatre questions centrales de Georges Haoui

Dès la fin de la guerre libanaise, Georges Haoui a entrepris une ouverture en direction du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, et le camp chrétien, en général.

La commémoration du dixième anniversaire du martyre de Georges Haoui et d'une partie de la fine fleur de nos intellectuels et responsables politiques, tombés à la suite de l'assassinat du président Rafic Hariri, intervient alors que le pays va de mal en pire et que les dangers s'aggravent, aussi bien en ce qui concerne le présent que l'avenir. L'un des principaux dangers qui nous menacent est la paralysie qui frappe le pays et qui atteint les institutions de l'État ainsi que les services en rapport avec la vie quotidienne, sans compter le vide à la présidence de la République depuis plus d'un an. Cette vacance présidentielle constitue le principal danger qui plane sur le présent et l'avenir du pays. À ces dangers potentiels qui nous menacent s'ajoute le terrorisme qui nous vient de Syrie et de toutes parts.
Mais en ravivant dans ma mémoire le souvenir de Georges Haoui, et en rappelant le drame enduré par le pays, je voudrais m'arrêter sur les derniers instants de la vie de Georges Haoui, mon compagnon de lutte. Je voudrais remettre l'accent sur ce que j'avais relevé dans l'article que j'avais publié après son martyre dans le Nahar, le Safir et le Hayat, sous le titre « Le dernier repas avec Georges Haoui ». Il m'avait convié à ce dernier repas, la veille de son martyre, avec notre ami commun Samir Mrad, afin de nous entretenir de ce dont il rêvait et pour lequel il œuvrait, avec un espoir qui était plus proche d'une chimère, à cette époque fort complexe.
Je ne rentrerai pas dans les détails de ce que nous a dit Georges lors de ce dîner, et qui est apparu comme un testament. Je me contenterais d'évoquer uniquement certaines questions qu'il considérait comme étant primordiales pour le Liban et les Libanais. La première de ces questions est celle de la nouvelle gauche dont il rêvait, pour compenser la situation à laquelle étaient parvenus le Parti communiste libanais – son parti de base – ainsi que le Mouvement de la Gauche démocratique et d'autres mouvements gauchistes similaires qui étaient devenus marginaux. Il était devenu nécessaire de créer un substitut gauchiste qui soit compatible avec la réalité du Liban et de la société libanaise et avec les circonstances apparues après l'assassinat du président Rafic Hariri à l'ombre de la tutelle syrienne. La proposition-testament que Georges nous avait présentée portait sur la formation d'un mouvement qui aurait pour appellation « le rassemblement national démocratique ».
La deuxième question considérée par Georges comme primordiale se rapportait à l'alliance qui sera connue par la suite sous le nom de l'alliance du 14 Mars. Celle-ci prônait une révolution en vue de la liberté et de l'indépendance, et elle avait abouti au retrait des forces syriennes du Liban. Le souci de Georges était de faire en sorte que cette alliance soit, par son comportement et ses positions politiques, fidèle aux slogans de liberté et d'indépendance, de manière à ne pas remettre en cause ces objectifs pour des buts et des intérêts privés ou publics.
La troisième question concerne la position du Liban dans le monde arabe en tant que composante de cette partie du monde, chacun d'entre nous devant œuvrer dans son pays afin de réaliser une réforme démocratique susceptible de libérer nos pays des régimes oppressifs et des catastrophes auxquelles ces derniers nous ont conduits. Georges s'arrêtait sur le cas de la Syrie, en particulier, estimant que seuls les Syriens devaient libérer leur pays du régime d'oppression. Il considérait que nous, leurs frères libanais, nous devions nous solidariser avec eux sans pour autant nous immiscer dans leur lutte, en nous contentant de leur prodiguer des conseils, le cas échéant, en leur laissant la latitude de choisir, seuls, les moyens qu'ils jugent adéquats pour réaliser la réforme et le changement, par les voies démocratiques ou par le biais de la révolution.
La quatrième question centrale portait, de l'avis de Georges, sur le suivi et la compréhension des transformations dont le monde était le théâtre. Il estimait que ces bouleversements n'étaient pas, tous, négatifs. Parallèlement au facteur négatif représenté par le capitalisme sauvage mondialisé, il existait des transformations positives pour l'humanité, à condition que les responsables dans nos pays et dans le monde sachent tirer profit de ces aspects positifs pour le bien de l'humanité. Georges évoquait à ce propos les gigantesques découvertes scientifiques dans tous les domaines.
Telles étaient les idées et les préoccupations de Georges en cette soirée qui a précédé son martyre. Georges avait la conviction qu'il serait le partenaire de ses amis et camarades des forces de la gauche ainsi que des nationaux et des démocrates dans la lutte pour la réalisation de telles aspirations. Cet homme avait mené la lutte dès son plus jeune âge, avec courage et une grande confiance en soi. Son courage, sa confiance en soi, et sa foi dans la justesse des causes pour lesquelles il luttait l'ont conduit à occuper le poste de secrétaire général du Parti communiste libanais et à devenir le principal partenaire de Kamal Joumblatt au niveau du directoire du Mouvement national libanais.
En tant que camarade et compagnon de lutte de Georges Haoui dans l'action politique depuis le milieu des années 50 du siècle dernier jusqu'à son martyre, je peux témoigner du fait qu'il fut une personnalité politique notoire, non seulement au Liban et dans le monde arabe, mais également à l'échelle internationale, aussi bien dans les pays socialistes que capitalistes. Il reste qu'à l'instar de tous les grands comme lui, il commettait des erreurs et rectifiait parfois le tir. Par la force de ses aspirations, la lecture qu'il faisait des événements reposait sur certaines illusions. J'ai la conviction que s'il était resté en vie, il aurait joué un rôle primordial, compatible avec sa position et son expérience politique, du fait du réalisme dont il faisait preuve et de ses relations avec les diverses forces politiques du 14 et du 8 Mars. C'est peut-être en raison de ce rôle qu'il aurait pu jouer qu'il a été assassiné, à l'instar, avant lui, de Samir Kassir, et, après lui, de moult intellectuels et responsables politiques de haut rang.
Dix ans sont passés depuis le martyre de Georges Haoui, mais la vérité au sujet de cet assassinat n'a pas encore été dévoilée, à l'instar des autres assassinats qui ont précédé ou suivi son martyre. Nous continuerons à attendre que la vérité soit faite. Telle est la mission du tribunal international. Nous avons la conviction que cette vérité apparaîtra au grand jour, tôt ou tard. Dans l'attente, Georges Haoui reste dans notre mémoire et dans notre conscience.

La commémoration du dixième anniversaire du martyre de Georges Haoui et d'une partie de la fine fleur de nos intellectuels et responsables politiques, tombés à la suite de l'assassinat du président Rafic Hariri, intervient alors que le pays va de mal en pire et que les dangers s'aggravent, aussi bien en ce qui concerne le présent que l'avenir. L'un des principaux dangers qui nous menacent...

commentaires (1)

Chaque cycle de cette Printanière porta la marque de la "Défaite". Mais ce n’est pas la Sainte Cédraie qui succomba, mais les traditionnels bêtes appendices qui parasitent : illusions et idées "Malsaines" dont ce Printemps n'est pas encore dégagé, et dont il ne peut être affranchi par ses illusoires victoires mais seul par une série de défaites. Ce n'est donc point par ses conquêtes prématurité que ce vrai Cycle Printanier se frayera la voie ! Au contraire, c'est en faisant surgir une Réaction compacte, en se créant un gros adversaire clair et net à sa hauteur et en le combattant sur le terrain que cette Saine Printanière deviendra une Révolution Claire et Culturelle ! Dans ce corps à corps entre l’ogre qui sort ses cornes et ce Cycle Printanier Syro-libanais, le premier aura entre ses griffes tous les postes décisifs et tous les "coiniques" Minoritaires sectaires et fanatiques ; dans le moment même où ces deux Printanières déferlent sur cette Fertile Contrée et où chaque Saine nouvelle apportera un New bulletin Printanier et ce, même du fin fond Per(s)cé ou des confins de l'aride Arabie. Entretenant l'ivresse des Saines Populations Arabes éhhh libanaises et syriennes, et non des autres Minoritaires et Sectaires : donnant aux Arabes éhhh et Vrais les témoignages d'une Victoire qu'ils avaient déjà crue consommée ! Ce qui se déroule en fait n’est qu’une Bataille, certes essentielle, mais non encore la Véritable Guerre…. décisive elle.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

22 h 13, le 22 juin 2015

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Commentaires (1)

  • Chaque cycle de cette Printanière porta la marque de la "Défaite". Mais ce n’est pas la Sainte Cédraie qui succomba, mais les traditionnels bêtes appendices qui parasitent : illusions et idées "Malsaines" dont ce Printemps n'est pas encore dégagé, et dont il ne peut être affranchi par ses illusoires victoires mais seul par une série de défaites. Ce n'est donc point par ses conquêtes prématurité que ce vrai Cycle Printanier se frayera la voie ! Au contraire, c'est en faisant surgir une Réaction compacte, en se créant un gros adversaire clair et net à sa hauteur et en le combattant sur le terrain que cette Saine Printanière deviendra une Révolution Claire et Culturelle ! Dans ce corps à corps entre l’ogre qui sort ses cornes et ce Cycle Printanier Syro-libanais, le premier aura entre ses griffes tous les postes décisifs et tous les "coiniques" Minoritaires sectaires et fanatiques ; dans le moment même où ces deux Printanières déferlent sur cette Fertile Contrée et où chaque Saine nouvelle apportera un New bulletin Printanier et ce, même du fin fond Per(s)cé ou des confins de l'aride Arabie. Entretenant l'ivresse des Saines Populations Arabes éhhh libanaises et syriennes, et non des autres Minoritaires et Sectaires : donnant aux Arabes éhhh et Vrais les témoignages d'une Victoire qu'ils avaient déjà crue consommée ! Ce qui se déroule en fait n’est qu’une Bataille, certes essentielle, mais non encore la Véritable Guerre…. décisive elle.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    22 h 13, le 22 juin 2015

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