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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Déjà survoltés par la présidentielle, les Américains super à cran après la tuerie d’Orlando

Jim Young/Reuters

« Dans ce genre de tragédies, les auteurs sont presque toujours des fils d'émigré, devenus une cible de choix des associations fanatiques », assène le patron d'un restaurant huppé de Washington.
Otages (in)volontaires d'une campagne présidentielle inédite et survoltée, écartelés entre un trumpisme grossier et leur conviction d'appartenir à une nation ultramétissée, les Américains se retrouvent particulièrement à cran après le massacre d'Orlando, perpétré samedi par un Américain d'origine afghane contre une boîte gay, tuant 49 personnes et blessant 53 autres.

Dans tous le pays, les vigiles sont partout ; les drapeaux en berne ; les discussions enflammées sont légion ; les retrouvailles dans des lieux symboliques et autour de la communauté LBGT se multiplient, et les déclarations aux médias se suivent à un rythme frénétique. Au cœur des débats, une problématique qui ressemble de plus en plus à un serpent qui se mord la queue : est-ce l'immigration et l'islamisme qui sont en cause, ou bien la vente d'armes, totalement libre et décomplexée aux États-Unis ? Sans oublier la question de l'homosexualité, qui continue de diviser plus que jamais les Américains...

Dimanche dernier, au lendemain du massacre, se tenait la soirée annuelle des Tony Awards. Le show a naturellement été interrompu le temps d'honorer les victimes. Fait notable : les interprètes de l'actuel grand hit de Broadway, Hamilton, qui a raflé tous les prix et dont le siège se dispute à mille dollars, sont apparus sur scène sans leurs mousquets, accessoire pourtant essentiel de leurs costumes. Les comédiens ont tenu à rendre publique leur adhésion à la doctrine démocrate du contrôle des armes. Plus encore : plusieurs troupes qui tournent actuellement le monde avec un spectacle mythique, Les Misérables, ont reçu l'ordre de leur producteur de New York de supprimer la scène où l'on voit deux hommes s'embrasser. Quant à Dan Savage, écrivain et avocat de renom de la communauté LGBT, il a rappelé d'une façon tonitruante à un Donald Trump plus belliqueux et xénophobe que jamais que des musulmans font déjà partie de cette communauté.
« Souvent, peu de temps après de tels drames, les Américains reviennent à leur vie quotidienne », souligne un sociologue membre d'un think tank réputé. « Cela ne veut pas dire qu'ils occultent totalement ce qui s'est passé », précise-t-il, laissant entendre que l'instinct de survie de ses compatriotes reste plus fort que tout.

(Lire aussi : L'Amérique face au miroir d'Orlando)

 

La grande question
Combien de temps faudra-t-il à Orlando pour panser ses plaies ? Orlando qui a toujours scintillé de tous les feux de ses restaurants, de ses night-clubs et de ses boutiques haut de gamme, et où la communauté gay y vivait, heureuse, à 100 à l'heure, « surfant sur le sommet de la vague », selon les termes de l'un de ses membres...
Dans ce paradis touristique de la Floride, de nombreuses communautés cohabitent, dont la musulmane, estimée à 27 939 personnes – un chiffre qui a décuplé durant la dernière décennie. Omar Mateen, 29 ans et fils d'émigrés afghans, vivait dans le comté de Sainte Lucie, à 200 kilomètres du Pulse, où il a abattu samedi dernier 49 personnes et blessé 53. Cette boîte gay, qu'il aurait visitée plus d'une douzaine de fois à en croire son ancienne épouse, Sitora Yussoufi. On ne sait pas s'il avait été faire un repérage des lieux ou s'il avait des tendances homosexuelles – son ex-femme a avoué qu'il l'a d'ailleurs souvent violentée. On ne sait pas non plus si le terroriste présumé était dérangé mentalement – une conclusion faite rapidement dans ce genre de massacres. Ce qui gonfle les doutes, c'est que Omar Mateen a appelé la police à plusieurs reprises, sur le 911, pour dire : « J'aime l'Amérique, mais je dois tuer quelques gays... »


(Lire aussi : Orlando : quelles conséquences pour la cause homosexuelle aux États-Unis ?)

 

Reste cette grande question : comment le tueur d'Orlando a-t-il pu acquérir tout un arsenal et pénétrer dans une boîte de nuit avec un fusil d'assaut tel que le MCX, destiné aux opérations des forces spéciales – même si cette arme, d'un peu plus d'un mètre de long, peut se plier et se déplier ? Surtout, comme l'a rappelé Hillary Clinton, qu'il est « impossible de pénétrer dans un avion avec une bouteille de shampoing »...
Le FBI est en train de mener des investigations tous azimuts pour tenter de séparer le bon grain de l'ivraie, les éléments valables de ceux sans consistance. Avant-hier mardi, est ainsi entrée en jeu l'actuelle épouse de Mateen, Nour, qui a déclaré à la police qu'elle avait tenté de dissuader son mari de ne pas commettre son acte de mort. Ce qui, selon procureur, mènera à son inculpation en tant que complice dans la tuerie. Pour le sénateur Angus King, membre du Conseil des renseignements du Sénat, « il semble qu'elle ait eu connaissance de ce qui s'est passé et elle est en train de coopérer avec les autorités. Elle peut fournir des renseignements importants ».

En attendant, il reste évident que « ce ne sera pas, hélas, le dernier massacre, malgré le gigantesque travail du FBI, car il s'agit de chercher une aiguille dans une botte de foin », précise un analyste de Washington. Qui rappelle en outre que selon plusieurs rumeurs, Omar Mateen aurait récemment visité l'Arabie saoudite. Ce qui a peut-être poussé le président américain, selon des informations non confirmées, à prendre son temps pour recevoir le prince Mohammad ben Salmane, vice-prince héritier et homme fort de Riyad.

 

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