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Liban - Professions libérales

Raymond Sayegh élu d’office à la tête de l’ordre des médecins

L'aspiration au « renouveau » s'est étendue aux élections de l'ordre des médecins de Beyrouth où seuls 2 216 électeurs sur près de 7 500 praticiens ayant payé leur cotisation (l'ordre de Beyrouth compte plus de 13 000 membres) ont exercé hier leur droit de vote. Nombre d'entre eux ont souligné « la nécessité d'opérer un changement au sein de l'ordre ». Les praticiens devaient élire huit nouveaux membres du conseil d'administration, dont le président de l'ordre, ainsi que sept nouveaux membres pour la caisse de retraite (trois membres) et la mutuelle (quatre membres).

Trois listes étaient en lice. La première, complète, baptisée « Vers un meilleur avenir, dans la dignité », était présidée par le Dr Raymond Sayegh, de l'Hôtel-Dieu, et soutenue essentiellement par le Courant patriotique libre (CPL), les Forces libanaises et le courant du Futur.
La deuxième liste, « L'ordre est aux médecins », était menée par le Dr Kamal Kallab, également de l'Hôtel-Dieu. Se définissant comme une liste à caractère « syndical, non partisan », elle était incomplète. Trois sièges ont en fait été laissés vacants pour que les électeurs « puissent choisir parmi d'autres candidats indépendants, ceux qui vont, aux côtés des membres de la liste, offrir aux médecins une autre option que celle de l'ingérence des politiciens », précisait le Dr Kallab.
La troisième liste, « Les médecins indépendants », également incomplète (sept membres), était menée par le Dr Abdo Frem qui, lui aussi, affirme s'être présenté dans le but de « garder le poste de président de l'ordre à l'abri des ingérences politiques qui n'ont pour effet que de nuire au travail syndical ».

Forte politisation du scrutin
Dès 8 heures, les praticiens ont commencé à affluer à la Maison du médecin pour choisir leur nouveau président de l'ordre. Une agréable ambiance régnait au siège de l'ordre, à Téhouita. « À voir tous ces collègues me saluer et m'exprimer leur soutien, je me sens très populaire », lance sur un ton badin le Dr Naji es-Saghir, oncologue à l'Université américaine de Beyrouth, qui s'était retiré mercredi de la course à la présidence de l'ordre. « J'ai été surpris par l'ingérence des partis politiques dans ces élections, comme par l'ampleur du discours confessionnel, confie-t-il à L'Orient-Le Jour. J'ai alors décidé de me retirer, parce que je ne voulais pas que ces élections prennent un aspect politique et/ou confessionnel, d'autant que j'avais présenté ma candidature dans l'optique de préserver les intérêts des médecins et des patients. En décidant de ne pas poursuivre la course, j'ai marqué un point. Nous devons, au sein de l'ordre, en finir avec la politique et le confessionnalisme. Nous devons agir pour le bien des médecins et des patients. »
Et pourtant, comme à chaque élection à l'ordre des médecins – ou des autres ordres, d'ailleurs – la politique était omniprésente hier. À l'entrée du bâtiment, les tentes dressées par les différents partis politiques étaient en fait imposantes. Il en était de même des machines électorales déployées en force sur le terrain. Un paysage devenu habituel lors des élections dans les ordres et syndicats professionnels. Il n'en reste pas moins que l'atmosphère politique qui a entouré les municipales, dont le quatrième et dernier tour s'est déroulé hier, a déteint plus que d'habitude sur les élections de l'ordre des médecins.

« Le changement »
« Si les partis politiques ne se mêlaient pas des élections, les choses iraient mieux, avance un médecin sous couvert d'anonymat. J'en veux aux directoires des différents partis politiques qui, pour servir leurs intérêts personnels, n'appuient pas les candidatures de médecins qui ont des compétences scientifiques et syndicales à la fois. Et ceux-là sont légion. »
« Nous avons de bons candidats, précise de son côté un autre médecin. À l'ordre, nous avons réellement besoin d'un changement. J'ignore toutefois à quel point un président porté par les factions politiques a la liberté d'agir. »
« Le changement. » Un mot qui ne cessait de revenir dans les discussions des médecins, qui étaient nombreux à afficher, sans aucune gêne, leur contestation à l'égard de la gestion du président sortant de l'ordre, Antoine Boustany. Le Dr Mohammad Khalifé, ancien ministre de la Santé, est l'un d'eux. « La période précédente était marquée par un marasme, observe-t-il. Nous avons été confrontés à moult problèmes qui n'ont pas été gérés de manière adéquate. L'ordre a été par ailleurs confronté à des polémiques avec les médias et les patients, ce qui a gravement nui à l'image de la profession. Il est temps d'opérer des changements. »

Ces changements, le Dr Raymond Sayegh, nouveau président de l'ordre des médecins à Beyrouth élu d'office, promet de les réaliser. Ayant passé haut la main le cap du premier tour du scrutin, le Dr Sayegh – dont la liste a été entièrement élue – a obtenu 1 188 voix contre 633 au Dr Abdo Frem et 593 au Dr Kamal Kallab. Il devait mener dans l'après-midi la bataille pour la présidence de l'ordre contre les docteurs Abdel Amir Fadlallah et Joseph Haddad, déjà membres de l'ordre et donc candidats d'office à la présidence. À l'issue d'une courte réunion avec le Dr Sayegh, ces derniers ont toutefois annoncé leur retrait de la course peu de temps avant le coup d'envoi du deuxième tour du scrutin et, par le fait même, « l'ouverture d'une nouvelle page dans l'histoire de l'ordre ».

 

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