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Culture - Rencontre

La peinture, les couleurs, les lignes... et l’âme de Zohrab

Libanais, arménien, artiste. Du plus profond de ses tripes jaillissent des œuvres, exposées à la galerie Exode.

Zohrab. Photo D.C.

Il vous attend sur le perron, vous accueille un peu comme si cette galerie était son chez lui. Les murs blancs anonymes sont revêtus de ses tableaux, pour l'occasion. Des notes colorées et intenses s'en détachent, faites de visages, de regards et de lumière. Le peintre les a déposées avec passion sur la toile : des formes empreintes de gaieté, remplies d'humanité. Ce ne sont pas vos yeux qui les contemplent. Ce sont elles qui vous regardent !
Du bleu au vert, ces regards opaques vous ramènent à vous-même. Pas seulement ; derrière eux se cache l'artiste, le créateur.
Zohrab Keshishian est un être de mystère, doté d'une sacrée touche d'humour. Sous ses larges montures, il vous regarde sereinement, l'œil aux aguets. Sa barbe immaculée lui donnerait presque l'air d'un « vénérable » monsieur. Mais ses cheveux mi-longs viennent rappeler l'artiste qu'il est. L'interview commence : il va à la rencontre, s'intéresse à la personne que vous êtes.
L'homme se dit à la fois libanais et profondément arménien. Artiste aussi et surtout. Du fond de ses tripes. Il est tombé dans l'art quand il était petit  : à l'âge de 5 ans très exactement. Alep, la Syrie, ce sont les 16 premières années de sa vie, là où il a appris à peindre. «  J'aime la peinture plus que tout. Il y a des couleurs, il y a des lignes... et il y a l'âme.  S'il n'y a pas l'âme, il n'y a plus rien.  » Cet attachement renvoie à celui qu'il éprouve pour l'Arménie. Un an après le centenaire du génocide, son exposition vient raconter cette histoire faite de larmes.
Cette peinture coule dans ses veines. « Le génocide est dans notre sang, comme la peinture est dans mon sang. » Pas de trace sanglante pourtant, ni de visages déchirés. Il y a seulement ces yeux qui vous regardent et transpercent la toile pour vous rejoindre. À travers l'opacité ou la clarté, leurs sentiments viennent à la lumière ; et les larmes. « Waja3 ! » Le mot fuse de sa bouche, avec force : la souffrance. « C'est celle infligée à tout l'Orient. On nous a tous pris. Maintenant le monde entier est en train de souffrir. »
Déjà il revient à ses couleurs et nous invite à lire ses œuvres : « Observez la mère, elle porte un nouveau-né. C'est l'espoir. » La vie, il l'étale, l'écrase et la répand en tache de couleurs sur la toile. Il a mis cette symbolique au cœur de son travail. Turning, turning, turning, le titre de son exposition à la galerie Exode*, évoque ainsi le temps qui passe. Il laisse place aux nouvelles générations. « Regardez cette femme, elle instruit ses enfants : ils sont la 4e génération, renouvelée en 30 ans. » Dieu y est omniprésent : « Ma mère avait l'habitude de me parler chaque jour de la Bible. » Et puis il y a sa défunte sœur, Hasmik-Jasmin. Elle était son soutien, sa muse, la première à découvrir son travail achevé.
Une lueur passe dans ses yeux, éclairant davantage ce halo blanc qui encadre son visage. Micro coupé, il se rapproche. Il n'y a plus que vous et lui. « Je suis sûr que vous voulez savoir ce que veut dire mon nom... » On opine de la tête, intrigué. Son regard se pose sur vous, fièrement : « Rivière de Dieu. »

* Mar Mikhaïl, horaires d'ouverture : de 10h à 20h, jusqu'au 17 mai. Tél. : 01/336464.

Il vous attend sur le perron, vous accueille un peu comme si cette galerie était son chez lui. Les murs blancs anonymes sont revêtus de ses tableaux, pour l'occasion. Des notes colorées et intenses s'en détachent, faites de visages, de regards et de lumière. Le peintre les a déposées avec passion sur la toile : des formes empreintes de gaieté, remplies d'humanité. Ce ne sont pas vos...
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