Le quotidien Le Parisien rapporte, dans son édition de dimanche, que les services américains et français ont démantelé un vaste réseau de blanchiment de l'argent de la drogue de Colombie, "via un système de commerce de montres et de voitures de luxe destinées au Liban". Selon l'enquête, le réseau bénéficiait au Hezbollah. Mais le nom des Hariri est également cité dans l'enquête. La famille Hariri a démenti tout lien avec l'affaire.
"Un an d'enquête, des dizaines d'heures d'écoute ont permis d'aboutir à l'interpellation discrète, en janvier dernier, d'une quinzaine de personnes à travers toute l'Europe, dont sept au moins ont été incarcérées, certains protagonistes étant libérés sous contrôle judiciaire, d'autres faisant l'objet d'un mandat d'arrêt international. Tous sont libanais, ce qui a donc valu son nom à cette opération Cedar, traduction anglaise de "cèdre".
Cette opération est le résultat d'une enquête menée par les policiers français de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), en partenariat avec la DEA, l'agence antidrogue américaine. Des détails sur ce réseau, qui aurait été fondé en 2008, sont livrés par Le Parisien, dans un dossier intitulé "Au cœur de la machine à blanchir des cartels" et signé Nicolas Jacquard.
"Une grande famille libanaise dans la tourmente"
Selon le Parisien, les enquêteurs ont ainsi découvert qu'en arrière-plan le système finançait le Hezbollah. Plus surprenant, le nom des Hariri est également cité dans l'enquête.
Dans les faits rapportés par le Parisien, il s'agirait d'un réseau de blanchiment d'argent provenant d'un trafic de drogue dirigé par des cartels colombiens. L'argent sale, récupéré en Europe par un réseau impliquant des Libanais, est transformé en montres et voitures de luxe à destination du Liban. Le montant des ventes, transformé en argent propre, était ensuite reversé aux cartels colombiens.
"Bien sûr, le service n'était pas gratuit, et chacun prélevait sa dîme au passage, explique le Parisien. Les enquêteurs ont ainsi découvert qu'en arrière-plan, le système finançait le Hezbollah, qui combat aux côtés (du président syrien) Bachar el-Assad".
Et le journal de poursuivre : "Etonnamment, le nom de la famille de Rafic Hariri, que le même Hezbollah est soupçonné d'avoir assassiné, est également avancé par les protagonistes en tant que bénéficiaire de sommes conséquentes".
Selon le Parisien, l'argent passait par un homme présenté comme étant l'avocat de Saad Hariri, dont le nom revient à plusieurs reprises dans l'affaire de l'opération Cedar. L'un des membres du réseau de blanchiment, Ali Z., détenu par les autorités, "confie aux enquêteurs que 100.000 euros ont été livrés à son cabinet à Me Béchara T., un avocat libanais installé à Paris", raconte le Parisien. "Ali Z. affirme : 'C'est l'avocat de Saad Hariri'. Une somme de 30.000 euros avait été déposée à la même adresse le 11 décembre dernier, et le même montant le lendemain", ajoute le quotidien. "Au total, sept millions d'euros ont été remis à l'avocat, au profit de Saad Hariri", confie un autre coursier détenu, Hassan T.
"Ces élites politico-mafieuses"
Répondant à ces informations du Parisien, reprises par le quotidien libanais as-Safir, Saad Hariri affirme dans un communiqué "n'avoir aucun lien professionnel ou personnel" avec Béchara T., et que celui-ci n'est pas son avocat. "Les affirmations des membres détenus du réseau sont donc sans fondement", poursuit M. Hariri.
Le nom de l'ancien Premier ministre n'est pas le seul à figurer dans l'affaire. Le Parisien affirme que celui de son frère Fahd, le plus jeune des Hariri, apparaît également dans les relevés téléphoniques de certains membres du réseau. Contactée par le quotidien français, la famille Hariri dément fermement ces informations. Fahd précise au journal "n'être ni de loin ni de près impliqué dans une quelconque affaire de ce type".
Pour comprendre le lien entre la famille Hariri et le Hezbollah, le Parisien a interrogé un universitaire libanais, resté anonyme : "On peut (...) imaginer que ces élites politico-mafieuses fassent des affaires entre elles". Une source proche du dossier affirme toutefois au Parisien : "Si les Hariri ont bien touché ces fonds, pour une raison ou pour une autre, je n'imagine pas qu'ils aient eu connaissance de leur provenance".
Le Parisien précise que pour l'instant, "ni l'avocat (Béchara T.), ni la famille Hariri n'ont été mis en cause par la justice".
Lire l'intégralité du dossier dans Le Parisien ici
ENFIN 14 ET 8 Mars ont le blanchiment d'argent en commun . Applaudissons .
22 h 02, le 25 avril 2016