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À La Une - Brésil

Sonnée, Dilma Rousseff prépare la 2e manche, au Sénat

Dimanche soir, au Parlement brésilien, l'impeachment l'a emporté par 367 voix, 25 de plus que les 342 requises (deux tiers).

A Sao Paolo, un masque représentant le visage de Dilma Roussef, git sur le trottoir, après un vote des députés pour une destitution de la présidente par le Sénat à une écrasante majorité. REUTERS/Nacho Doce

La présidente brésilienne Dilma Rousseff devrait s'exprimer lundi au lendemain de la gifle infligée par les députés, qui ont ouvert la voie à sa destitution par le Sénat à une écrasante majorité, au terme d'un vote historique.
Quelques heures après ce violent revers, l'impopulaire dirigeante de gauche de 68 ans, dont le mandat ne tient désormais plus qu'à un fil, commencera aussi sa recherche de soutiens au Sénat, où se déroulera la seconde manche de ce combat.

La large victoire du "oui" à l'impeachment, dimanche, avec 367 voix pour, soit 25 de plus que les 342 requises (deux tiers des députés), devrait être reçue avec enthousiasme par les marchés, favorables depuis longtemps à une sortie de Mme Rousseff.
Elle faisait la Une lundi de tous les journaux du pays : "Impeachment!", s'exclamait simplement Folha de Sao Paulo, tandis que O Globo titrait "Proche de la fin", ajoutant que "Dilma Rousseff a commencé hier (dimanche, ndlr) à dire au revoir à son fauteuil de présidente du Brésil".

En cas de destitution, c'est le vice-président Michel Temer, 75 ans, son ex-allié centriste et désormais rival, qui assumerait ses fonctions et formerait un gouvernement de transition, jusqu'aux élections générales de 2018.
Homme d'appareil discret, Temer est presque tout aussi impopulaire que Mme Rousseff. Son grand parti centriste, le PMDB, est éclaboussé au plus haut niveau par le scandale de corruption Petrobras. Son propre nom a été cité par plusieurs inculpés.

(Lire aussi : Michel Temer, le vice-président brésilien d'origine libanaise, a vu sonner son heure)

 

Le Sénat, acteur-clé
Lundi, le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, ennemi juré de Dilma Rousseff et lui-même inculpé de corruption, transmettra au Sénat - "en personne, si c'est nécessaire" - la décision historique des députés. Cette dernière, prise dans une ambiance survoltée et retransmise en direct par toutes les télévisions du pays, a également été suivie par des dizaines de milliers de manifestants des deux camps, à Brasilia, Sao Paulo et Rio de Janeiro, dans un pays de plus de 200 millions d'habitants divisé par des mois d'âpres affrontements.

"Le pays connaît de grandes difficultés, la présidente a perdu les conditions pour gouverner depuis longtemps déjà (...). Nous devons résoudre cette situation le plus vite possible, le Sénat doit agir rapidement", a estimé M. Cunha devant les journalistes.
Les sénateurs tiennent la clé du processus : il leur suffira de voter, en mai, à la majorité simple pour mettre en accusation la présidente pour "crime de responsabilité" et l'écarter du pouvoir pendant une période au maximum de 180 jours.
Puis ce sont aussi eux qui donneront le verdict final sur sa destitution par un vote aux deux tiers.

Accusée de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et en 2015 pour masquer l'ampleur de la crise économique, Mme Rousseff nie avoir commis un crime dit "de responsabilité".
Avant le vote de dimanche, elle avait annoncé qu'elle "lutterait jusqu'à la dernière minute de la seconde mi-temps".

"Vote scandaleux"
Ancienne guérillera torturée sous la dictature, l'héritière politique de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) est entrée dans l'histoire en 2011, en devenant la première femme présidente du Brésil.
Elle risque d'y rejoindre Fernando Collor de Mello, seul président brésilien à avoir été destitué, pour corruption, en 1992.
"Ce vote scandaleux ne va pas l'abattre", a assuré dimanche soir son défenseur, l'avocat général de l'Etat, José Eduardo Cardozo.
Les députés de droite et de centre droit ont promis dimanche de "nettoyer le pays de la corruption", d'en finir avec "ce gouvernement incompétent qui a conduit le Brésil à la ruine".

Mais la bataille n'est pas encore finie, préviennent les analystes, soulignant la personnalité du président du Sénat, le centriste Renan Calheiros.
"La procédure sort des mains de Cunha et passe à celles de Calheiros, un autre acteur qui est autonome vis-à-vis de Temer et un peu plus proche de Dilma que Cunha", explique à l'AFP Diego Wernck, spécialiste en droit public de l'université FGV.

M. Calheiros a promis ces derniers jours de mener "avec responsabilité et indépendance" l'examen par la chambre haute de la procédure de destitution.
Mais "il est difficile que le Sénat aille à l'encontre de la décision des députés", prévient l'analyste politique André César.
La dernière projection de votes publiée par le journal O Estado de Sao Paulo n'est guère encourageante : le quotidien prévoit que 45 sénateurs voteront pour l'impeachment, et seulement 21 contre.

 

 

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