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Économie - Liban - Investissements

Un œil sur Tripoli, l’autre sur la Syrie

Les investisseurs se pressent de plus en plus vers la deuxième ville du Liban, qui devrait jouer un rôle de plaque tournante pour la reconstruction de la Syrie.

Tripoli et son port semblent en première ligne pour participer à la reconstruction syrienne. Photo Thomas Hage Boutros

Depuis fin mars, la deuxième ville économique du pays semble avoir été prise d'assaut par une succession de diplomates et de représentants d'organisations internationales venus y explorer les opportunités d'investissement. La Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Tripoli (CCIAT) a ainsi rencontré en quelques jours les ambassadeurs de Suisse, François Barras, d'Espagne, Milagros Hernando Echevarria, du Brésil, Georges Geraldo al-Kadiri, ainsi que le Premier ministre maltais, Joseph Moscato, tous accompagnés de délégations d'hommes d'affaires. « Les investisseurs commencent à comprendre que Tripoli n'est plus une zone de conflit et veulent participer au développement du Liban-Nord », confie le président de la CCIAT, Toufic Dabboussi.

Positionnement stratégique

Mais au-delà de la deuxième ville du Liban, c'est bien la Syrie qui apparaît en ligne de mire, comme le confirme le chef de projet à la Banque mondiale (BM) pour le Machreq, Peter Mousley, dont les équipes se sont entretenues le 7 avril avec M. Dabboussi pour « dresser un état des lieux de l'industrie du bâtiment dans la région et évaluer son rôle potentiel dans la reconstruction syrienne », résume-t-il auprès de L'Orient-Le Jour. Avec son positionnement « stratégique » et sa proximité avec la frontière syrienne (28 km), Tripoli semble bien placée pour participer à une reconstruction qui devrait coûter près de 180 milliards de dollars (sur dix ans), comme l'a indiqué jeudi le président de la BM Jim Yong Kim. Dans son dernier rapport sur l'économie de la zone Mena publié mercredi et dont une importante partie est consacrée à la reconstruction syrienne, la BM rappelle que le montant des dégâts provoqués par le conflit syrien de 2011 à mi-2014 est estimé à près de 80 milliards de dollars.

(Lire aussi : Port de Tripoli : la mise en service du nouveau quai encore retardée)

« Tout le monde s'empresse de se positionner sur ce marché, même s'il est encore trop tôt pour miser sur une paix durable en Syrie », commente de son côté le président de l'Union méditerranéenne des confédérations d'entreprises (BusinessMed), Jacques Sarraf, en visite à la CCIAT vendredi dernier. Parmi les chantiers potentiels, la BM relève notamment le renouvellement des infrastructures – le rationnement en électricité a par exemple atteint 21 heures dans certaines régions du réseau électrique, décrit le rapport – et la construction de nouveaux logements – selon une enquête de la direction turque de gestion des catastrophes et situations d'urgence (Afad) citée par la BM, « 50 % des ménages syriens interrogés ont affirmé savoir que leur logement avait été détruit. »

La main-d'œuvre locale

Tout en appelant à la prudence face aux incertitudes de la situation politico-sécuritaire au niveau régional et dont dépend notamment la résolution définitive du conflit syrien, les experts de la BM envisagent la reconstruction comme un moyen d'encourager le processus de paix et insistent sur ses effets positifs pour les économies syrienne et libanaise. Pour les auteurs du rapport, le Liban ne pourrait ainsi pas faire mieux que 2,5 % de croissance annuelle d'ici à 2018 – dans la conjoncture actuelle marquée par « un contexte de crise économique et de paralysie des institutions » – à moins d'un démarrage rapide de la reconstruction en Syrie. Côté syrien, cette dernière marquerait le point de départ d'une reprise de l'activité qui devrait enchaîner en 2016 sa sixième année de récession – -8 % en 2016 après un pic à -19 % en 2015 – depuis le début du conflit.

(Pour mémoire : Le Liban va se doter de trois nouvelles zones industrielles)

Dans ce contexte, Tripoli peut compter sur plusieurs atouts pour convaincre les investisseurs d'utiliser la ville comme poste avancé. « Outre son intérêt pour la proximité géographique de la ville avec la Syrie, sa démographie et son port, la BM lorgne par exemple sur la disponibilité de la main-d'œuvre locale, qualifiée et bon marché », précise M. Dabboussi. La zone économique spéciale (ZES) actuellement en travaux dans la zone portuaire de Tripoli-Mina – un espace de 550 000 m² sur lequel les investisseurs pourront à terme bénéficier de mesures d'incitation fiscale – fait partie des priorités de l'organisation. « Nous collaborons actuellement avec l'autorité de la Zone économique spéciale (ZES) de Tripoli, afin d'en orienter le développement au regard des besoins du marché », expose M. Mousley avant de préciser qu'aucun montant ou poste d'investissement n'a encore été fixé.
Enfin, « la BM envisage également de participer à la réhabilitation de la ligne de chemin de fer reliant la ville à la frontière syrienne, qui est actuellement étudiée par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) », conclut-il.




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commentaires (1)

Et tout ça, bien sûr sous l'oeil bienveillant du héros de la résistance Bashar que 5 ans et quelques mois de complot n'auront pas réussit à déloger. Il y a vraiment de quoi rire , ou pardon pleurer pour certains huluberlus. Et très fort s'il vous plaît. Hahahahah...

FRIK-A-FRAK

12 h 01, le 18 avril 2016

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Commentaires (1)

  • Et tout ça, bien sûr sous l'oeil bienveillant du héros de la résistance Bashar que 5 ans et quelques mois de complot n'auront pas réussit à déloger. Il y a vraiment de quoi rire , ou pardon pleurer pour certains huluberlus. Et très fort s'il vous plaît. Hahahahah...

    FRIK-A-FRAK

    12 h 01, le 18 avril 2016

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