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Moyen Orient et Monde - Syrie

À Genève, l’opposition donne des signes de bonne volonté

Plus de 30 000 civils ont fui en 48 heures les combats opposant l'EI aux rebelles dans la province d'Alep.

L’ouverture de la session de pourparlers entre la délégation de Bachar el-Assad et l’envoyé spécial de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, hier, à Genève. Fabrice Coffrini/AFP

L'opposition syrienne a déclaré hier à Genève qu'elle était prête à former un gouvernement de transition avec des diplomates et des technocrates du régime de Damas, mais pas avec ceux « qui ont commis des crimes ».
« Nous ne pouvons pas accepter la participation dans le (futur) organe de transition de responsables qui ont commis des crimes contre le peuple syrien », a déclaré à l'AFP Salem al-Meslet, porte-parole du Haut Comité des négociations (HCN), qui regroupe les principales factions opposées à Damas. « Mais il y a beaucoup de diplomates et de technocrates (...) et des personnalités indépendantes en Syrie » qui peuvent en faire partie, a-t-il ajouté.
Dans sa résolution 2254, l'Onu prévoit la formation d'ici à l'automne d'un organe gouvernemental de transition et la rédaction d'une nouvelle Constitution, avant l'organisation d'élections présidentielle et législatives courant 2017.

M. Meslet, qui participe avec la délégation du HCN aux discussions intersyriennes de Genève sous l'égide de l'Onu, a souligné que « le peuple syrien devra nous autoriser à choisir les noms des membres » de cet organe. « (Le président) Bachar el-Assad ou quiconque a commis des crimes contre le peuple syrien ne pourra pas y participer », a-t-il martelé.
Le sort du président syrien est la question principale qui sépare l'opposition et le régime. Damas se dit prêt à envisager un gouvernement de coalition avec l'opposition, mais considère que le sort du président est une « ligne rouge » à ne pas dépasser.
Selon M. Meslet, les noms jugés acceptables par l'opposition n'ont pas encore été discutés. « La distribution des sièges au sein de l'organe de transition fera l'objet d'un long débat et il est encore prématuré d'en parler », a-t-il ajouté.De son côté, la délégation du président syrien est arrivée hier à Genève et son chef s'est entretenu avec l'émissaire de l'Onu Staffan de Mistura.

Violations
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'État américain John Kerry a demandé hier à son homologue russe Sergueï Lavrov de faire en sorte que les forces de Damas, alliées de Moscou, respectent le cessez-le-feu en vigueur en Syrie depuis fin février mais de plus en plus fragile, a indiqué le département d'Etat. Le ministre américain a parlé au chef de la diplomatie russe par téléphone pour lui faire part des « profondes inquiétudes » de Washington face aux « menaces » qui pèsent sur « la cessation des hostilités » et « le besoin pressant que le régime de (Bachar el-) Assad mette fin aux violations » de ce cessez-le-feu, a rendu compte le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby.

Sur le terrain, de violents combats, impliquant tous les protagonistes de la guerre en Syrie, ont poussé sur les routes des milliers de civils dans le nord.
Les violences ont à nouveau poussé des milliers de personnes sur les routes. Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), 30 000 civils ont fui en 48 heures les combats opposant les jihadistes du groupe État islamique (EI) aux rebelles dans des secteurs de la province d'Alep bordant la Turquie.
L'EI s'est emparé jeudi dans cette zone de six villages tenus par les rebelles, selon l'OSDH.
« Alors que les civils fuient les combattants de l'EI, la Turquie répond par des tirs à balles réelles », a dénoncé Gerry Simpson, chercheur à HRW appelant Ankara à ouvrir ses frontières aux réfugiés.
Médecins sans frontières (MSF) s'est dit « extrêmement inquiet au sujet de la sécurité, des conditions de vie et de la situation sanitaire des gens qui ont une nouvelle fois été contraints de fuir leur foyer », selon sa chef de mission en Syrie Muskilda Zancada.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha) a fait état de 21 000 à 23 000 civils ayant fui ces combats et se dirigeant notamment vers la ville d'Azaz.

Alep, clé de la guerre
En outre, plus de 200 combattants de différentes factions armées ont été tués depuis dimanche dans la province septentrionale d'Alep, sans qu'aucun camp n'ait pu réellement avancer sur le terrain, a affirmé hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi ces combattants tués figurent ainsi 82 militaires et miliciens prorégime, 94 jihadistes du Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, et leurs alliés rebelles islamistes, ainsi que 34 ultraradicaux de l'EI, précise l'Observatoire.
Un responsable humanitaire de l'Onu s'est dit jeudi « extrêmement inquiet » de la situation globale dans la province d'Alep, où « il y a eu une augmentation significative des cas de violences ».

« Alep est la clé de la guerre et de la paix en Syrie. Chaque partie impliquée dans la guerre a un intérêt dans Alep », note, pour sa part, le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Il s'agit d'une des batailles les plus féroces et les plus complexes car toutes les forces dans le conflit sont impliquées.
« Ce qui se passe à Alep est une violation majeure du cessez-le-feu. Une grande bataille s'y déroule et cela conduira à un grand désastre si le régime gagne » en coupant la route d'approvisionnement, a indiqué à l'AFP, à Genève, le commandant rebelle Eyad Shamsi. Dans ce cas, « un million de personnes seront assiégées », a-t-il ajouté.

 

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