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Moyen Orient et Monde - Entretien express

Avec les législatives syriennes, le poids du parti Baas devrait diminuer au profit des candidats « indépendants »

Fabrice Balanche, chercheur associé au Washington Institute et spécialiste de la Syrie, répond aux questions de « L'Orient-Le Jour » au sujet du scrutin organisé le jour même de la reprise des négociations à Genève.

Des banderoles et des affiches électorales étaient visibles hier dans toutes les rues de Damas. Joseph Eid/AFP

Comment sont organisées les législatives, alors que la guerre fait encore rage dans certaines zones ?

D'abord, c'est un scrutin de listes à un seul tour. Il y a la liste du parti Baas et de ses alliés ; et il y a des listes d'indépendants. C'est une élection par panachage, donc, et par provinces. Certaines provinces sont occupées par l'État islamique ou par le Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda). Des bureaux de vote seront ouverts dans les provinces voisines pour justement permettre aux électeurs des provinces (occupées) de venir voter, selon les autorités. Les déplacés pourront aussi voter pour leurs localités d'origine. Par exemple, les gens d'Idleb qui sont à Damas ou Lattaquié pourront voter dans des bureaux spéciaux. J'étais à Damas, il y a deux semaines, et j'y ai vu des affiches électorales pour Idleb. En ce qui concerne Deir ez-Zor, le gouvernement tient la moitié de la ville et les élections se tiendront dans cette partie de la ville. Même chose pour Alep. C'est la solution trouvée par le gouvernement pour avoir un semblant de légitimité dans l'ensemble du pays.

 

Le résultat des élections a-t-il par conséquent une valeur quelconque ?
En Syrie, il y a toujours eu, pour les législatives, moins de 10 % de votants. C'était le cas même avant la guerre. Je me souviens que dans les administrations, il y avait justement des bureaux de vote pour les fonctionnaires, qui ne pouvaient pas y échapper. On a même essayé de me faire voter, quand je vivais à Tartous ; ils sont venus avec l'urne et j'ai dû leur dire que j'étais étranger. Il y a tellement peu de gens qui votent que les urnes viennent à vous. Ils ont essayé de faire des cartes électorales pour pousser les gens à voter – parce que sinon c'est avec la carte d'identité que cela se fait –, mais ça n'a pas marché. Les gens ont effectivement voté un peu plus par peur que cette abstention ne complique leurs formalités (demandes de passeports, etc.), mais les autorités ont fini par laisser tomber.
Il y a quand même des candidats indépendants, qui y croient, des gens de la société civile, comme Maria Saadé, déjà parlementaire, et qui se présente sur la liste de Mohammad Hamsho, un homme d'affaires de Damas. Cette liste, indépendante, va s'opposer à celle du Baas et je pense qu'ils ont de fortes chances d'être « élus », ou en tout cas cooptés. L'on pourrait aussi évoquer Tarif Kotrash, très connu en Syrie parce que capitaine de l'équipe nationale de basket-ball, un Kurde, qui se présente et va probablement être « réélu » au Parlement, où il a déjà un siège.
À mon avis, ce qui va changer avec ces législatives, c'est que l'on va voir le poids du parti Baas diminuer encore au profit des candidats « indépendants », des nationalistes qui pensent qu'on peut faire changer le système de l'intérieur sans partir à l'étranger. Ils aiment la Syrie, mais pas le parti Baas.
Je pense aussi que l'on va assister à la montée du Parti national socialiste syrien. En Syrie, ce parti est devenu très important, notamment à Homs, dans les quartiers chrétiens de Damas, ou même dans le Qalamoun. Ce parti, qui comprend aussi une milice, compte de nombreux bureaux. Ses origines sont plutôt chrétiennes mais il comprend aussi beaucoup d'alaouites, ainsi que des sunnites. Ce parti est en train de monter, son idéologie attire pas mal de monde. Laïc, il n'est pas pour l'unité du monde arabe, mais pour une Grande Syrie, et surtout il se bat, il est sur tous les fronts. Je pense donc qu'il va avoir beaucoup plus de députés.

 

Le scrutin peut-il avoir un impact sur les négociations de Genève qui reprennent le même jour ?
Non, je ne pense pas. Les élections se déroulent selon l'ancien système ; on ne peut pas vraiment dire que ce sont des élections libres dans lesquelles toutes les oppositions participent. Les Kurdes n'y participent pas, l'opposition dite de Riyad non plus. Ils rejettent d'ailleurs la validité de ce scrutin. Même les Russes n'étaient pas très contents de l'annonce du scrutin, parce cela remet en cause la volonté de Bachar el-Assad de participer au processus de Genève. Ce processus est en effet censé déterminer qui travaillerait sur un gouvernement de transition, qui doit préparer des élections libres, etc. Avec ces élections, le président Assad veut montrer qu'il est le maître à l'intérieur du pays, que c'est lui qui tient le processus politique. En interne, il cherche à se retrouver une base sociale, des alliés dans la population civile, à reconstituer le clientélisme.

 

 

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Comment sont organisées les législatives, alors que la guerre fait encore rage dans certaines zones ?
D'abord, c'est un scrutin de listes à un seul tour. Il y a la liste du parti Baas et de ses alliés ; et il y a des listes d'indépendants. C'est une élection par panachage, donc, et par provinces. Certaines provinces sont occupées par l'État islamique ou par le Front al-Nosra (branche...

commentaires (3)

En bref, quoi que la Syrie fasse se sera de nouveau la catastrophe pour elle (Ca nous nous en foutons) mais surtout pour le Liban. D'après les propos de Mr. Balanche les députés qu'ils citent sont déjà parlementaires et donc de facto complices et/ou suppôts du régime en place. Ils ne feront aucunes differences et ne changeront rien de rien. La Syrie restera le pays des elections a 99,99%. Ces élections sont donc nulles et non avenues avant meme d'avoir commencé, une triste tragi-comédie qui ne fera que préparer de nouveaux conflits. Pour tout finir, Mr. Balanche mentionne l'emergence du PSNS en Syrie qui est un parti encore plus dangereux que celui au pouvoir puisqu'il est expansionnistes. Si la paix en Syrie se réalise et Bashar est toujours qu pouvoir, se sera une pierre d'achoppement de plus pour voir une nouvelle guerre se déclencher a partir du Liban. Cette fois elle sera sans merci... Que Dieu nous en préserve!

Pierre Hadjigeorgiou

10 h 44, le 13 avril 2016

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Commentaires (3)

  • En bref, quoi que la Syrie fasse se sera de nouveau la catastrophe pour elle (Ca nous nous en foutons) mais surtout pour le Liban. D'après les propos de Mr. Balanche les députés qu'ils citent sont déjà parlementaires et donc de facto complices et/ou suppôts du régime en place. Ils ne feront aucunes differences et ne changeront rien de rien. La Syrie restera le pays des elections a 99,99%. Ces élections sont donc nulles et non avenues avant meme d'avoir commencé, une triste tragi-comédie qui ne fera que préparer de nouveaux conflits. Pour tout finir, Mr. Balanche mentionne l'emergence du PSNS en Syrie qui est un parti encore plus dangereux que celui au pouvoir puisqu'il est expansionnistes. Si la paix en Syrie se réalise et Bashar est toujours qu pouvoir, se sera une pierre d'achoppement de plus pour voir une nouvelle guerre se déclencher a partir du Liban. Cette fois elle sera sans merci... Que Dieu nous en préserve!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 44, le 13 avril 2016

  • ELECTIONS DE LA RIGOLADE ! LE MONDE ENTIER RIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 35, le 13 avril 2016

  • Super alors , on aura plus du 99,99999999999% , mais peut être du 88,88888888888% . Jamais trop tard pour bien faire . Alep sera THE victoire contre les ei nosra et alliés bactéries diluées tous importés de bensaoudie via la turquie.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 05, le 13 avril 2016

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