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Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner... - Pour préserver l'espoir

« Nous ne sommes jamais allés plus loin que l’intersection du Musée »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal » *. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Samia Mahmoud.

Mon nom est Samia. À cette époque (les années quatre-vingt), je vivais à Moscou où je poursuivais mes études universitaires. J'étais heureuse là-bas. Je me sentais en sécurité. Je n'avais pas envie de rentrer au Liban. Dix ans plus tôt, mon père et mes deux frères avaient été tués à Tall el-Zaatar. En 1988, la guerre faisait encore rage, mais ma mère se languissait de moi et voulait que je rentre à la maison passer les vacances.
C'est ce que j'ai fait. Je suis allée visiter ma famille et mes amis et j'ai passé un très bon moment.
Quand le temps est venu pour moi de repartir, l'aéroport de Beyrouth était fermé. C'était souvent le cas à cette période. Du coup, mes amis et moi – nous étions quatre filles et un garçon – avons décidé de prendre un taxi jusqu'à Damas d'où nous devions décoller pour Moscou. Nous avons donc pris la route, mais nous ne sommes jamais allés plus loin que l'intersection du Musée, à Beyrouth. Là-bas nous avons tous les cinq été kidnappés. Emportés avec toutes nos affaires. Réduits au silence.
Depuis ce jour, on n'a plus jamais entendu parler de nous.
Imaginez la souffrance de ma mère. Elle qui avait déjà perdu son mari et ses deux fils. Elle a fini par quitter le pays. Elle a emporté avec elle toutes mes affaires, même la rose séchée que j'avais soigneusement déposée dans un de mes livres, et est partie en Allemagne.
Mon nom est Samia Mahmoud. Ne laissez pas mon histoire s'interrompre ici.

* « Fus'hat amal » est une plate-forme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de «Fus'hat amal» à l'adresse : www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

 

 

Mon nom est Samia. À cette époque (les années quatre-vingt), je vivais à Moscou où je poursuivais mes études universitaires. J'étais heureuse là-bas. Je me sentais en sécurité. Je n'avais pas envie de rentrer au Liban. Dix ans plus tôt, mon père et mes deux frères avaient été tués à Tall el-Zaatar. En 1988, la guerre faisait encore rage, mais ma mère se languissait de moi et...
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