Alors que les yeux régionaux et internationaux sont tournés vers la Syrie et l'Irak, c'est au Yémen que des développements intéressants se produisent. Une délégation yéménite en visite au Liban révèle que, pour la première fois depuis le déclenchement de l'offensive saoudienne contre Ansarallah (les houthis) et l'ancien président Ali Abdallah Saleh il y a un peu plus d'un an, les prémices d'une solution sont en vue. Selon la délégation yéménite (proche d'Ansarallah), comme tous les dossiers sont désormais liés, les soudaines bonnes dispositions saoudiennes au sujet de l'établissement d'un dialogue avec Ansarallah (alors qu'au début de l'offensive le royaume voulait les éradiquer) sont un indice positif pour l'évolution de la situation dans l'ensemble de la région, qui se dirigerait donc vers des compromis. Selon la délégation yéménite, les Saoudiens seraient donc en difficulté, la guerre au Yémen ayant trop duré, sans résultat important, excepté la destruction quasi totale du pays, et elle aurait terni l'image du royaume auprès de l'opinion publique internationale. Au point que le Parlement européen a adopté une recommandation demandant aux dirigeants européens de cesser de vendre des armes à l'Arabie, alors que le Parlement britannique a publié un communiqué assez sévère à l'égard de Riyad.
Sur le terrain, Ansarallah et les partisans de Ali Abdallah Saleh tiennent bon et ont même effectué d'importantes percées en territoire saoudien. L'armée saoudienne a lancé une contre-offensive dans la ville de Rabboua, sur son propre territoire, mais elle n'a pas réussi à en reprendre le contrôle. Elle se déchaîne désormais sur la localité de Miidi, au nord du Yémen, dans la zone contrôlée par Ansarallah, dans le but d'enregistrer une victoire même symbolique contre ce groupe. Pour l'instant, aucune percée déterminante n'a été effectuée, et les combats continuent à se dérouler sur les mêmes fronts depuis le déclenchement de l'offensive, à Taaz et Ma'rib notamment. Dans le sud du pays, Ansrallah et ses alliés se sont certes retirés de Aden et de ses environs, mais c'est le chaos total qui les a remplacés. La situation dans les provinces du Sud ressemble de plus en plus à celle qui prévaut en Somalie, avec une influence grandissante et déterminante pour el-Qaëda et Daech. En même temps, une lutte feutrée se déroule entre les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, les premiers appuient l'ancien Premier ministre Khaled Bahhah récemment limogé par le président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi, lequel est l'homme des Saoudiens.
Dans ce contexte qui n'est pas en train d'évoluer en sa faveur, l'Arabie saoudite a donc accepté d'entamer des négociations avec Ansarallah, exigeant toutefois que les pourparlers se déroulent à la frontière entre le Yémen et l'Arabie et qu'ils restent secrets. Ansarallah a accepté et les discussions ont commencé. Elles devraient en principe se poursuivre au Koweït, selon l'envoyé spécial de l'Onu au Yémen, même si les Saoudiens ne semblent pas très favorables à cette option, continuant à préférer les négociations secrètes qui ont commencé d'abord militairement et qui se poursuivent désormais avec des représentants politiques. Ces négociations ont d'ailleurs déjà abouti à un premier échange de prisonniers.
Selon la délégation yéménite en visite à Beyrouth, plusieurs considérations ont poussé les Saoudiens à accepter enfin un dialogue direct avec les représentants d'Ansarallah. Il y a d'abord eu les pressions russes sur les dirigeants saoudiens, sachant que le roi Salmane devrait être reçu à Moscou au cours de ce mois et que les Russes souhaitent augmenter leur influence dans l'ensemble de la région du Moyen-Orient. Ensuite, les Saoudiens ne peuvent plus ignorer les développements sur le terrain qui ne sont pas à leur avantage, la population de Aden étant mécontente de la situation actuelle, alors que les Saoudiens ne sont pas en train de respecter le système tribal qui régit les équilibres politiques et confessionnels au sein de la société yéménite. De même, au sein de la coalition dirigée par les Saoudiens au Yémen, les conflits se multiplient, entre notamment Abou Dhabi et Riyad, mais aussi avec Oman et le Koweït. Les conflits internes saoudiens, entre notamment les deux émirs Mohammad ben Salmane, qui mène la guerre contre le Yémen, et Mohammad ben Nayef, qui attendrait son échec pour obtenir l'avantage sur lui, joueraient un rôle dans la décision saoudienne de se lancer dans le dialogue avec Ansarallah. Il reste aussi à évoquer la situation économique en Arabie où la guerre contre le Yémen est jugée trop coûteuse pour un bénéfice négligeable. Enfin, la pression des missiles d'Ansarallah, qui sont en train de traverser une profondeur de 50 km dans l'intérieur saoudien et qui pourraient menacer le détroit de Bab el-Mendeb, a pesé aussi sur la décision saoudienne.
Une trêve serait donc en vue. Ce qui constituerait un développement très important pour l'ensemble de la région. Mais la délégation yéménite en visite au Liban craint que l'attitude saoudienne soit une simple manœuvre pour gagner du temps en attendant l'élection d'un nouveau président aux États-Unis qui pourrait avoir une attitude plus offensive à l'égard de l'Iran et des principaux dossiers de la région. Elle estime aussi que la pression sur le terrain pourrait pousser les Saoudiens à plus de réalisme, sachant qu'Ansarallah ne cherche pas à accaparer le pouvoir mais à conclure un compromis qui tiendrait compte de son rôle dans le tissu social yéménite. Selon la délégation précitée, si une trêve est conclue au Yémen, cela signifiera que d'autres dossiers brûlants pourraient aussi être placés sur la voie des solutions, en Irak, en Syrie... et peut-être au Liban.
Dossier spécial
Dans un Yémen en plein chaos, l'offensive saoudienne patauge
commentaires (8)
je m'explique : pq elle n'ecrit pas sur les vrais intentions du hezb a propos de michel aoun !! surtout pq ces sources ne lui rapporte pas ce que l'ambassadeur d'iran a affirmer devant d'autres ambassadeurs a propos de michel aoun !!?!?! elle relate les faits en details quand c'est un flop du 14 mars mais quand c'est le 8 mars c'est pas grave c'est pas leur faute !!
Bery tus
22 h 18, le 07 avril 2016