Ligue maronite : victoire sans surprise de la liste Klimos

Sans grande surprise, la liste de « L'Enracinement et le redressement », dite « consensuelle » et présidée par l'ancien bâtonnier Antoine Klimos, a raflé les dix-sept sièges du conseil exécutif de la Ligue maronite. Le scrutin, qui s'est déroulé samedi au Forum de Beyrouth, a été marqué par une importante participation de 767 des 984 membres adhérents à la ligue. Avant d'annoncer les résultats en soirée, le président sortant, Samir Abillama, a fait état d'un « taux record de participation de 77,9 %, sachant qu'il n'y avait qu'une seule liste complète en lice ».
La victoire d'office de M. Klimos avait été annoncée dès la matinée, après le retrait de Maroun Younès, la veille en soirée. Deux autres candidats à la présidence de la ligue s'étaient retirés avant lui du scrutin : Adib Tohmé avait annoncé son retrait mercredi et proclamé son soutien à la liste « consensuelle », et Antoine Akl avait suspendu son statut de membre à la ligue afin de dénoncer des pratiques clientélistes au sein de la ligue.
À la vice-présidence, alors que la course s'annonçait serrée, c'est finalement l'avocat Toufic Mouawad, de la liste de « L'Enracinement et le redressement », qui l'a remporté face à Ghassan Khoury, avec 441 voix contre 287.
Notons que le président et le vice-président sont élus séparément, dans une urne distincte de celle des membres du conseil exécutif.
Les quinze membres élus samedi, tous issus de la liste de M. Klimos, sont : Carla Milan Chéhab (675 voix), Christina Mallah (639 voix), Walid Khoury (630 voix), Antoine Wakim (638 voix), Souhail Matar (633 voix), Charbel Stephan (616 voix), Alia Berty Zein (605 voix), Antoine Khoury (604 voix), Nada Andraos Aziz (599 voix), Abdo Gergès (598 voix), Joseph Nehmé (598 voix), Georges Hajj (594 voix), Antoine Constantine (582 voix), Joseph Kreiker (580 voix), Maroun Serhal (569 voix).
Aucun des candidats indépendants n'a réussi à percer la liste « consensuelle » : Rami Chidiac a recueilli 172 voix, Maroun Charabati 153, Jacques Hakim 121 et Jihad Abdallah 105 voix.

Le retrait de la candidature d'Ibrahim Jabbour
Même si la victoire de la liste présidée par M. Klimos, parrainée par le député Nehmetallah Abi Nasr, était presque acquise à l'instant de son annonce solennelle depuis le siège patriarcal, cela n'avait pas empêché plusieurs adhérents à la Ligue maronite d'opposer des réserves à la formation de cette liste.
Sur la forme, son annonce à partir de Bkerké, ayant rompu avec les us et coutumes de la ligue, avait été interprétée comme « un parti pris » du patriarche en faveur de la liste consensuelle.
Sur le fond, il n'est pas sûr que la liste de « L'Enracinement et le redressement » réunisse les éléments d'un consensus. Si son caractère consensuel tient en partie du retrait de l'ancien président de l'Association des banques, Joseph Torbey, en sa faveur, il lui manquait une « représentativité régionale ».
Le litige autour du nom de Toufic Mouawad a révélé les failles de la liste « consensuelle » que les électeurs ont finalement décidé samedi de contourner. M. Mouawad se présentait comme candidat « représentatif de Zghorta », alors que le chef des Marada avait dit appuyer le nom du général à la retraite, Ibrahim Jabbour.
Jeudi dernier, à deux jours des élections, il a semblé que Bkerké ait cherché à prouver son équidistance de tous les candidats. Les anciens présidents de la Ligue maronite ont ainsi exprimé, dans un communiqué, leur « souhait » que M. Klimos revoie la formation de sa liste de manière à y intégrer le général Jabbour. Ils ont ajouté que toute démarche dans ce sens ne pourrait qu'« apaiser » Bkerké.
Cette initiative est toutefois restée sans suite : le général Jabbour a fini par se retirer vendredi dernier de la course, « souscrivant à la demande des anciens présidents de la Ligue maronite », a précisé un communiqué des anciens présidents, publié samedi matin avant l'ouverture du bureau de vote. Le général Jabbour s'en était remis aux anciens présidents de la ligue, qu'il a chargés de décider du sort de sa candidature. Ceux-ci n'ont pas manqué de saluer, dans leur communiqué, ses « positions nationales au service de la Ligue maronite ».

Klimos et « la solidarité »
À l'issue de la victoire de sa liste, M. Klimos a veillé à valoriser la dimension fédératrice de la ligue. « La ligue est pour tous et le restera. Elle n'a jamais été étrangère aux modes de pensée fondés sur la solidarité », a-t-il déclaré. Il a salué en outre le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, rappelant que « la liste a été lancée à partir du siège patriarcal ». Il a salué enfin les candidats opposés à sa liste : Ghassan Khoury, « un homme digne qui promet », et tous les autres « candidats isolés qui ont mené une campagne démocratique. Leur défaite est une victoire reportée ».
Estimant que « le chantier de redressement de la ligue » a été entamé en 2010, Antoine Klimos a réaffirmé son engagement en faveur de « l'enracinement de l'authenticité maronite, qui a été d'ailleurs le thème de notre campagne ». « Nous entendons éveiller les chrétiens du pays, c'est-à-dire leur permettre de récupérer leur rôle pionnier naturel, sans lequel leur présence dans ce pays serait anéantie », a-t-il affirmé. Il a précisé par ailleurs que le nouveau conseil exécutif « ne sera pas un parti politique supplémentaire, mais le support de l'intelligentsia maronite, présente surtout au niveau de la classe moyenne ».