Ponts en L contre ponts en U : la colère des habitants de Jal el-Dib

L'affaire de l'échangeur projeté de Jal el-Dib continue à faire des remous, surtout après la recommandation émise mardi, en commission parlementaire des Travaux publics, en faveur de la construction de deux ponts en L au niveau de la ville. Les habitants de Jal el-Dib, qui réclament plutôt la mise en place de deux ponts en U, nettement plus onéreux, et qui avaient réussi à faire adopter leur plan par le Conseil des ministres, ont menacé de recourir à nouveau à la rue, parlant même de « désobéissance civile ».
« Le refus de la commission parlementaire des Travaux publics de respecter le plan des ponts en U approuvé par le Conseil des ministres (le 19 février dernier) et la recommandation en faveur de la construction de deux ponts en L est un choc pour nous », a affirmé un collectif des habitants dans un communiqué publié hier.
Mis au point dès 1998 par le Conseil du développement et de la reconstruction, le projet recommandé prévoit de construire deux ponts en L qui permettront d'entrer et de sortir de la ville par le biais d'une seule bretelle. Les ponts en U réclamés par les habitants rendraient cependant l'agglomération plus accessible et réduiraient les embouteillages.
La commission des Travaux publics a néanmoins décidé d'opter en faveur des ponts en L pour des raisons financières, principalement. « Ce sujet est débattu depuis des années et le Conseil des ministres avait approuvé à l'époque, ainsi que la Banque mondiale, le plan des ponts en L préparé par le CDR. Le coût du projet en 1999 était de 8 millions de dollars et aujourd'hui, il s'élève à 12 millions », avait déclaré mardi le président de la commission, Mohammad Kabbani.
« Le Conseil des ministres a prévu de consacrer 48 millions de dollars aux ponts en U. Sauf que le coût réel est de 72 millions de dollars, selon une étude du CDR. Nous recommandons donc l'adoption des ponts en L pour des raisons financières et pratiques. Nous éviterons ainsi de gaspiller 60 millions de dollars », avait-il ajouté.
Les habitants, eux, se sont dit « fatigués des atermoiements dans ce dossier » et « étonnés » de la position de la commission qui « veut faire des économies, sachant que le gouvernement a prévu 48 millions de dollars pour ce projet et que cette région constitue l'entrée nord de Beyrouth ». « Le plan en U a été étudié par des firmes internationales et approuvé par le gouvernement, la municipalité et les habitants », a fait valoir le collectif. Et d'ajouter : « Nous n'accepterons pas de plans qui ne respectent pas les intérêts de la ville. Nous avons déjà coupé l'autoroute quatre fois et cette fois-ci nous prendrons de nouvelles mesures. La commission des Travaux publics nous pousse à la désobéissance civile. »