Seize tués, dont un Libanais, dans une attaque en Côte d'Ivoire

La Côte d'Ivoire a été la cible hier d'une attaque jihadiste, un commando armé faisant 16 morts, dont un Libanais, et 22 blessés dans la station balnéaire de Grand-Bassam. Toufic Hayek, cinquantenaire originaire de Nabatiyeh, a été tué, alors qu'il nageait avec son épouse dans la piscine. Cette dernière a pu échapper. Cinq autres Libanais ont été blessés : Hassan Mortada, Mohammad Mortada (grièvement atteint, mais dont l'état s'était stabilisé en soirée), Nagibé Sabra et ses deux enfants.

Le président Alassane Ouattara, qui s'est rendu sur les lieux, a dénoncé une attaque « terroriste », revendiquée en soirée par el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a noté que l'attaque avait été menée par « trois héros ». Celle-ci a débuté à 12h30 (14h30, heure Liban) quand « six hommes armés sont venus sur la plage de l'hôtel (l'Étoile du Sud) de Grand-Bassam et ont commencé à tirer sur les touristes, les clients, a déclaré M. Ouattara. Les forces spéciales ivoiriennes sont intervenues dès 13h15 (heure locale) et ont réussi à neutraliser les six terroristes ».

« Les assaillants sont venus du côté de la mer », a expliqué à L'Orient-Le Jour Wissam Kalakech, chargé d'affaires près l'ambassade du Liban à Abidjan. « L'attaque était synchronisée et a visé trois hôtels : Woolf Hotel, Étoile du Sud et Paillotte », a-t-il ajouté, soulignant que tous les Libanais qui se trouvaient dans les hôtels ont été évacués. Et d'insister : « Ce ne sont pas les Libanais qui sont visés dans cette attaque, mais la Côte d'Ivoire. »

Le même avis a été recueilli auprès du président du département Afrique à l'Union libanaise culturelle dans le monde (ULCM), Abbas Fawaz, qui a précisé dans un communiqué que « l'attentat visait tous ceux qui se trouvaient dans la station balnéaire ». Il a souligné que les responsables ivoiriens lui ont assuré « qu'ils poursuivaient l'affaire de près, affirmant que les Libanais qui vivent en côte d'Ivoire sont sous leur protection ».

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« Lâche attentat »

Quatre ressortissants occidentaux, dont un Français et un Allemand, ont été tués dans cette attaque, a précisé de son côté le ministre ivoirien de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, rapporte pour sa part l'AFP.

Le président français François Hollande a dénoncé un « lâche attentat », promettant « soutien logistique et de renseignement pour retrouver les agresseurs ». Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve se rendront demain à Abidjan pour exprimer la solidarité de la France, selon l'entourage de M. Ayrault. La justice française a ouvert une enquête pour assassinat terroriste, en raison de la présence d'une victime française.

Un photographe de l'agence a vu sept corps sur la plage et un autre dans l'hôtel Étoile du Sud, que les clients ont fui en abandonnant serviettes et verres au bord de la piscine, alors qu'une balle s'est logée dans le frigo du bar. Ces assaillants étaient « puissamment armés » alors que l'établissement était bondé en cette période de canicule, a expliqué un témoin joint au téléphone.

Le prince français Charles-Philippe d'Orléans, arrivé sur la plage peu avant l'attaque, a raconté au site du magazine Paris Match avoir cru entendre « un pétard », qui était « sans doute un calibre 22 LR ». « Il y avait un monde fou sur cette plage (...) Tout le monde s'est figé un instant. Puis il y a eu un second coup de feu, du 9 mm sans doute, et là, tout le monde s'est mis à courir dans tous les sens. »

Abbas el-Roz, un ressortissant libanais qui séjournait à l'Étoile du Sud, a raconté que l'un d'eux portait un fusil d'assaut Kalachnikov et une ceinture de grenades.

Ville historique et ancienne capitale coloniale sur la côte du golfe de Guinée, Grand-Bassam abrite plusieurs hôtels fréquentés par une clientèle d'expatriés le long d'une plage où afflue la population abidjanaise en fin de semaine. C'est la première fois que le pays est la cible d'une attaque contre une zone touristique, alors que le secteur se remet lentement de dix ans de crise sociopolitique.

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