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Économie - Liban - Commerce

Adhésion du Liban à l’OMC : nouveau départ pour un vieux dossier

Des représentants de l'OMC ont conclu hier une visite de deux jours visant à relancer la candidature du Liban. Lancée en 1999, celle-ci était au point mort depuis plus de six ans.

Le ministre de l’Économie et du Commerce, Alain Hakim (au centre), recevant, mercredi, la délégation de l’OMC. Photo K.O.

« Le fait que le Liban ait été un membre fondateur du GATT en 1947 et qu'il ne soit toujours pas dans l'OMC, qu'il a demandé à intégrer en 1999, est une anomalie historique qu'il faut rectifier ! » s'est exclamé hier le président du groupe d'accession du Liban à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Jean-Paul Thuillier, lors d'une conférence à l'Université Saint-Joseph. Cette conférence clôturait la visite de deux jours d'une délégation de l'OMC, qui a notamment rencontré plusieurs membres du gouvernement et du Parlement dans le but de relancer la candidature libanaise. « Le dossier dormait depuis 2009 et suite à ma nomination en novembre dernier, j'ai demandé à reprendre contact avec les autorités libanaises qui s'étaient montrées favorables à une reprise des négociations », explique M. Thuillier à L'Orient-Le Jour.

 

Libéralisation
De fait, après dix ans de négociations avortées, la candidature libanaise semblait condamnée. « Le processus avait été interrompu par l'instabilité politique et sécuritaire continue. Le ministère de l'Économie cherche à le relancer, mais pour l'instant il n'y a encore aucune avancée concrète », indique Jassem Ajaka, conseiller du ministre de l'Économie et du Commerce. Par conséquent, il faudra quasiment tout reprendre à zéro et franchir un certain nombre d'obstacles non négligeables. « Le dossier d'accession comporte sept volets, allant du régime commercial à celui des investissements. Après plus de six ans d'arrêt, il y a tout un travail d'actualisation à faire », explique M. Thuillier.


D'abord, Le Liban devra procéder à plusieurs réformes législatives libéralisant davantage son économie. « L'État devra se désengager des secteurs comme l'électricité ou les télécoms, par exemple », explique Jassem Ajaka. En outre, le Liban devra se mettre à jour en signant un certain nombre d'accords internationaux liés à la propriété intellectuelle, comme la convention de Stockholm de 1967. De même, le Parlement doit encore voter un certain nombre de textes, parfois adoptés depuis plusieurs années en Conseil des ministres, comme la loi sur la concurrence déloyale qui doit notamment mettre fin à des situations monopoles. « Certains importateurs agréés ne pourront plus bénéficier de leur contrat d'exclusivité, par exemple », prévient M. Ajaka.

 

« Ce sera violent »
Ensuite, il faudra surmonter l'opposition de certains secteurs et ordres professionnels qui s'inquiètent d'être exposés à une trop forte concurrence internationale. Le barreau de Beyrouth s'était, par exemple, farouchement opposé en 2010 à l'implantation au Liban de cabinets internationaux, compromettant une reprise des négociations d'adhésion à l'OMC. « Des rencontres seront organisées prochainement entre des représentants de l'OMC et les organisations professionnelles afin de discuter des détails concernant la libéralisation de leurs secteurs respectifs », indique-t-on au ministère de l'Économie. M. Ajaka se montre plus incisif : « L'intégration du Liban à la globalisation passera par une restructuration de son économie. Ce sera sans doute violent : des secteurs à faible compétitivité comme l'industrie et l'agriculture pourraient à terme disparaître pour laisser la place à d'autres comme les nouvelles technologies, les banques, ou la médecine, qui ont encore un fort potentiel... »


Enfin, il faudra obtenir un large consensus politique. « En permettant au Liban de profiter des avantages de son système commercial, l'OMC va ouvrir de nouveaux marchés pour nos exportations », plaide le ministre de l'Économie et du Commerce Alain Hakim, monté en première ligne pour défendre l'adhésion.
Cependant, cette position est loin d'être unanime. « Les représentants de l'OMC se disent prêts à proposer des ajustements au cas libanais, mais j'attends des garanties », déclare à L'Orient-Le Jour le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan. « L'État doit avant tout soutenir l'agriculture et l'industrie du pays. Les accords de libre-échange signés avec l'Europe et les pays arabes ont contribué à augmenter le niveau des importations au Liban au détriment de la production locale », observe-t-il encore. « Le comité national chargé des négociations va veiller à la protection des intérêts économiques du Liban et écartera les dispositions qui sont en sa défaveur », avance de son côté M. Hakim.


Malgré ces divergences et les expériences passées, M. Thuillier affiche un optimisme à toute épreuve : « Les obstacles techniques sont facilement surmontables car les barrières tarifaires et non tarifaires du Liban sont relativement faibles et ajustables. En cas d'accord politique, nous pensons pouvoir aboutir à une adhésion dans 12 mois... » Et M. Hakim de renchérir : « Cette fois-ci, nous avons le soutien du président du Parlement, Nabih Berry. Le dernier parti à être opposé est le Hezbollah, mais cela devrait se débloquer puisque l'Iran souhaite également rejoindre l'OMC... »

 

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