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Moyen Orient et Monde - Entretien express

« Les résultats des élections sont un plébiscite pour la politique de Rohani »

Vincent Eiffling, chercheur au Centre d'études des crises et conflits internationaux-(CECRI), spécialiste de l'Iran, décrypte, pour « L'Orient-Le Jour », les résultats des élections iraniennes.

Des Iraniennes sur la place centrale de Téhéran. Atta Kenare / AFP

Les Iraniens étaient appelés aux urnes pour élire les membres du Parlement et ceux de l'Assemblée des experts, qui nomment le guide suprême. Les résultats définitifs de ce double scrutin ont mis en exergue la forte progression du camp des modérés, mené par le président iranien Hassan Rohani, même si aucun camp ne détient la majorité au Parlement. Vincent Eiffling, chercheur au Centre d'études des crises et conflits internationaux-(CECRI), spécialiste de l'Iran, décrypte, pour « L'Orient-Le Jour », les résultats de ces élections.

Q : Comment interpréter les résultats de ces élections iraniennes ?
R : Les résultats des élections sont très clairs. Il s'agit d'un plébiscite en faveur de la politique qui est, à l'heure actuelle, mise en œuvre par le président Hassan Rohani. Cela illustre bien le fait que la population iranienne soutient l'accord sur le nucléaire et la politique d'ouverture économique sur l'Occident qui en découle. Ce n'est pas une ouverture culturelle. Ces élections sont importantes dans la mesure où il en a résulté la mise à l'écart de plusieurs figures historiques de la République islamique, qui sont très conservatrices, aussi bien du Parlement que de l'Assemblée des experts. Or cette Assemblée est importante car c'est elle qui devra designer, vraisemblablement dans sa composition actuelle, le futur guide suprême, car l'actuel guide suprême, Khamenei, a déjà 76 ans et il est en mauvaise santé.

 

(Lire aussi : Iran : quand le fantasme libéral voile les fractures idéologiques )

 

Est-ce que la victoire de Rohani va lui donner la marge de manœuvre nécessaire pour appliquer ses réformes ?
En dépit de cette victoire, même s'il va avoir un peu plus de liberté d'action, il existe encore des entraves qui limitent la libre application de sa politique, pour la simple et bonne raison que le système institutionnel iranien est extrêmement complexe. Il y a différents pôles de pouvoir au sein du système, notamment les gardiens de la révolution et les confréries religieuses. Ces deux ensembles contrôlent à eux seuls plus ou moins 80 % de l'économie iranienne. Même si Rohani souhaitait libéraliser en grande partie l'économie iranienne et attirer les investisseurs étrangers, ces derniers devraient quand même composer avec ces pôles du pouvoir au sein du système iranien. Hassan Rohani va avoir un peu plus de liberté de manœuvre, un peu plus de poids pour peser dans la balance, mais il y aura encore des tractations qui devront s'effectuer.

 

(Portrait : Hassan Rohani, un « cheikh diplomate » ambigu)

 

Est-ce que ces résultats peuvent avoir un impact sur la politique étrangère de Téhéran, notamment au niveau du dossier syrien et des relations tendues avec l'Arabie saoudite ?
Je ne pense pas, car ce sont des domaines qui ne relèvent pas directement de l'exécutif. Les décisions sont prises par le guide suprême qui donne des directives que l'exécutif s'occupe de mettre en œuvre. On ne risque pas de subir une déviation de la politique étrangère iranienne, notamment de la politique à l'égard de la Syrie et des rivalités avec l'Arabie saoudite. Le soutien au président syrien Bachar el-Assad va se poursuivre, de même que la rivalité avec le royaume wahhabite.

 

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