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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Les enjeux des élections iraniennes en cinq points

Le scrutin oppose les pro aux anti-Rohani.

Les élections législatives débutent vendredi en Iran. AFP PHOTO / ATTA KENARE

La République islamique d'Iran peut-elle rester la même après la signature de l'accord nucléaire avec les 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne) ? C'est la question qui interpelle tous les analystes du Moyen-Orient depuis la conclusion de cet accord, à Vienne, le 14 juillet dernier. C'est aussi le principal enjeu des élections législatives iraniennes, qui débutent demain, et qui devraient apporter les premiers éléments de réponse quant à savoir à quoi ressemblera le nouveau visage de l'Iran.
Retour sur les principaux enjeux de ces élections en cinq points.

Le contexte interne et régional
L'arrivée au pouvoir du président Hassan Rohani en 2013 était accompagnée de beaucoup d'espoir. Le candidat modéré, proche du guide suprême, devait permettre à l'Iran de réaliser des avancées sur le plan socio-économique. M. Rohani avait en effet promis « l'ouverture », dans le sens d'un renforcement des libertés individuelles. Sur ce plan-là, la présidence Rohani est un échec. Et pour cause : le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a soutenu les négociations sur l'accord nucléaire en contrepartie de quoi M. Rohani devait renoncer à sa volonté de « démocratiser » l'Iran.
Fort de sa victoire sur le dossier nucléaire, M. Rohani espère maintenant obtenir une plus grande marge de manœuvre sur la scène intérieure, où les conservateurs sont majoritaires au Parlement, mais aussi sur la gestion des dossiers régionaux, jusqu'à présent entre les mains des pasdaran. Téhéran est en effet impliqué, plus ou moins directement, dans plusieurs conflits régionaux (Syrie, Irak, Yémen) où il s'oppose directement à son grand rival saoudien – sans compter le Liban, arène de tous les combats de catch avec l'Iran. L'accord nucléaire, la multiplication des conflits et la guerre froide contre l'Arabie saoudite orientent, chacun dans un sens différent, le débat politique iranien.

 

Les forces en présence
Hassan Rohani incarne la ligne qui fracture la scène politique iranienne. Le président, qui se présente comme un modéré, a pu rallier à ses côtés une large coalition regroupant des modérés, des réformateurs et des pragmatiques. « Faute d'avoir pu se présenter seul, les réformateurs se sont ralliés à Rohani. Quant aux conservateurs pragmatiques, ils se sentent plus proches de Rohani que des durs », décrypte François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Face à la coalition du président Rohani il y a plusieurs listes de candidats plus conservateurs. « Les durs sont sceptiques à l'égard des réformes, ils ne veulent pas changer la République islamique et veulent conserver leur pouvoir », estime M. Nicoullaud qui ajoute que « le clan conservateur apparaît plus désuni que celui de Rohani ».



Possibles conséquences sur la scène intérieure
Quels que soient les résultats des élections iraniennes, les décisions politiques majeures resteront entre les mains du guide suprême. Après avoir approuvé la signature de l'accord nucléaire, malgré les nombreuses critiques émanant du clan des conservateurs, il a rappelé à plusieurs reprises dans ses discours que l'Iran considérait encore les États-Unis comme un pays ennemi. Autrement dit, Ali Khamenei voit d'un très mauvais œil une ouverture de la société iranienne, qui s'apparenterait, selon le clan des conservateurs, à une occidentalisation de l'Iran. « Il est plus près des durs sur le fond. Il demeure occidentalo-sceptique, son cœur bat de ce côté-là. Mais il attend de voir ce que vont donner les élections pour se prononcer clairement. Il va probablement chercher à freiner les réformes, mais il a conscience qu'il ne peut pas bloquer le mouvement », analyse M. Nicoullaud.
Compte tenu de la popularité de Hassan Rohani, la coalition regroupée autour des candidats modérés a de réelles chances de l'emporter. Mais une victoire aux législatives pourrait ne pas suffire à asseoir le pouvoir de l'actuel président. « Même s'il a une majorité au Parlement, Rohani ne pourra pas faire tout ce qu'il souhaite. Le Conseil des gardiens, sorte de Conseil constitutionnel, pourrait bloquer les lois libérales sous prétexte qu'elles ne sont pas conformes à l'islam. Il pourrait ainsi paralyser l'action des réformateurs avec l'appui du guide, comme ce fut le cas au moment de la présidence Khatami », note l'ancien ambassadeur de France.

 

 

Possibles conséquences sur la scène régionale
Pour l'heure, ce sont les gardiens de la révolution qui gèrent les dossiers régionaux. La présence du général iranien Kassem Soleimani, extrêmement populaire, sur le front syro-irakien témoigne de la mainmise des pasdaran sur ces dossiers. La normalisation progressive des rapports entre l'Iran et l'Occident fait toutefois le jeu de Hassan Rohani qui prône une approche diplomatique pour gérer ces conflits. Le fait que l'Iran soit désormais invité à participer aux négociations sur la Syrie renforce, à titre d'exemple, la position des modérés. « Rohani veut normaliser les rapports de l'Iran avec le monde extérieur. Il veut mener une politique coopérative, notamment sur le dossier syrien, et retrouver une relation à peu près normale avec l'Arabie saoudite », estime François Nicoullaud.

 


La course à la succession du guide suprême

Parallèlement aux élections législatives, les Iraniens sont appelés à désigner les membres de l'Assemblée des experts, qui est chargée de contrôler la fonction du guide suprême. Cette élection aura sans doute peu de conséquences à court terme, mais pourrait s'avérer déterminante à moyen et long terme. Si le guide suprême devait décéder, c'est à l'Assemblée des experts que reviendrait la charge de désigner son successeur. Compte tenu de l'âge avancé de Ali Khamenei, la nouvelle Assemblée, dotée d'un mandat de huit ans, a de fortes chances de nommer le futur guide. « Les modérés ont peu de chances d'être majoritaires à l'Assemblée des experts, d'autant moins que beaucoup de candidats ont été empêchés de se présenter », dit M. Nicoullaud.
Alors que beaucoup doutaient de la pérennité du système iranien après la mort du fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeyni, Ali Khamenei a réussi à préserver le système et conserver son pouvoir de décision sur toutes les questions importantes. Son successeur devrait sans doute marcher dans ses pas. « Le guide actuel va organiser sa succession, il va verrouiller le dispositif pour que le prochain guide lui ressemble. Mais ce ne sera certainement pas son fils, malgré les rumeurs, car ce serait très mal vu des Iraniens », note-t-il.
Entre le clan des modérés et le clan des durs, il est clair que la bataille pour la succession a déjà commencé.

 

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commentaires (4)

on s'en fiche des elections iranienne !! DEMOCRATIQUE EN CHOISISSANT DEJA LES FUTURS CANDIDATS HAHA !! et il y a des gens au liban QUI GLORIFIE CETTE DEMCRATIE ... mais ou vas le censer la logique des gens !?!?

Bery tus

15 h 50, le 25 février 2016

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Commentaires (4)

  • on s'en fiche des elections iranienne !! DEMOCRATIQUE EN CHOISISSANT DEJA LES FUTURS CANDIDATS HAHA !! et il y a des gens au liban QUI GLORIFIE CETTE DEMCRATIE ... mais ou vas le censer la logique des gens !?!?

    Bery tus

    15 h 50, le 25 février 2016

  • Tant que les Mollahs géreront le pays, rien ne changera. L'Iran restera dans la merde ou elle s'est fourvoyé et rien ne l'y sortira que si les Mollahs sont immolés sur l'autel de la vraie démocratie et donc banni de faire de la politique.

    Pierre Hadjigeorgiou

    14 h 23, le 25 février 2016

  • Belle présentation de la situation politique de l'Iran Nous, libanais, on s'en fout !!! Rien ne changera quel que soit le résultat des élections bidons de ce pays Notre seul malheur est qu'ils occupent notre pays à travers leur milice : le Hezbollah

    FAKHOURI

    13 h 12, le 25 février 2016

  • L,INTERDIT QUI A FRAPPE PLUS DE LA MOITIE DES CANDIDATS QUI S,ETAIENT PRESENTES REVELE DEJA LE VISAGE DE CETTE THEOCRATIE... L,UNE DES DEUX FACES DE LA MEME MONNIAE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 25 février 2016

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