Années 80, lavallières et coiffures 20’s à Londres

Longtemps parente pauvre de la mode, la scène londonienne s'est forgé, ces dernières années, une réputation d'audace et d'inventivité qui soutient à point nommé un marché local en pleine croissance, employant non moins de 800 000 personnes. La 63e édition de la Semaine de la mode de Londres a été retransmise, du vendredi 19 au lundi 22 février, à travers tout le pays sur 60 écrans installés en plein air, notamment à Picadilly Circus, rendant l'événement accessible à 35 millions de personnes. D'une manière générale, les collections automne-hiver 2016-2017 de cette édition sont marquées par un retour aux années 80, une présence récurrente de la lavallière et une intrusion des Années Folles dans les tendances de la coiffure.
Le premier jour, consacré à la Corée, a commencé très fort avec le créateur J.JS Lee venu de Séoul avec une collection audacieuse mêlant vigueur et sobriété. Ici les couleurs claquent, tout droit sorties du tube, donnant d'emblée la note 80's qui va se poursuivre ici et là tout au long de cette fashion week. Cette monochromie permet de se concentrer sur les effets de couture et de superpositions, jouant sur les volumes et introduisant cet accessoire en passe de devenir le fil rouge des prochaines saisons : la romantique lavallière.
Samedi 20 février, c'est Jonathan Anderson, le nouveau surdoué de la mode britannique, qui présentait une collection d'inspiration à la fois militaire et japonisante, accommodant ces deux tendances reines à la sauce futuriste. Dimanche 21, Alexander McQueen, marque phare s'il en est, faisait son retour sur les podiums londoniens après quatorze ans d'absence. L'éblouissant défilé de la directrice artistique de l'enseigne, Sarah Burton, ancien bras droit d'Alexander McQueen, le fondateur de la marque qui s'est suicidé en 2010, a eu lieu à Lawrence Hall, une salle d'exposition des années 20. Devant un parterre où se bousculaient les personnalités les plus en vue de l'univers de la mode, et notamment de la rédactrice en chef du Vogue américain Anna Wintour, Sarah Burton a déployé de somptueuses robes parsemées de papillons lumineux et d'effets de brillance, des parures étincelantes pour les cheveux et des vestes spectaculaires, marquant le retour à Londres de la marque qui organise habituellement son défilé à Paris.

Sac Patchwork
Lundi 22 avait lieu le défilé très attendu de Burberry, la marque ayant cette année réuni ses trois lignes Brit, Prorsum et London, sous un même label simplifié Burberry. En effectuant cette rationalisation, le directeur artistique Christopher Bailey se posait le défi de mélanger avec bonheur des genres, des inspirations et des matières différentes pour obtenir une identité à la fois multiple et cohérente. L'excentricité de Prorsum twiste le classicisme de Brit et secoue la grisaille de London pour donner, à l'arrivée, une collection inspirée de la scène artistique britannique. Tartan et jacquard restent omniprésents, relevés par des sequins, des franges et de paillettes. L'esprit militaire est toujours à l'honneur, mais sans s'appesantir, entre boutons d'officier, bleu nuit et kaki. Accessoire phare, le sac Patchwork réunit en lui-même tous les codes de la maison.
Donnant sans doute le plus spectaculaire des défilés de cette saison, l'Américain Marc Jacobs fermait cette marche éblouissante en glissant subrepticement Lady Gaga en personne parmi ses mannequins. Dans sa collection tout en noir et gris, et volumes démesurés à la mode des 80's, des flashes de fluo relevaient l'humeur sombre. Là encore, la lavallière tenait la vedette et des compensés immenses féminisaient un ensemble d'une rigueur plutôt masculine. Tout comme le mannequin Kendall Jenner, autre vedette de cette présentation, Lady Gaga arborait une coiffure blond platine crantée d'ondulations, rappelant la mode de l'entre-deux-guerres.