Au moins 127 personnes ont été tuées dimanche dans une série d'attentats spectaculaires revendiqués par les jihadistes de l'Etat islamique dans des zones tenues par le régime en Syrie, alors que Washington continue de pousser pour une trêve en annonçant un accord "provisoire" de cessation des hostilités.
Homs, troisième ville du pays, a été frappée par le plus sanglant attentat du genre sur son sol depuis 2011 avec 59 morts selon une ONG. Au moins 68 autres personnes ont été tuées près d'un sanctuaire chiite au sud de Damas dans une double attaque jihadiste.
Attentats multiples
Le double attentat de Homs a frappé le quartier loyaliste d'Al-Zahra, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a affirmé que la majorité des victimes étaient des civils.
L'EI a indiqué dans un communiqué que deux de ses membres conduisant "deux voitures piégées (..) ont visé des rassemblements" dans le quartier d'Al-Zahra à majorité alaouite, communauté minoritaire à laquelle appartient le président syrien Bachar el-Assad. Ce même secteur a été visé par le groupe le mois dernier.
Il s'agit du bilan le plus lourd pour un attentat du genre dans la ville depuis depuis octobre 2014, lorsque 55 personnes, dont 49 enfants, ont péri dans une double attaque devant une école.
(Voir aussi : Se dire "oui", sous les bombes, de Beyrouth à Homs)
Quelques heures plus tard, une série d'attentats, dont un à la voiture piégée, a secoué une région prés d'un sanctuaire chiite au sud de la capitale. La télévision d'Etat a rapporté 68 morts dans trois attentats dont un à la voiture piégée et deux commis par des kamikazes. "Les attentats ont coïncidé avec la sortie des écoles, tuant plusieurs élèves", a-t-elle précisé.
Fin janvier, au moins 70 personnes ont été tuées dans une triple explosion près du sanctuaire, un attentat revendiqué par l'EI. Le sanctuaire de Sayeda Zeinab est un haut lieu du chiisme qui abrite le mausolée de l'une des petites-filles du prophète Mahomet.
Ailleurs dans le pays, les combats se poursuivent entre les forces du régime et les rebelles très affaiblis, car marginalisés par l'EI et Al-Nosra. D'autres affrontements opposent forces kurdes et jihadistes, ou encore rebelles et jihadistes.
Dans la province stratégique d'Alep (nord), les forces du régime ont réussi à progresser à la faveur d'une offensive lancée le 1er février avec l'appui crucial de l'aviation russe et du Hezbollah. Au moins 50 jihadistes de l'EI ont été tués dans les combats avec l'armée qui avance notamment dans l'est de la province et dans les frappes russes, selon l'OSDH.
En attendant Obama et Poutine
Outre la Russie, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis est aussi impliquée dans le conflit et frappe l'EI depuis 2014. Et depuis une semaine, la Turquie bombarde les forces kurdes syriennes près de sa frontière. Cette situation très complexe rend difficile la mise en application d'un accord qui soit agréé par l'ensemble des protagonistes pour une trêve malgré les efforts de l'ONU et surtout des Etats-Unis.
(Lire aussi : Assad veut être "celui qui aura sauvé la Syrie")
C'est dans ce contexte meurtrier et malgré les échecs des précédentes tentatives d'instaurer un cessez-le-feu dans ce pays ravagé par la guerre, que le secrétaire d'Etat John Kerry a annoncé à Amman "un accord provisoire en principe" avec la Russie sur les modalités d'une trêve, qui "pourrait commencer dans les prochains jours".
"Ce n'est pas encore fait et je prévois que le président (Barack) Obama et le président (Vladimir) Poutine, pourraient bien se parler dans les prochains jours afin de tenter d'achever ce travail", a-t-il ajouté.
Pourtant Moscou, soutien indéfectible du régime de Bachar el-Assad, a prévenu samedi qu'il continuerait d'aider ce dernier à combattre les "terroristes".
"Nous sommes plus proches aujourd'hui d'un cessez-le-feu", a quand même assuré M. Kerry qui plaide depuis plusieurs jours auprès de Moscou pour la mise en oeuvre d'une trêve avec notamment l'arrêt des frappes russes.
La multiplication des protagonistes, les divisions internationales et la montée en puissance des groupes jihadistes Etat islamique et Front Al-Nosra, ont miné les efforts pour un règlement du conflit qui a fait en près de cinq ans plus de 260.000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population.
Une trêve censée entrer en vigueur vendredi dernier conformément à un accord international parrainé par Moscou et Washington a été complètement ignorée. Avec le régime jugeant difficile sa mise en application, l'opposition syrienne posant des conditions quasiment irréalisables et les groupes jihadistes hors de contrôle, il est difficile de concevoir un cessez-le-feu.
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commentaires (10)
Je ne comprend pas la haine de certains qui rient de voir des civils tués en représailles à des bactéries éradiquées sur un terrain purement militaire . On ne devrait jamais rire de la mort de civils pour des revers militaires , jamais . Les civils c'est nous , ça pourrait nous arriver .
FRIK-A-FRAK
00 h 15, le 22 février 2016