Le Hezbollah pour l’aménagement provisoire de décharges

Le bloc parlementaire du Hezbollah a planché sur une série de questions d'actualité, allant de la crise des déchets jusqu'aux conditions américaines imposées aux banques libanaises, en passant par le dossier de la prospection gazière et pétrolière en Méditerranée, au cours de sa réunion hebdomadaire qu'il a tenue hier en son siège à Haret Hreik, sous la présidence de Mohammad Raad.
Pour ce qui est de la crise des déchets, le parti de Hassan Nasrallah a invité le gouvernement à « mettre en place des décharges, mais à titre provisoire, dans les cazas et les mohafazats », non sans avoir auparavant exprimé ses regrets pour « la tournure décevante prise par le processus d'exportation des déchets ». Il a dans le même temps invité le Conseil des ministres à se dépêcher de concrétiser son plan d'application du concept Waste to Energy, ou la transformation des déchets en énergie.
Le Hezbollah a par ailleurs invité les autorités à « protéger la souveraineté nationale et à se conformer aux exigences d'une telle entreprise, dans les domaines politique, de sécurité, militaire, économique et bancaire, ainsi qu'au niveau des relations extérieures, des accords et des conventions ». Il reprend ainsi indirectement les injonctions de son chef, Hassan Nasrallah, aux banques libanaises, à qui il avait demandé il y a quelques semaines de ne pas tenir compte des conditions imposées par les États-Unis sur les transactions financières.
Concernant la prospection gazière en Méditerranée, le bloc a affirmé vouloir attirer l'attention du gouvernement sur l'accord conclu « entre l'entité sioniste (Israël) et les autorités chypriote et grecque pour établir un pipeline entre la Palestine occupée et l'Europe ». Il a dit principalement redouter que le pipeline envisagé ne traverse la zone économique exclusive libanaise, « d'autant que celle-ci avait été illégalement rongée par les sionistes et qu'il n'existe pas d'accord entre le Liban et Chypre pour la délimitation de leurs zones respectives ».

Kassem : Légiférer d'abord...
Sur un autre autre plan, le numéro deux du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a appelé les députés à « se rendre au Parlement pour légiférer, tout en laissant la présidentielle pour le moment propice ». Le cheikh Kassem, qui s'exprimait dans le cadre d'une cérémonie funéraire, a ajouté que son parti souhaite un Liban indépendant ayant des relations internationales politiques et financières. « Nous demandons que le Liban ait des relations internationales, arabes et islamiques avec tous les pays qui appuient nos droits et nos demandes, a déclaré cheikh Kassem. Mais nous refusons que des pays utilisent le Liban comme une scène pour régler des comptes ». « Notre problème avec le camp adverse, a encore affirmé le cheikh Kassem, est qu'il veut faire du Liban un émirat saoudien. Nous autres nous voulons que le Liban soit aux Libanais. Si le dossier présidentiel a été un problème à un moment donné, c'est à cause de la position de (l'ancien) ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal. Tout le monde sait qu'à cette époque, Saad Hariri voulait trouver une solution à ce dossier, mais les ordres royaux l'en ont empêché. Est-ce cela le patriotisme : recevoir des instructions de l'étranger et les exécuter même si elles sont contraires aux intérêts du Liban ? » Par contre, selon lui, le Hezbollah ne reçoit pas d'instructions de l'extérieur...
M. Kassem a estimé que les forces politiques au Liban sont divisées en deux : un courant qui appuie le projet de la résistance qui passe par la Syrie jusqu'à l'Iran et partout où il y a de la résistance, et un autre qui passe par l'Arabie jusqu'aux États-Unis, tout en flirtant avec Daech et en séduisant jusqu'à un certain point les Israéliens. Chaque courant a ses justifications et sa logique. « Mais lorsqu'on nous accuse d'intervenir en Syrie, a déclaré Kassem, nous disons que nous ne sommes pas les seuls à le faire. Les deux courants sont présents en Syrie, mais c'est celui des États-Unis qui a commencé à le faire et qui a échoué. Notre projet a par contre enregistré des victoires et cela a eu des répercussions politiques sur le Liban. Ce n'est donc pas notre faute si Dieu nous a permis d'enregistrer des victoires en Syrie... Nous voulons la stabilité du Liban et ils veulent le déstabiliser par le biais de la Syrie... Si le Liban jouit actuellement d'une certaine stabilité, c'est à cause de notre participation aux combats en Syrie... »