Rechercher
Rechercher

Lifestyle - La mode

Le songe indien d’Élie Saab

Opulente, majestueuse, en un mot impériale, la nouvelle collection printemps-été 2016 présentée par Élie Saab lors de la Semaine parisienne de la haute couture découle d'un rêve indien. Se projetant littéralement hors de sa zone de confort, le créateur libanais s'est aventuré dans l'Inde (ou plutôt « les » Indes) du début du XXe siècle, fleuron de la couronne d'un empire britannique à son apogée.

À la source de l'inspiration d'Élie Saab, le journal d'une jeune aristocrate anglo-irlandaise, lady Lilah Wingfield, qui eut la chance d'être invitée à l'intronisation de Georges V à Delhi. Une cérémonie qui donna lieu à l'un des plus grands darbars jamais organisés dans cette ville qui fut, à cette occasion, déclarée nouvelle capitale de l'Inde. Lilah Wingfield avait pris le bateau jusqu'à Bombay, arrivant à Delhi au bout de deux jours et deux nuits en train. Le darbar du sacre, donné au Fort Rouge de Delhi, avait rassemblé des centaines de milliers de personnes venues de tout le pays rendre hommage au nouvel empereur. Tant et si bien que les invités avaient été logés dans un gigantesque et luxueux campement au pied du Fort Rouge où se donnait une historique garden-party.
Dans son journal, Lilah Wingfield décrit la fête : « Les dames anglaises en chapeaux et bijoux exquis qui brillent au soleil (...) Maharanis et dames indiennes en sari de toutes les couleurs, tous créant un grand corps à corps scintillant au milieu des merveilleux bâtiments en marbre blanc finement sculpté du Diwan-i-Khas. » Quand elle s'aventure plus profondément au cœur du pays, à Udaipur, elle témoigne de « la pureté éblouissante et de la symétrie des piliers de marbre blanc sur les cours pavées, entrecoupées de palmiers gracieux aux travers desquels on entrevoit le bleu du ciel et du lac ».

Georgette superstar
Après les lourdeurs et solennités de l'ère victorienne, notre jeune Anglaise s'épanouit dans une époque plus espiègle où l'élégance se mêle au confort et l'opulence aux lignes pures. Ce début de siècle, avec ses progrès techniques, facilite le voyage et la tentation du voyage. Dans la nouvelle collection haute couture d'Élie Saab, les tissus s'adaptent à ce nouveau climat : mousseline de soie et crêpe georgette permettent une plus grande souplesse pour une attitude sportive, mobile et dynamique. Les silhouettes, matières, couleurs et détails se mixent, invitent des accents précieux au quotidien. Des bombers flirtent avec une dentelle et un imprimé de fleurs, éléments emblématiques de la maison. Des shorts font écho à des pantalons en dentelle, tout en transparence ; ils se portent avec des chemisiers en soie dont les cols, doublés de nœud, réinterprètent la lavallière. Des robes en broderie anglaise côtoient des pièces en cuir perforé de fleurs.
L'univers végétal devient graphique : l'imprimé superpose fleurs colorées et rayures noires et blanches, qui affinent la silhouette. Il se décline sur une robe en guipure imprimée, une blouse en crêpe georgette, une combi-short en kadi. Son effet vitaminé rythme, ici, le défilé pour répondre à un imprimé pop.
Une nouvelle ligne de sacs, Le 31, reprend les codes de la Maison Élie Saab : sa forme carrée, surmontée d'un fermoir facetté, se décline en trois modèles.
Cloutées ou tressées, les chaussures soulignent la diversité de la collection accessoires.
Un élan que l'on retrouve au contact des bijoux composés de formes colorées ; ces derniers regroupent manchettes, boucles d'oreilles et sautoirs.

 

(Lire aussi : Élie Saab joue avec ses propres codes )

 

Architecture et liberté
Passionné d'architecture, Élie Saab n'a pas résisté à la tentation de faire de sa nouvelle collection un prétexte de choix pour décliner dans un éblouissement de perles, de broderies et de dentelles les motifs élaborés des temples et des palais indiens. Des anciennes capitales aux grandes étendues de la campagne, en passant par les marchés animés de Bombay, une palette de couleurs apparaît dans des tonalités d'argile, de gris argent, de rose anglaise, de vert foncé et de bleu. Les accessoires évoquent l'esprit explorateur : chaussures plates en cuir travaillé et sacs cartables contrastent avec les bijoux de têtes ornés, teintés d'influences nouvelles. Structure et légèreté se répondent dans cette collection au fur et à mesure du parcours initiatique de l'aventurière. Confrontée à de nouveaux horizons et à de nouvelles esthétiques, elle se trouve à la frontière du non-conventionnel et de la modernité. Et c'est alors qu'elle s'affranchit de son allure retenue dans ce vaste paysage aux multiples couleurs, propice à la liberté et à l'audace.

Tuniques droites
Sans effort, avec style, la femme Élie Saab s'affranchit : elle mixe pièces de jour et robes du soir, imprimés et attitudes pour composer une silhouette inspirée. Les tuniques droites à la taille légèrement marquée suggèrent les volumes de l'allure victorienne encore sensible, mais les silhouettes, accentuées par l'asymétrie, les drapés et la densité des matières, deviennent longilignes.
Et sans doute, l'allusion à Georges V n'est-elle pas un hasard dans ce féerique déploiement de luxe et de savoir-faire, sachant que le navire amiral d'Élie Saab, son point de vente le plus représentatif, est logé 31, avenue Georges V à Paris, dans le voisinage direct du palace Four Seasons du même nom.

 

Pour mémoire
Une seconde enseigne Élie Saab à Paris

Dans une féerie onirique, l'hommage d'Élie Saab à Beyrouth

À la source de l'inspiration d'Élie Saab, le journal d'une jeune aristocrate anglo-irlandaise, lady Lilah Wingfield, qui eut la chance d'être invitée à l'intronisation de Georges V à Delhi. Une cérémonie qui donna lieu à l'un des plus grands darbars jamais organisés dans cette ville qui fut, à cette occasion, déclarée nouvelle capitale de l'Inde. Lilah Wingfield avait pris le bateau...

commentaires (1)

Création et créativité à l'étranger, improvisation et corruption au pays!!Drôles de Libanais !!!???.

Pierre El-Fady

12 h 41, le 17 février 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Création et créativité à l'étranger, improvisation et corruption au pays!!Drôles de Libanais !!!???.

    Pierre El-Fady

    12 h 41, le 17 février 2016

Retour en haut