Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Entretien

Hervé de Charette : « La Syrie est le plus gros échec de Laurent Fabius »

L'ancien ministre français des Affaires étrangères Hervé de Charrette revient pour « L'Orient-Le Jour » sur le bilan de son successeur, Laurent Fabius.

Jacky Naegelen/Reuters

Ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, aujourd'hui président de la Chambre de commerce franco-arabe, Hervé de Charette dresse un bilan sans détour des quatre années passées par Laurent Fabius au Quai d'Orsay. Ce dernier aura parcouru plus de 20 000 Km par an pour faire entendre la voix de la France à travers le monde. Poids lourd de la gauche française, l'ancien Premier ministre laisse un bilan en demi-teinte, marqué par son échec au Moyen-Orient.

Quels sont les réussites majeures que l'on retiendra de ces quatre dernières années ?
Je vais vous citer deux succès remarquables. Il a lancé le concept de la diplomatie économique. C'est son succès majeur. La situation du commerce extérieur français était désastreuse quand il est arrivé. Il a fait ce que ses prédécesseurs ont souvent rêvé, c'est-à-dire le rattachement du ministère du Commerce extérieur à celui des Affaires étrangères. Il a pris dans ce domaine beaucoup d'initiatives qu'il faut saluer, dans le domaine du tourisme, par exemple. Il s'est battu pour l'ouverture des magasins le dimanche dans les zones touristiques.
Il y en a un autre, très important, c'est le succès de la COP21. Copenhague avait été un échec très grave. On était sorti sans engagements sérieux. La France s'était accrochée à ce sujet puisqu'elle avait demandé et obtenu que la COP21 soit organisée par la France et se tienne à Paris. Laurent Fabius en a fait un objectif majeur. La France a démontré sa capacité d'organiser une très grande conférence internationale, très difficile à mener à bien en raison de la contradiction des intérêts des différents pays. Le succès obtenu a été salué par le monde entier.


(Portrait : Laurent Fabius, trente ans de carrière mouvementée)

 

Membre du « club des vingt » qui publie « Péchés capitaux : 7 impasses de la diplomatie française » (éditions du Cerf, 2016), vous critiquez fortement les orientations de la politique étrangère de la France depuis une dizaine d'années. Vous dites notamment : « La France semble avoir perdu l'indépendance et l'intelligence des situations qui lui donnaient un rôle à part. » Expliquez-nous ?
Cette réflexion ne concerne pas particulièrement Laurent Fabius. Elle concerne les orientations de la politique étrangère de la France depuis 2007. Depuis l'élection de Sarkozy, dont les orientations ont été globalement suivies par François Hollande. Qu'est-ce que nous voulons ? Être les meilleurs alliés des États-Unis et prendre la place traditionnelle des Britanniques ? Ou est-ce que nous voulons faire valoir notre propre vision du monde et notre indépendance nationale ? Ça a été la politique étrangère française hissée par le général de Gaulle et poursuivie par ses successeurs, Valéry Giscard d'Estaing, bien sûr, François Mitterrand et à beaucoup d'égards Jacques Chirac. Ce débat existe, et il n'est pas résolu par l'arrivée d'un nouveau ministre.

Pourquoi s'est-il montré si dur au cours des négociations sur le nucléaire iranien ? A-t-il été un frein dans le rapprochement avec l'Iran ?
La France a eu dans cette négociation avec l'Iran le mauvais rôle, c'est un fait et ce n'était pas conforme à nos intérêts. Nous devrions avoir comme objectif de renouer avec l'Iran pour qu'il reprenne toute sa place dans la communauté internationale. Il était nécessaire qu'il cesse de se retrouver dans cette situation marginalisée dès lors qu'il renonçait à ses projets militaires nucléaires. L'intérêt de la France était de retrouver la place tout à fait particulière qu'elle avait traditionnellement avec l'Iran sur les plans politique, diplomatique, culturel et économique.

Quelles ont été les erreurs de François Hollande et de Laurent Fabius en Syrie ?
Tout d'abord ce conflit constitue non seulement un drame pour le peuple syrien mais c'est aussi un élément qui entraîne pour la France et pour l'Europe des conséquences d'une extrême gravité. Aussi bien au niveau de la sécurité de nos populations que des conséquences d'un flux migratoire que personne n'arrive à contrôler. La résolution de la crise syrienne est aujourd'hui la priorité majeure, c'est le plus gros échec de Laurent Fabius.
Était-ce une bonne idée de rompre totalement avec le régime de Bachar en s'interdisant tout contact avec lui ? N'aurait-il pas mieux fallu exercer des pressions fortes sur le pouvoir syrien et ainsi contribuer davantage à la solution des problèmes à résoudre ? La France aurait intérêt à profiter du fait qu'un nouveau ministre s'installe au Quai d'Orsay pour faire un état des lieux, faire un bilan de ses choix.


(Pour mémoire : Fabius n'envisage plus un départ de Bachar el-Assad avant une transition politique)

 

Autrefois partisan d'une « solution à deux États » sur le conflit israélo-palestinien, M. Fabius n'aura pas marqué ce dossier de son empreinte ?
C'est la panne sèche. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il ne se passe rien. On ne peut pas en imputer la charge à la France. De toute évidence, Israël ne veut céder en rien. Ils ne sont demandeurs d'aucune nouvelle négociation, ce n'est pas nouveau. Israël est tout simplement désireux de continuer la même politique d'implantation en Cisjordanie. La solution de paix ne pourra venir, je le crains, que d'une très forte volonté exprimée par la communauté internationale.

Que peut-on souhaiter à Jean-Marc Ayrault pour la dernière année du quinquennat ?
Il faut résoudre la crise syrienne, c'est là qu'est la priorité. La France doit jouer un rôle majeur dans ce dossier, pour cela elle doit modifier sa façon de faire et envisager le dialogue avec les acteurs syriens.

 

Repère
Syrie : la position française depuis le début du conflit

Lire aussi
La France doit-elle impliquer l'armée syrienne dans la lutte contre l'EI ?

Il faut renouer avec les services syriens, estiment d'anciens responsables français

Ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, aujourd'hui président de la Chambre de commerce franco-arabe, Hervé de Charette dresse un bilan sans détour des quatre années passées par Laurent Fabius au Quai d'Orsay. Ce dernier aura parcouru plus de 20 000 Km par an pour faire entendre la voix de la France à travers le monde. Poids lourd de la gauche française, l'ancien...

commentaires (1)

Hervé de Charette : « La Syrie est le plus gros échec de Laurent Fabius » IL AURAIT REUSSI SI LES MIRAGES AVAIENT BOMBARDEE DES CIBLES CIVILES COMME LES SUKHOI DU GANGSTER ROSSDOMONGOL PUTIN ? OU BIEN EN LIVRANT DES MISSILES SOLS AIRS AUX REBELLES EN BRAVANT/DEFIANT L'INTERDIT DU MONSTRE AMERICAIN? ARRETE DE DIVAGUER SIRE DE CHARETTE. LA CRITIQUE EST AISEE ET L'ART DE LA DIPLOMATIE A L'ERE DE L'HEGEMONIE YANKEE TRES DIFFICILE.

Henrik Yowakim

05 h 28, le 14 février 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Hervé de Charette : « La Syrie est le plus gros échec de Laurent Fabius » IL AURAIT REUSSI SI LES MIRAGES AVAIENT BOMBARDEE DES CIBLES CIVILES COMME LES SUKHOI DU GANGSTER ROSSDOMONGOL PUTIN ? OU BIEN EN LIVRANT DES MISSILES SOLS AIRS AUX REBELLES EN BRAVANT/DEFIANT L'INTERDIT DU MONSTRE AMERICAIN? ARRETE DE DIVAGUER SIRE DE CHARETTE. LA CRITIQUE EST AISEE ET L'ART DE LA DIPLOMATIE A L'ERE DE L'HEGEMONIE YANKEE TRES DIFFICILE.

    Henrik Yowakim

    05 h 28, le 14 février 2016

Retour en haut