Après avoir voyagé et filmé les rivages les plus lointains, vous revenez chez vous et vous filmez « L'Amour tout court ». Pourquoi ce film ?
J'ai toujours été en contact avec l'Arche, Jean Vanier et son équipe. En 1996, j'avais filmé le quotidien, les situations de crises, les fous rires... Mais l'amour et le sexe n'existaient pas... Vingt ans après, grâce au travail de Jean Vanier, ces problématiques sont devenues incontournables. L'Amour tout court raconte l'histoire d'un couple de personnes avec un handicap mental. Aurélie et Cyril se sont mariés et vivent en couple, accompagnés par l'Arche à Paris. Aurélie vit en semaine au foyer et rejoint son mari chez eux le week-end. Elle travaille dans un atelier spécialisé et prend tous les jours les transports en commun. Elle est donc confrontée à la vraie vie, au regard panique des autres, mais aussi à la satisfaction de réaliser par le travail une partie de sa vie... Le film raconte leur quotidien à la maison et à l'Arche, et la visite du foyer de l'Arche de Paris à Trosly-Breuil pour rencontrer Jean Vanier lors d'un déjeuner festif. Dans La Vie tout court, je n'avais pas voulu filmer Vanier, car je voulais être au plus près des personnes avec un handicap. Dans L'Amour tout court, j'ai pensé que sa parole pouvait nous éclairer sur bien des aspects de son expérience humaine et spirituelle...
Vanier est, pour moi, un précurseur. C'est lui, le premier, me semble-t-il, qui a prôné le vivre-avec et non juste s'occuper de...
Dans chacun de vos films, vous essayez de relever des défis formels. Comment filmez-vous ?
J'ai cherché à recréer une réalité humaine en la filmant à travers les miroirs. Avec mon directeur de la photographie, Marc-André Batigne, nous éclairons les personnages souvent avec des lumières et des couleurs chaudes et même kitsch, car à mon sens l'artifice peut conduire à une forme de vérité. Par ailleurs j'ai demandé au compositeur Denis Lefdup d'écrire une musique joyeuse, une forme de valse, de ritournelle de cirque, parce que si la vie de mes héros est dure, elle n'est jamais triste...
Dimanche 14 février à 11h30 sur France 2.
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