En dépit du lancement de la conférence de Genève 3, même à un niveau minimal, l'évolution de la situation dans la région reste incertaine. Jusqu'à présent, malgré les analyses des uns et des autres, on ne peut pas parler d'un camp vainqueur et d'un autre vaincu. C'est donc cette ambiguïté qui entrave les solutions, puisque chaque camp continue de croire qu'il peut rafler la mise. Les Saoudiens voudraient bien concentrer la confrontation entre le monde arabo-musulman et l'Occident, d'un côté, et l'Iran et son axe, de l'autre. Mais la situation s'est un peu compliquée pour eux avec l'arrivée de la Russie sur la scène du Moyen-Orient. Pour l'instant, l'intervention russe dans la région se concentre en Syrie, mais elle a déjà changé la donne dans ce pays, en permettant au régime syrien de se maintenir en place, de protéger les régions qu'il contrôle déjà et d'élargir plus son influence en progressant sur tous les fronts à la fois, du nord-ouest, dans la province de Lattaquié, jusqu'au sud-est, dans la province de Deraa.
Les Russes sont même entrés dans un conflit « à fleurets mouchetés » avec la Turquie et leur aviation effectue chaque jour des dizaines de raids sur les positions des rebelles. Malgré cela, les analystes prosaoudiens ou proaméricains continuent à douter de la poursuite du soutien russe au régime de Bachar el-Assad, estimant que ce soutien ne peut pas se poursuivre indéfiniment, en raison notamment de la crise économique russe et des sanctions européennes. Pour éviter d'ouvrir la voie à une remise en cause de cette position, les médias prosaoudiens ou proaméricains ont ainsi totalement occulté la dernière conférence de presse du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, tenue le 26 janvier. Il s'agit pourtant d'une conférence de presse annuelle ouverte à tous les médias et les journalistes en poste à Moscou (il y avait donc 150 représentants de tous les médias), qui dure environ trois heures et au cours de laquelle le ministre évoque tous les sujets de politique étrangère, donne son évaluation de ce qui s'est passé au cours de l'année écoulée et les perspectives de la politique étrangère russe pour l'année qui commence. C'est dire qu'il s'agit d'un rendez-vous de presse annuel de la plus haute importance. Mais cette année, aucun média étranger n'en a parlé. Il a donc fallu attendre l'analyse rapportée dans le Russia Insider pour comprendre un peu mieux la politique étrangère russe et sa vision du monde. Le texte est important à lire et il met pratiquement un terme aux spéculations sur une éventuelle lassitude russe ou sur la possibilité de changer de cap en politique étrangère suite aux difficultés économiques.
Selon l'analyste russe, M. Lavrov a parlé librement, sans faire usage d'un langage diplomatique et il suppose qu'il a dû recevoir des instructions en ce sens de la part de son patron, Vladimir Poutine. L'analyste expose ensuite de larges extraits de la conférence de presse pour montrer l'argumentation du ministre, donnée sans notes préparées, et basée sur un mélange d'intérêts nationaux et de réalisme politique. L'idée principale développée par Serguei Lavrov est la suivante : désormais, le monde unipolaire est fini et nous nous trouvons face à un monde multipolaire où les relations entre les États doivent être basées sur le respect de leurs intérêts nationaux propres et la non-ingérence dans les affaires internes des autres. L'élément nouveau dans cette approche est que pour M. Lavrov, les États-Unis sont la puissance qui entrave le renouvellement de la gouvernance mondiale en voulant à tout prix maintenir leur hégémonie sur les institutions internationales et sur leurs alliés en Europe et en Asie par exemple. Il a aussi précisé que l'ère des marchandages est terminée.
La Russie n'acceptera donc pas par exemple un échange entre l'Ukraine et la Syrie. Même si les sanctions européennes sont levées, il ne croit pas qu'il y aura de nouveau le même niveau de coopération économique avec les pays européens. Il a aussi parlé de la création de la Banque des pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et d'un système bancaire qui concurrence le swift (qui donne la suprématie aux États-Unis dans tous les transferts de fonds en dollars dans le monde). Bien entendu, le processus doit prendre du temps, mais il est déjà mis sur les rails. Il a aussi appelé les États à se libérer de leurs chaînes par rapport aux États-Unis. Bref, il a évoqué un monde nouveau où il faudra prendre en compte les intérêts de la Russie, face à la fin de l'hégémonie américaine sur le monde... Un message clair à ceux qui misent sur un désengagement russe en Syrie... et ailleurs.
Il faut disserter sur l'évolution de cette Moscovie poutinienne avec ses craquements, ses fugaces engouements, ses épouvantables bombardements et tout le restant. Par 1 témoignage, non sur cette semi- puissance telle qu'elle est perçue, mais plutôt tel qu'elle est. Ce qui implique d'ailleurs de la vraie prescience et non des erreurs d'appréciation…. ! Il apparait alors combien cette Petite-Russie et ses "capacités" Gnomes ne prennent pas le temps de réfléchir, et ne distinguent qu'évasivement ce qui peut être conséquent de ce qui s'avère surely évanescent. Aussi combien une ex-Grande-Russie est irremplaçable pour cristalliser les fantasmes d’1 Moscovie Naine et de ses "capacités" Nabotes ; ses tabous ou bien sûr ses dominances autocrates. A condition, pour ces "capacités" pâmés, de demeurer ne fut-ce qu’un peu généreux. Un méli-mélo ? Oui, en vrai, puisque ce glacis c'est d'abord des fragments qui s'amalgament selon moult infinies combinaisons. Une succession changeante de sociétés Sibériennes-disparates et imbues d’elles-mêmes, qui modifient sans cesse les perspectives et les lignes à l’envie. De frissons émotionnels aussi glacés, qui vont jusqu'à provoquer des poussées de bombardiers plus que violentes ! Et, pour que la description soit complète, il ne manque guère qu'1 charivari "d'il n’y a qu’à" ineptes, de banalyses balancées et de sirènes fredonnées : soit le bruitage d’une fin d’époque poutinienne, ou d’une "pensée stratégique" extrême-sibérienne.
15 h 57, le 03 février 2016