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Moyen Orient et Monde - Analyse

Algérie : vers une nouvelle approche stratégique régionale ?

Si, après une longue période d'effacement, la diplomatie algérienne pouvait redevenir centrale dans la stratégie d'endiguement du terrorisme, la coopération régionale se heurterait néanmoins à d'importantes limites.

Des membres de l’Aqmi dans le sud de l’Algérie. Photo AFP

Dans un contexte volatil marqué par la montée en puissance du terrorisme, l'Algérie a renforcé sa politique sécuritaire et revitalisé sa diplomatie régionale.
Situé au cœur de l'arc de violence, le pays est confronté à une menace hybride renforcée par le chaos libyen et l'instabilité des États faillis, comme le Mali, le Niger et la Mauritanie. Pour répondre aux tentatives de déstabilisation interne de groupes armés qui ont démontré leurs capacités opérationnelles sur le sol algérien et leur force de frappe, y compris dans les zones militarisées, la nouvelle politique algérienne s'est traduite par un accroissement continu des dépenses liées à la défense et visant à parachever la modernisation et la professionnalisation des forces armées pour sécuriser les frontières et le territoire. Ce processus de modernisation s'est accompagné d'une refonte totale des services de renseignements, à travers le démantèlement du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) remplacé par une nouvelle structure sous contrôle du président de la République, la Direction des services de sécurité (DSS), qui centralise désormais l'ensemble des sections chargées du renseignement en Algérie.

Parallèlement à ces développements accélérés sur le plan interne, Alger, préoccupé par les questions de sécurité de l'espace sahélo-saharien, a conduit une politique régionale dynamique pour s'imposer comme intermédiaire incontournable dans la résolution des crises régionales. Le processus de négociation entre le pouvoir central à Bamako et les factions touaregs du nord du Mali, conduit par l'Algérie et ayant abouti à un accord de paix entre les parties en juin 2015, illustre parfaitement le succès de cette orientation. Pourtant, selon Laurence Ammour, analyste algérienne en sécurité internationale et défense (pour l'Afrique du Nord-Ouest et le Sahara-Sahel), entre 2011 et 2014, l'influence de l'Algérie au niveau régional avait nettement reculé, au point que sa position en retrait et son inaction diplomatique avaient suscité les interrogations de ses voisins du sud.


(Pour mémoire : Algérie : un conflit présidence-armée ?)

 

Crainte d'une contagion
Selon cette analyste, « cette passivité s'explique par la surprise qu'ont représentée les soulèvements en Tunisie, en Égypte et en Libye, comme la crainte d'une contagion à l'Algérie. Incapable de s'adapter au nouvel environnement stratégique régional et international émergent, le gouvernement algérien n'a pas su profiter de l'occasion pour combler le vide de pouvoir créé par l'élimination de Mouammar Kadhafi. Ce positionnement masquait en réalité les luttes internes au sommet du pouvoir qui ont freiné sa capacité d'action et affaibli son leadership régional ».

Laurence Ammour rappelle qu'au moment où le Mali était confronté à une grave crise politique et à un risque sérieux de partition, et alors que la Libye s'enfonçait inexorablement dans une instabilité croissante, les luttes de clans internes au niveau du pouvoir, renforcées par la perspective des élections présidentielles de 2014, ont empêché l'Algérie d'assumer ses responsabilités d'acteur pivot dans les affaires de sécurité régionale. « Les suites de l'opération Serval (lancée en 2013 par l'armée française au Mali), associées à la détérioration rapide de la situation en Libye, ont créé un contexte volatile qui aurait pu obliger Alger à s'engager dans une stratégie antiterroriste nouvelle en Afrique du Nord comme au Sahara-Sahel. Mais rétive à la militarisation du Sahel par la France et les États-Unis, l'Algérie a continué d'invoquer la solution politique aux crises saharo-sahéliennes. Cela s'explique en grande partie par une doctrine de défense ancrée dans la Constitution, qui interdit toute intervention militaire sur un sol étranger », explique-t-elle. Or le refus d'Alger de déroger à l'application de cette doctrine de défense, composante centrale de sa stratégie militaire, pour intervenir contre l'Aqmi (el-Qaëda au Maghreb islamique) depuis le territoire des pays voisins l'y ayant invité, a suscité de vives critiques et semé le doute quant à sa volonté réelle de s'engager fermement dans la lutte régionale contre le terrorisme.

Ces critiques passent cependant sous silence le danger d'une déstabilisation qui guette le sud du pays et le fait qu'une intervention extérieure de l'Algérie l'exposerait à une menace sur son propre territoire. Comme le rappelle Richard Labévière, expert des questions internationales et stratégiques, l'Algérie ne peut cautionner des aventures militaires au risque d'une évolution qui entraînerait le pays dans une situation chaotique, similaire à celle de la décennie noire du terrorisme, d'autant que le danger n'a pas été totalement éradiqué. Ainsi en témoignent la montée régulière de nébuleuses du groupe Mourabitoun, la présence sur le territoire algérien du chef de l'Aqmi (toujours réfugié dans les montagnes de Kabylie), ou encore la prolifération au sud de gangs jihadistes répartis dans la zone saharienne, et qui constituent tous des facteurs d'instabilité.

Regroupement régional
Laurence Ammour relève également un problème structurel qui, dans ce contexte de violence généralisée, constitue un frein à toute stratégie efficace de sortie de crise. La coopération régionale resterait, selon elle, quasiment au point mort, notamment en raison de la rivalité entre le Maroc et l'Algérie au sujet du territoire du Sahara occidental.
« Ce dossier a toujours été et reste un enjeu de politique intérieure, instrumentalisé par les dirigeants maghrébins dont la vulnérabilité politique reste le moteur de leurs politiques. Tous deux arc-boutés sur leur nationalisme respectif, ces pays continuent de pratiquer la survalorisation des constructions mémorielles: pour le Maroc, au nom de droits historiques datant de la suzeraineté du palais sur des tribus ayant fait allégeance au prince ; pour l'Algérie, au nom de la décolonisation et de la libération des peuples du tiers-monde ». Pour l'analyste, la concurrence diplomatique et stratégique, de même que la course au leadership régional entre Rabat et Alger, entravent toute dynamique de regroupement régional.

Mais Richard Labévière estime de son côté que les deux pays n'ont ni la même approche ni la même méthodologie. Alors que le Maroc déploie une diplomatie d'influence économique, l'Algérie joue la carte du règlement des crises. Il rappelle que « l'Algérie est dotée d'une grande expérience dans le domaine de la lutte antiterroriste ; c'est un pays pionnier qui a très tôt développé une stratégie de résistance au terrorisme ». Le fait pour l'Algérie d'avoir fait face très tôt au premier califat ancêtre de Daech (acronyme arabe de l'État islamique), proclamé durant la décennie sanglante, a amené le pays à s'adapter précocement à cette nouvelle réalité et à réorienter ses services de renseignements dans le sens de l'infiltration.

 

(Pour mémoire : L’Algérie, une nation toujours à la recherche de ses institutions)

 

Pas de nouveau Bouteflika après Bouteflika
Ainsi, pour Laurence Ammour, il est encore trop tôt pour évaluer les orientations du nouveau service de renseignements, le DSS, et pour savoir si elles engendreront une remise en question de la doctrine de défense algérienne au niveau régional. Pour Richard Labévière, en revanche, les aménagements d'organigramme liés aux tensions politiques qui accompagnent le processus de succession en Algérie ne modifieront pas les options régionales et internationales du pays. « L'Algérie a engagé un processus de réforme économique et institutionnelle pour entrer dans la deuxième République, processus qui va marquer le glissement du pouvoir présidentiel vers un Premier ministre, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de nouveau Bouteflika après Bouteflika. Quelle que soit l'opacité du processus de succession et le manque de communication, il faut coopérer avec l'Algérie qui enregistre une réussite indéniable et une expérience depuis la décennie sanglante », explique le spécialiste.

Mais pour Mme Ammour, toute possibilité de coopération régionale reste bloquée dans la mesure où le problème de fond est celui de l'incapacité des acteurs à envisager d'abandonner une partie de leur souveraineté, cette situation favorisant la méfiance et une vision menaçante de l'autre. « Dans une telle situation, il ne peut y avoir aucun transfert de compétence à l'échelon supranational, du moment que chaque État pratique la domestication de sa politique étrangère pour en faire une source interne de légitimité politique. C'est d'ailleurs ce qui explique que l'Uma (Union du Maghreb arabe) ne soit qu'une organisation fantôme », estime-t-elle.

 

Pour mémoire
Les préparatifs de l'après-Bouteflika s'accélèrent

Quel avenir pour une Algérie aujourd’hui dans l’impasse ?

Dans un contexte volatil marqué par la montée en puissance du terrorisme, l'Algérie a renforcé sa politique sécuritaire et revitalisé sa diplomatie régionale.Situé au cœur de l'arc de violence, le pays est confronté à une menace hybride renforcée par le chaos libyen et l'instabilité des États faillis, comme le Mali, le Niger et la Mauritanie. Pour répondre aux tentatives...

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Des membres de l’Aqmi dans le sud de l’Algérie QUAND LES ETATS GANGS "LAIQUES" QU'ILS ALGEREIENS OU SYRIENS PLUS CONNUS SOUS LE NOM D'ETATS POLICIERS SEMENT LA TERREUR D'ETAT ET SE MAINTIENNENT AU POUVOIR PAR LES ASSASSINATS PPOLITIQUES IL EST TOUT A FAIT NATUREL QU'ILS RECOLTENT DES LEGIONS DE MONSTRES DEGUISEES EN COMBATTANTS DE LA FOI ISLAMIQUE. POUR SOLUTIONNER LE BLEM IL NE SERT A RIEN DE S'INDIGNER : SEUL D'ETAT DE DROIT CIVIL ET DES DROITS DE L'HOMME POURRONT ASSECHER LES SOURCES DE CETTE NOUVELLE PESTE NOIRE QUI SEVIT SOUS LE NOM DE DES AQMI ,DES NOSRA, DES BOKO HARAM ET AUTRES AL QAIDA .

Henrik Yowakim

21 h 46, le 01 février 2016

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Commentaires (1)

  • Des membres de l’Aqmi dans le sud de l’Algérie QUAND LES ETATS GANGS "LAIQUES" QU'ILS ALGEREIENS OU SYRIENS PLUS CONNUS SOUS LE NOM D'ETATS POLICIERS SEMENT LA TERREUR D'ETAT ET SE MAINTIENNENT AU POUVOIR PAR LES ASSASSINATS PPOLITIQUES IL EST TOUT A FAIT NATUREL QU'ILS RECOLTENT DES LEGIONS DE MONSTRES DEGUISEES EN COMBATTANTS DE LA FOI ISLAMIQUE. POUR SOLUTIONNER LE BLEM IL NE SERT A RIEN DE S'INDIGNER : SEUL D'ETAT DE DROIT CIVIL ET DES DROITS DE L'HOMME POURRONT ASSECHER LES SOURCES DE CETTE NOUVELLE PESTE NOIRE QUI SEVIT SOUS LE NOM DE DES AQMI ,DES NOSRA, DES BOKO HARAM ET AUTRES AL QAIDA .

    Henrik Yowakim

    21 h 46, le 01 février 2016

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