Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Algérie

Les préparatifs de l’après-Bouteflika s’accélèrent

Le tout-puissant chef des renseignements militaires, le général Toufik, a été limogé.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Sidali Djarboub/AFP

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et son entourage ont désormais toute latitude pour préparer la succession à la tête de l'État après le départ du puissant général Toufik, qui marque leur prise de contrôle totale sur l'armée et ses services de renseignements. Après seize ans à la tête de l'État, M. Bouteflika « est aujourd'hui seul sur la scène », résume le politologue Rachid Grim, au lendemain de l'annonce de la mise à la retraite du « dieu de l'Algérie », le surnom donné au général Toufik. « Maintenant, on passe à la deuxième étape : la succession » du président de 78 ans, affaibli par la maladie à la suite d'un AVC qui a affecté en 2013 son élocution et sa mobilité, précise M. Grim. « Il se prépare à laisser le pouvoir mais en contrôlant sa propre succession. » Signe du choc qu'il a provoqué à Alger, le limogeage du tout-puissant patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) depuis un quart de siècle a fait, hier, la une de toute la presse, qui titrait sur « la fin d'une époque ».
Pour quelle finalité ? s'interrogent les commentateurs. Le scénario a-t-il été écrit par M. Bouteflika lui-même malgré sa maladie, ou par ses proches, notamment son frère Saïd, discret conseiller à qui l'on prête d'immenses pouvoirs et même des ambitions présidentielles ?
Un ancien fonctionnaire de la présidence assure sous le couvert de l'anonymat que « Bouteflika prend des conseils mais décide lui-même malgré sa maladie parce que personne ne connaît le sérail autant que lui ».
Pour Le Quotidien d'Oran, « on ne sait si le pouvoir va changer de main dans peu de temps », mais « l'après-Bouteflika n'est en tout cas pas loin même si son clan, avec à sa tête son frère Saïd, détient tous les pouvoirs ». M. Bouteflika avait affirmé en juillet qu'il souhaitait finir son quatrième quinquennat qui court jusqu'en avril 2019.

« Long processus »
Ce dernier épisode de la restructuration du DRS que représente le départ du général Toufik « achève la première étape » du contrôle par M. Bouteflika de l'armée et de ses services de renseignements considérés comme les détenteurs du « pouvoir réel », la présidence et le gouvernement n'étant qu'un pouvoir de façade, estime M. Grim.
« Il s'est tracé un scénario qu'il est en train de mettre en œuvre, faisant du DRS une coquille vide » depuis fin 2013 en le dépouillant de très nombreuses missions. Ces dernières ont été confiées au chef de l'état-major, le général Ahmad Gaïd Salah, promu à ce rang par M. Bouteflika qui avait congédié en 2004 l'ancien homme fort de l'armée algérienne, le général Mohammad Lamari, alors hostile à un deuxième mandat présidentiel.
Le Quotidien d'Oran évoque un « effeuillage de l'artichaut » pour décrire l'opération de restructuration du DRS, qui a abouti à dépouiller son patron de sa « force menaçante ».
Selon Rachid Grim, le renvoi du général Toufik « n'est pas le résultat d'une décision hâtive », mais « l'aboutissement d'un long processus entamé par M. Bouteflika dès son arrivée » à la présidence en 1999.

« Bouteflika n'est pas Bourguiba »
Il avait tout de suite averti qu'il ne serait pas un « trois quarts de président » en réponse à une question sur une éventuelle « ligne rouge » tracée par les généraux qui ont fait appel à lui pour succéder au président Liamine Zeroual qui a démissionné.
« Bouteflika n'est pas Bourguiba », l'ancien président de Tunisie, atteint de sénilité avant d'être déposé par Zine el-Abidine Ben Ali en 1987, souligne M. Grim.
Cet expert ne croit pas à l'hypothèse d'une candidature du frère Saïd. « Bouteflika veut juste mettre ses proches à l'abri d'éventuels règlements de comptes » après son départ, selon lui.
Le président ne prépare pas son frère à lui succéder, avait également assuré en juin son directeur de cabinet, Ahmad Ouyahia, ajoutant que Saïd Bouteflika « n'est pas quelqu'un qui est en train d'agir en ce sens ».
Âgé de 58 ans, Saïd Bouteflika, ancien syndicaliste et ancien professeur à l'université des sciences et de la technologie d'Alger, a rejoint la présidence comme conseiller spécial à l'élection de son frère aîné en 1999.

Amer OUAL/AFP

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et son entourage ont désormais toute latitude pour préparer la succession à la tête de l'État après le départ du puissant général Toufik, qui marque leur prise de contrôle totale sur l'armée et ses services de renseignements. Après seize ans à la tête de l'État, M. Bouteflika « est aujourd'hui seul sur la scène », résume le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut