Réuni sous la présidence de Tammam Salam, le Conseil des ministres a approuvé hier la nomination de trois officiers aux trois postes vacants au sein du conseil de commandement militaire, non sans que de sérieux tiraillements ne marquent une réunion « pas si calme que ça », selon le témoignage d'un ministre. Ce faisant, le gouvernement a cependant obtenu son visa pour de nouvelles réunions sans blocage.
Ainsi, après avoir examiné 214 des 379 points inscrits à l'ordre du jour (dons, décisions administratives), le gouvernement se réunira à nouveau mardi prochain, 2 février, afin d'examiner les points restants, comme la téléphonie mobile ou le cas des volontaires de la Défense civile, ainsi que certains points laissés en suspens, comme la Sûreté de l'État.
Nominations militaires
Comme l'exigeait le bloc du Changement et de la Réforme, les nominations au Conseil militaire ont été approuvées en début de séance. Ont été nommés le général Samir el-Hajje, au siège grec-orthodoxe vacant, le général Mohsen Fneich, au siège dévolu à la communauté chiite, et le général Georges Chreim, au siège grec-catholique.
Ces nominations ont été précédées d'une vive discussion opposant les ministres du bloc de Michel Aoun à leurs collègues du parti Kataëb, Sejaan Azzi et Alain Hakim, et de la Rencontre consultative, Samir Moqbel, Michel Pharaon, Boutros Harb et Abdel Mouttaleb Hennaoui. Ces derniers s'opposaient à la nomination du candidat orthodoxe, car il ne figurait pas sur la liste établie par le ministre de la Défense.
Si le Conseil des ministres a finalement approuvé les nominations, c'est parce que les ministres Kataëb ont fait marche arrière, dans l'intention de ménager l'armée, et que MM. Pharaon et Hennaoui ont obtenu, en échange de cette concession, la promesse – endossée par Gebran Bassil – que le cas de la Sûreté de l'État, un organisme présidé par un grec-catholique, aujourd'hui inactif, faute de fonds, serait examiné au cours de la prochaine séance, et que son conseil de commandement passerait de deux à six membres, à l'instar de ce qui a été imaginé pour le conseil de commandement de l'armée.
Au cours de la discussion, certains ministres ont tenté de faire valoir que la nomination du candidat grec-orthodoxe ne pouvait se faire, compte tenu de la contestation de deux « composantes » du Conseil des ministres. Toutefois, cet argument est tombé quand les ministres mentionnés ont fait marche arrière, chacun pour ses raisons. Seuls MM. Moqbel et Harb ont résisté jusqu'au bout à ce que le député de Batroun a qualifié de « chantage politique évident ».
La politique de distanciation
En ce qui concerne la position du Liban à la réunion de la Ligue arabe, l'accord s'est fait que le Liban ne saurait se distancier du monde arabe, mais seulement des axes politiques qui se formeraient à l'intérieur de ce monde. Finalement, l'accord s'est fait sur la nécessité d'une coordination entre le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, avant toute déclaration officielle au nom du Liban. Mohammad Fneich (Hezbollah) devait chercher à minimiser ce différend, en affirmant que M. Salam avait fait une déclaration hostile à l'Iran au sommet de Davos et que le Hezbollah « n'en a pas fait une histoire ».
On rappelle qu'au nom de la politique de distanciation, M. Bassil n'avait pas endossé les résolutions de la Ligue arabe condamnant l'Iran. Hier, l'unanimité s'est faite sur deux points essentiels : condamnation dans l'absolu de toute ingérence dans les affaires intérieures d'un pays arabe et condamnation de l'agression contre l'ambassade saoudienne à Téhéran. Mais en fin de compte, issue significative inspirée semble-t-il par le Hezbollah, aucune déclaration officielle n'a été faite à ce sujet dans le communiqué final de la séance.
Rifi tempère ses menaces
Notons que le Conseil des ministres a sauté par-dessus le point 64 de son ordre du jour prévoyant l'examen d'un décret portant l'affaire Michel Samaha devant la Cour de justice, instance compétente pour juger des atteintes à la sûreté de l'État.
Si l'on en croit des sources informées, c'est à la demande de Saad Hariri et dans un souci de détente politique que le ministre de la Justice a mis une sourdine à ses exigences. D'autant que, selon ces mêmes sources, il n'est pas impossible que la Cour de cassation militaire condamne de nouveau Michel Samaha à un temps de prison supplémentaire, proportionnel à la gravité de son acte, maintenant que les quatre officiers qui en font partie ont été remplacés. Le président de la cour, lui, est un civil.
Plus tôt dans la journée, Achraf Rifi avait laissé entendre qu'il pourrait démissionner s'il n'obtenait pas satisfaction de sa demande.
Activistes et Défense civile
Pendant la séance du Conseil des ministres, des activistes du collectif de la société civile « Nous réclamons des comptes » et des volontaires de la Défense civile se sont rassemblés à la place Riad el-Solh.
Les volontaires de la Défense civile réclament leur titularisation au sein de la Fonction publique. Une loi permettant leur entrée dans le cadre de la Fonction publique avait été votée en ce sens en avril 2014, mais ses décrets d'application n'ont jamais été publiés.
De son côté, le collectif a improvisé, lors de son sit-in, un lâcher de ballons sur lesquels étaient inscrits les noms des ministres du gouvernement, pour protester contre l'exportation des déchets. Un dossier dont il n'a pas été question hier.
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commentaires (5)
POUR ÊTRE NOMMÉ ET APPROUVÉ A UN POSTE, IL FAUT SE METTRE À GENOUX DEVANT UN DE NOS ZAÏMS. C'EST LA RÈGLE DE JEUX. SINON TU PEUX Y ALLER SE BALADER AILLEURS. DONC BIENVENUS DANS LE SYSTÈME.
Gebran Eid
13 h 40, le 29 janvier 2016