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Liban - Camps palestiniens

La contestation contre la politique d’austérité de l’Unrwa gagne en ampleur

Faute de moyens et face à une demande en hausse, l'agence a dû modifier ses barèmes pour l'hospitalisation.

Rassemblement hier devant une permanence de l’Unrwa à Aïn el-Héloué. Photo Ani

Depuis que, mardi dernier, le jeune réfugié palestinien Mohammad Omar Khodeir, âgé de 23 ans, s'est immolé par le feu, dans le camp de Bourj Chémali, près de Tyr, les sit-in et les manifestations ne s'arrêtent pas dans les camps de réfugiés palestiniens du Liban.

Mohammad, qui souffre de thalassémie et qui a besoin de soins médicaux continus, a voulu ainsi protester contre la politique d'austérité de l'Unrwa (Agence des Nations unies pour les secours aux réfugiés palestiniens) qui, arguant du manque de fonds et de la hausse de la demande, est contrainte d'aménager de plus en plus l'aide accordée.

De Tyr à Tripoli, les réfugiés dans les camps ont manifesté, fermant les bureaux de l'Unrwa, contestant les nouvelles mesures adoptées par l'agence onusienne et l'appelant à ne pas réduire ses aides, notamment médicales. Des écoles palestiniennes ont fermé leurs portes et des grèves ont été observées. Aujourd'hui, des sit-in sont prévus devant tous les bureaux de l'Unrwa au Liban.

(Pour mémoire : L’Unrwa : « Nous sortons provisoirement de notre crise financière »)

Toutes les factions palestiniennes, du Fateh au Hamas, ont élevé la voix pour dénoncer la politique de l'Unrwa qui pousse, selon elles, les réfugiés à quitter le Liban et qui « porte atteinte à leur dignité ». Pour ces factions, les nouvelles mesures adoptées par l'agence, notamment en matière d'hospitalisation, provoqueront des décès par manque de soins. « Le mouvement de protestation se poursuivra jusqu'à ce que l'Unrwa revienne sur sa décision », a déclaré à L'Orient-le Jour le responsable du Fateh à Aïn el-Héloué, Maher Choubeita.
Jointe au téléphone par L'Orient-Le Jour, la responsable communication de l'Unrwa, Zizette Darkazalli, a reconnu que depuis le début de l'année, de nouvelles mesures relatives à l'hospitalisation sont entrées en vigueur.

« Jusqu'à la fin de 2015, nous couvrions 100 % du coût des prestations dans nos 27 dispensaires à travers le Liban, 100 % des frais d'hospitalisation en général, notamment les maladies chroniques, et 50 % des frais d'hospitalisation lourde, par exemple certains genres de chirurgie », a-t-elle rappelé. Toutefois, « depuis début 2016, une nouvelle politique a été adoptée. Nous couvrons toujours 100 % des soins en dispensaire, mais concernant les frais d'hospitalisation générale, nous avons adopté trois barèmes : les réfugiés ne sont plus couverts à 100 %. Ainsi, nous couvrons désormais 95 % des frais d'hospitalisation dans les établissements gérés par le Croissant-Rouge palestinien, 85 % des frais d'hospitalisation dans les hôpitaux publics libanais et 80 % des frais d'hospitalisation dans les établissements privés », a-t-elle expliqué.

(Lire aussi : Les réfugiés palestiniens rêvent aussi d’Europe)

Pour les réfugiés palestiniens, c'est ce dernier pourcentage qui pose problème. « Je sais que quand on manque de tout, même 5 000 livres peuvent faire la différence », souligne Mme Darkazalli.
Mais, « contrairement à ce qui se dit, nous n'avons pas réduit nos aides. Depuis plusieurs années, nous consacrons dix millions de dollars annuels en matière d'hospitalisation au Liban », ajoute-t-elle, notant que « le montant total de l'aide de l'Unrwa aux réfugiés palestiniens au Liban n'a pas changé. Ce sont les besoins qui deviennent de plus en plus importants certes au Liban, mais surtout à Gaza et en Syrie ».
« Sur le plan régional, dans les cinq territoires où nous opérons, à savoir le Liban, la Jordanie, la Syrie, Gaza et la Cisjordanie, nous aurons besoin cette année de huit cents millions de dollars, or nous avons entamé 2016 avec un déficit de 80 millions de dollars », souligne-t-elle.
« La communauté internationale n'a jamais arrêté d'aider l'Unrwa, mais il existe d'autres crises dans le monde, notamment celle des réfugiés syriens, qui sont devenues prioritaires. De plus, les besoins des réfugiés palestiniens sont de plus en plus grands », relève-t-elle encore.

Au Liban, comme ailleurs, l'Unrwa opère dans divers secteurs, notamment la santé, l'éducation et l'infrastructure dans les camps. Aujourd'hui, 270 000 réfugiés palestiniens nés ou vivant depuis 1948 au Liban sont enregistrés dans le pays. L'Unrwa a recensé également 42 000 réfugiés palestiniens des camps de Syrie qui se sont réfugiés au Liban depuis 2011. Une aide particulière, n'entrant pas dans le budget relatif aux réfugiés palestiniens du Liban, leur est accordée.

Interrogée au sujet de Mohammad Khodeir, Mme Darkazalli a souligné que le jeune homme avait déjà bénéficié de plusieurs transfusions sanguines nécessaires à sa survie. « On ignore qui lui a dit que l'Unrwa ne lui accordera pas de l'aide. Notre enquête est en cours », a-t-elle affirmé.

Souffrant de graves brûlures, Khodeir était toujours hospitalisé hier.


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