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Moyen Orient et Monde - Terrorisme

À Sultan Ahmet, l’âme d’Istanbul meurtrie

La majorité des victimes de l'attaque, attribuée à l'EI, sont allemandes.

Immédiatement après l’attentat qui a secoué Istanbul, les forces de l’ordre ont bouclé le quartier très touristique de Sultan Ahmet. Ozan Kose/AFP

Le cœur touristique d'Istanbul a été frappé hier par un attentat-suicide qui a fait 10 morts, dont au moins 8 Allemands, et 15 blessés, dernière en date d'une série d'attaques meurtrières attribuées par le gouvernement turc au groupe État islamique (EI).
L'attentat s'est produit en milieu de matinée dans le quartier de Sultan Ahmet, sur l'ancien hippodrome qui borde Sainte-Sophie et la Mosquée bleue, les deux monuments les plus visités de la plus grande ville du pays.


Les premières photos prises sur place montraient plusieurs corps démembrés couchés sur le sol pavé de cette grande esplanade, traversée chaque année par des millions de touristes venus du monde entier. « Toutes les victimes sont de nationalité étrangère », a d'ailleurs indiqué le Premier ministre Ahmet Davutoglu. Un responsable gouvernemental turc a évoqué dans un premier temps le chiffre de neuf touristes allemands tués mais le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a fait état en soirée de huit victimes de son pays. Un Péruvien a également été tué, a confirmé Lima. Le bilan dressé par le bureau du gouverneur d'Istanbul a également fait état de 15 blessés. Deux d'entre eux se trouvent dans un état grave, a précisé le porte-parole du gouvernement Numan Kurtulmus. Parmi eux figure un citoyen norvégien, selon Oslo.
Berlin a recommandé « avec insistance » aux Allemands d'éviter « provisoirement » les lieux publics et les « attractions touristiques » à Istanbul, alors que Paris a conseillé de son côté à ses ressortissants d'éviter le secteur de l'attentat.
Sitôt après l'explosion, de nombreux témoins ont évoqué le scénario d'un attentat-suicide. « L'explosion a été si forte que le sol a tremblé », a indiqué une touriste, Caroline, « c'est vraiment effrayant ». « J'ai entendu une très forte explosion, et puis de nombreux cris. Et puis j'ai vu une boule de feu et je me suis enfui », a raconté un autre témoin.
Trois mois après celle qui avait fait 103 morts lors d'une manifestation prokurde à Ankara, cette nouvelle attaque a visé délibérément des étrangers et le tourisme, l'un des secteurs-clés de l'économie turque.

 

(Témoignage : « C’est terrible pour mon hôtel, terrible pour le tourisme en Turquie »)

 

Le kamikaze serait syrien
« Nous avons déterminé que l'auteur de cette attaque terroriste (...) est un étranger membre de Daech (acronyme arabe de l'EI) », a affirmé M. Davutoglu lors d'une brève déclaration télévisée à Ankara. Le président Recep Tayyip Erdogan avait auparavant déclaré que l'attentat avait été commis par « une personne d'origine syrienne », sans autre détail. À l'issue d'une réunion d'urgence autour de M. Davutoglu, M. Kurtulmus a indiqué que le kamikaze avait été identifié comme un Syrien né en 1988, sans toutefois donner son nom. Selon l'agence de presse Dogan citant des sources policières, cet homme s'appelait Nabil Faldi et était né en Arabie saoudite. Il est entré en Turquie le 5 janvier par la frontière syrienne, a précisé l'agence.
Longtemps soupçonné de complaisance envers les rebelles radicaux syriens, le régime islamo-conservateur turc a rejoint l'été dernier la coalition antijihadiste internationale. Depuis octobre, il a multiplié les arrestations de membres présumés de l'EI, affirmant plusieurs fois avoir déjoué d'autres projets d'attentats. Hier, la police a encore arrêté 47 suspects à Ankara, Sanliurfa (Sud-Est) et Mersin (Est), selon les médias, sans lien immédiat avec les événements d'Istanbul.


Près de deux mois après les attentats de Paris, le président français François Hollande a dénoncé un acte « odieux » et exprimé sa « solidarité » avec Ankara, alors que le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a condamné un « crime méprisable ». De son côté, la Coalition nationale syrienne, principale composante de l'opposition en exil, et elle-même basée à Istanbul, « condamne fermement l'explosion terroriste et présente ses condoléances aux familles des victimes », selon un communiqué publié sur Internet. L'Iran a également fermement condamné l'attentat d'Istanbul, soulignant la nécessité de lutter contre « le terrorisme » et de régler les conflits dans la région, a rapporté l'agence officielle Irna.
« Le mode opératoire, un kamikaze, et la cible, un groupe de touristes, suggèrent un attentat jihadiste », a commenté hier à l'AFP un diplomate occidental. « Si c'est le cas, c'est le signe que Daech a décidé de s'en prendre directement à l'État turc », a-t-il ajouté, alors que « jusque-là, ses cibles en Turquie étaient les Kurdes ».


La Turquie est également secouée depuis l'été dernier par la reprise de combats meurtriers entre ses forces de sécurité et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont fait voler en éclats un cessez-le-feu qui tenait depuis plus de deux ans. Les rebelles kurdes visent en priorité militaires et policiers mais le 23 décembre dernier, une organisation armée kurde, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), a revendiqué une attaque au mortier qui a tué une personne sur l'aéroport Sabiha Gökçen, sur la rive asiatique d'Istanbul.
M. Erdogan a promis à plusieurs reprises d'éradiquer le PKK. « La fermeté de la Turquie n'a pas changé », a déclaré hier l'homme fort du pays. « La Turquie est la première cible de toutes les organisations terroristes actives dans la région parce qu'elle les combat toutes avec la même détermination », a insisté M. Erdogan.

 

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commentaires (2)

Tous les ingrédients sont là. Il ne faudra que l'étincelle qui sera déclenchée par une main qu'on croit être amie. Ça sera entre erdocon et la bensaoudie, pendant que la Syrie aura fini de manger son pain noir.

FRIK-A-FRAK

11 h 36, le 13 janvier 2016

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Commentaires (2)

  • Tous les ingrédients sont là. Il ne faudra que l'étincelle qui sera déclenchée par une main qu'on croit être amie. Ça sera entre erdocon et la bensaoudie, pendant que la Syrie aura fini de manger son pain noir.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 36, le 13 janvier 2016

  • Le sultan Erdogan ne savait-il pas qu'en laissant passer en Syrie, à travers son territoire, des dizaines de milliers de jihadistes fous de Daech du monde entier, bon nombre de ceux-ci retourneraient fatalement leur folie contre lui et son territoire ?

    Halim Abou Chacra

    04 h 20, le 13 janvier 2016

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