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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Obama et le contrôle des armes : le refus d’être un « président-canard boiteux »

Pour la dernière année de son mandat présidentiel, le dirigeant américain s'attaque au plus féroce des lobbies, appuyé par l'opinion publique dans sa majorité.

Des statistiques montrent que 9 Américains sur 10 sont pour la vérification des antécédents des acheteurs d’armes, ce que, par réflexe, refuse la NRA. Joe Raedle/Getty Images/AFP

Lorsque les États-Unis ont dû faire face au lobby du tabac, cela parut de prime abord impossible, vu l'étendue de l'influence de ce cartel. Et pourtant, le gouvernement américain a finalement prévalu et les grandes compagnies de tabac ne survivent, aujourd'hui, que grâce à leurs ventes internationales.


En attaquant le plus féroce des lobbies américains, le National Rifle Association (NRA), le président Barack Obama a clairement montré que sa dernière année à la Maison-Blanche s'annonce vivace, combative et loin d'être celle d'un « Lame Duck president » (canard boiteux). De toute évidence, Barack Obama ne peut rien faire dans ce domaine, face à un Congrès dont presque tous les membres sont à la solde de la NRA. Il a donc choisi d'utiliser ses pouvoirs exécutifs pour limiter ce qui est en fin de compte une épidémie meurtrière, en annonçant une série de mesures conditionnant l'acquisition d'une arme individuelle. En affichant son plan, il n'a pas cherché à être dans un registre de confrontation. Le président américain n'a pas fait de déclaration officielle ni de conférence de presse, mais il est apparu dans l'Oriental Room (utilisée généralement pour les banquets et les grandes conférences de presse) entouré de personnes ayant perdu des enfants et des proches tués par armes à feu. Durant son allocution, il a même essuyé une larme en évoquant ces tragédies. À ce sujet d'ailleurs, le célèbre journal électronique Politico dénombre huit hôtes de la Maison-Blanche ayant exprimé cette même émotion à différentes occasions dont George W. Bush, son père Georges H. W. Bush, Gerald Ford et Dwight Eisenhower.

 

(Pour mémoire : Le meurtre en direct de deux journalistes ravive le débat sur les armes)

 

Plus de 30 000 victimes par an
Le plaidoyer du président Obama était accompagné d'impressionnantes statistiques. Chaque année, plus de 30 000 Américains perdent la vie par la faute d'un manque de contrôle des armes à feu : suicides, violence familiale, gangs, accidents. Des centaines de milliers d'Américains ont ainsi perdu des êtres chers et beaucoup, ayant survécu à ces drames, doivent assumer les handicaps qui en ont résulté. Le président américain a notamment mis en relief l'importance d'exiger que les vendeurs d'armes possèdent des licences fédérales et qu'ils procèdent systématiquement à la vérification des antécédents de l'acheteur avant de lui livrer la marchandise. Des centaines de milliers de commerçants suivent cette règle mais un grand nombre parviennent à la contourner, surtout ceux travaillant en ligne et dans les foires, sans compter les revendeurs qui évitent la traçabilité. Pour mener à bien son opération, le président américain envisage d'engager des éléments supplémentaires du FBI et de l'ATF, Bureau de l'alcool, du tabac, des armes et des explosifs. C'est là que le Congrès pourrait intervenir en ne votant pas le budget requis pour ce volet, arguant qu'il touche à l'application du deuxième amendement de la Constitution, stipulant la liberté de chacun de posséder une arme pour se défendre.

 

(Lire aussi : L'achat facile d'armes à feu aux États-Unis au cœur des tueries de masse)

 

Obama signe un précédent
En attendant, la réaction des républicains ne s'est pas fait attendre. « Nous ne devons pas permettre à notre leader d'agir en dictateur », a par exemple affirmé le sénateur de l'Alabama Richard Shelby. « Nous ne resterons pas les bras croisés devant un président qui désarme graduellement les Américains », a de son côté déclaré le sénateur Gerald Allen, tandis que le sénateur Mike Rogers a critiqué les paroles du « président Obama (qui) a passé son mandat à enfreindre nos droits constitutionnels ». La NRA a, elle aussi, réagi au quart de tour : « Il tente de détourner l'attention de son manque de stratégie cohérente pour protéger le peuple américain du terrorisme. Nous ne permettrons pas que ceux qui portent des armes dans le cadre du deuxième amendement soient ainsi harcelés et qu'ils deviennent les boucs émissaires des faillites politiques du président Obama. »


Mais au milieu de ce débat bouillonnant, M. Obama a su comprendre l'aspiration du grand public. Des statistiques menées durant plusieurs années ont montré que 9 Américains sur 10 (et autant de familles associées à la NRA) étaient pour la vérification des antécédents des acheteurs d'armes, ce que, par réflexe, refuse la NRA. Ne faut-il donc pas répondre à cette aspiration quasi générale ? Certes, les mesures prises par le président Obama ne vont pas soudainement arrêter les tueries, mais elles sont pour nombre d'Américains un début nécessaire et de plus créent un précédent.

 

Pour mémoire

Ému aux larmes, Obama dévoile son plan sur les armes à feu

 

Lorsque les États-Unis ont dû faire face au lobby du tabac, cela parut de prime abord impossible, vu l'étendue de l'influence de ce cartel. Et pourtant, le gouvernement américain a finalement prévalu et les grandes compagnies de tabac ne survivent, aujourd'hui, que grâce à leurs ventes internationales.
En attaquant le plus féroce des lobbies américains, le National Rifle Association...

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