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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Ému aux larmes, Obama dévoile son plan sur les armes à feu

Les républicains opposent une fin de non-recevoir au plaidoyer du président sur « l'urgence absolue » d'agir sur le contrôle de la vente des armes à feu pour éviter de nouvelles tueries.

En évoquant, après avoir présenté des mesures pour le contrôle des armes, la tuerie de l’école primaire Sandy Hook en décembre 2012 (26 morts, dont 20 enfants), l’un des pires carnages jamais commis dans un établissement scolaire aux États-Unis, le président américain Barack Obama a essuyé quelques larmes. Jim Watson/AFP

Tour à tour ému et pugnace, Barack Obama a souligné hier « l'urgence absolue » d'agir sur les armes à feu aux États-Unis, dévoilant une série de mesures – limitées, mais politiquement explosives – pour mieux encadrer et contrôler leur vente. « Le lobby des armes a peut-être pris le Congrès en otage, mais il ne peut prendre l'Amérique en otage », a lancé le président américain pour mieux dénoncer l'inaction de ses adversaires républicains, majoritaires dans les deux Chambres, qui refusent de légiférer sur ce thème.
Principal objectif des mesures annoncées lors d'une longue allocution à la Maison-Blanche : colmater les failles du système en vigueur sur le contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs d'armes. Entre foires itinérantes et ventes sur Internet, nombre d'entre eux échappent aujourd'hui aux procédures fédérales imposées à un individu qui se rend dans une armurerie homologuée.
Ses adversaires républicains jugent qu'en court-circuitant le Congrès, M. Obama outrepasse ses pouvoirs et foule aux pieds le deuxième amendement de la Constitution, qui stipule qu'il ne pourra être porté atteinte au « droit du peuple » de détenir et de porter des armes. Le sujet – très sensible aux États-Unis, où la culture du port d'armes est fortement enracinée – s'est d'ores et déjà imposé au cœur de la campagne pour l'élection présidentielle du 8 novembre.
Quelque 30 000 personnes trouvent la mort par armes à feu aux États-Unis chaque année. « Le temps des excuses pour justifier l'inaction est révolu », a lancé M. Obama, en présence de nombre de familles de victimes des fusillades qui ont endeuillé le pays ces dernières années. Parmi elles Jennifer Pinckney, veuve du pasteur Clementa Pinckney, tombé, avec huit autres Noirs, sous les balles d'un jeune partisan de la suprématie blanche à Charleston (État de Caroline du Sud) en juin dernier. Ou encore Mark Barden, qui a perdu son fils dans la tuerie de l'école primaire Sandy Hook en décembre 2012 (26 morts, dont 20 enfants).

La « colère » du président
En évoquant vers la fin de son discours cette fusillade, l'un des pires carnages jamais commis dans un établissement scolaire, le président américain a essuyé quelques larmes : « À chaque fois que je pense à ces enfants, ça me met en colère », a-t-il dit, la voix brisée.
Après cette tuerie, le débat avait semblé, un temps, prendre une tournure différente aux États-Unis. M. Obama avait chargé son vice-président, Joe Biden, fin connaisseur des arcanes du Congrès, de s'emparer du dossier. Quatre mois plus tard pourtant, les élus sonnaient le glas d'une véritable réforme. Pointant du doigt le lobby des armes, M. Obama dénonçait « un jour de honte pour Washington ».
Présentant ses mesures, M. Obama a ironisé sur les inquiétudes du lobby des armes, soulignant qu'il ne s'agissait pas d'un « complot visant à confisquer les armes de tout le monde ». La portée et l'efficacité de ces mesures seront cependant extrêmement difficiles à mesurer. Et la Maison-Blanche se garde bien d'avancer la moindre prévision chiffrée sur le nombre de personnes concernées.
Afin d'assurer une meilleure application des lois existantes, M. Obama a proposé la création de 200 nouveaux postes au sein de l'Agence fédérale sur l'alcool, le tabac et les armes (ATF). Il suggère par ailleurs au Congrès un investissement de 500 millions de dollars pour améliorer la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiatriques. Il a aussi appelé à mettre les ressources nécessaires au service de l'innovation pour plus de sécurité. « Si nous savons faire en sorte qu'un enfant ne puisse ouvrir un tube d'aspirine, nous devrions pouvoir nous assurer qu'il ne puisse appuyer sur la gâchette d'une arme », a-t-il déclaré.

Contraintes inutiles ?
Les candidats républicains ont rivalisé de formules pour dénoncer l'initiative présidentielle et promis, à l'unisson, d'effacer d'un trait de plume toutes les mesures annoncées hier s'ils étaient élus à la présidence.
Soulignant qu'il était membre à vie de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby pro-armes, Jeb Bush, fils et frère de présidents, en lice pour les primaires de son parti, a dénoncé des mesures « qui imposent des contraintes inutiles » aux détenteurs d'armes. « Au lieu de confisquer les armes des citoyens respectueux de la loi, comme Obama et Clinton veulent le faire, nous devons empêcher les armes de tomber entre les mains des terroristes qui veulent tuer d'innocents Américains », a-t-il ajouté. « Barack Obama est obsédé par la destruction du deuxième amendement, a dit de son côté Marco Rubio, sur la chaîne télévisée Fox News. Cela ne fera pas baisser la violence ou la criminalité, car les criminels n'achètent pas d'armes de cette façon. Ils les achètent sur le marché noir. » « Les actes du président n'ont rien à voir avec la protection des Américains et tout à voir avec son agenda politique », a condamné le docteur Ben Carson sur Twitter. « Nous ne battrons pas les méchants en confisquant nos armes. Nous battrons les méchants en utilisant nos armes, avait déjà dit lundi, à la veille de l'annonce du plan du chef de l'État, le candidat ultraconservateur Ted Cruz. Si je suis élu président, j'abrogerai chacun des décrets illégaux et anticonstitutionnels signés par Barack Obama. »
Hier soir, après le plaidoyer de M. Obama, l'homme fort du Sénat, Mitch McConnell, a annoncé que le Congrès allait examiner la légalité des nouvelles mesures annoncées par le président. L'exécutif assure que ces mesures sont en tout point conformes à la Constitution et entrent pleinement dans le cadre de ses pouvoirs présidentiels.
« Aucune des décisions (annoncées par la Maison-Blanche) n'aura un impact majeur sur l'épidémie de violence par les armes en Amérique », constate toutefois, très amer, le New York Times dans son éditorial de ce matin. « Mais c'est parce que M. Obama, seul, a une marge de manœuvre limitée », ajoute le quotidien, qui dénonce l'attitude des élus républicains du Congrès.

(Source : AFP)

Tour à tour ému et pugnace, Barack Obama a souligné hier « l'urgence absolue » d'agir sur les armes à feu aux États-Unis, dévoilant une série de mesures – limitées, mais politiquement explosives – pour mieux encadrer et contrôler leur vente. « Le lobby des armes a peut-être pris le Congrès en otage, mais il ne peut prendre l'Amérique en otage », a lancé le président...

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