Alors que la coalition antiterroriste annoncée par l'Arabie saoudite continue de faire des remous au Liban, suite à la confusion qui régnait depuis mardi quant à la participation ou non de Beyrouth à cette coalition, le Premier ministre Tammam Salam a défendu, lui, ce qu'il a qualifiée de "position de principe".
Riyad a annoncé mardi la création d'une coalition antiterroriste comprenant 34 pays musulmans, dont le Liban. Cette annonce a semé la confusion à Beyrouth : M. Salam a affirmé mardi que les modalités de la participation du Liban à la coalition seront décidées "conformément à la Constitution", alors que le ministère des Affaires étrangères a regretté de ne pas avoir été mis au courant de l'initiative. D'autres responsables tel le ministre du Travail, Sejaan Azzi, a tenu a rappeler que le Liban n'est un pays ni chrétien ni musulman. Ce qui est sûr, c'est que la plupart des responsables libanais ont été pris au dépourvu par cette annonce, contrairement à l'ancien Premier ministre Saad Hariri qui s'était empressé de se féliciter de la création de l'alliance.
Dans l'édition de mercredi du quotidien as-Safir, M. Salam, après avoir tenté de clarifier sa position la veille, revient à la charge. Il affirme au journal qu'il est de son "droit, en tant que chef du gouvernement, d'adopter une position de principe préliminaire en réponse à l'invitation saoudienne au Liban à se joindre à la coalition islamique antiterroriste, surtout que le gouvernement ne se réunit pas". Et de souligner : "Si je parviens à le convaincre, le cabinet peut soutenir ma position de principe, ou la rejeter dans le cas contraire".
Mardi, un communiqué du bureau de M. Salam affirmait que le Premier ministre "a été contacté par les autorités saoudiennes pour solliciter son avis sur l'adhésion du Liban à cette coalition. Le Premier ministre a salué cette initiative car le Liban, son armée et ses forces de sécurité sont en guerre quotidienne contre les groupes terroristes". Rappelant que "le Liban participe à la coalition internationale contre le groupe État islamique en Irak et ne cesse d'appeler à la mobilisation de toutes les énergies contre le terrorisme ", M. Salam estime qu'"il ne faut pas hésiter à soutenir les initiatives qui vont dans ce sens", poursuit le communiqué.
"Personne ne peut m'empêcher de prendre les décision que j'estime être convenables, et j'en assume les responsabilités (...)", a insisté M. Salam dans son entretien au journal. Il précise qu'"il n'existe aucune contrainte dans le cadre de l'alliance en question qui oblige le Liban a participer militairement à celle-ci, mais cela ne nous empêche pas de fournir une expertise sécuritaire ou de profiter d'une telle expertise, surtout au moment où nos services de sécurité mènent le combat contre le terrorisme".
"Situation embarrassante avec le Hezbollah"
Répondant aux critiques selon lesquelles le Liban n'est ni un pays chrétien ni musulman, M. Salam a estimé qu'il n'est pas vrai que le Liban ne peut pas participer à une coalition islamique, rappelant que "Beyrouth fait partie de l'Organisation de coopération islamique, et que le président de la République est le seul chrétien à participer aux réunions de l'organisation". Et de mettre en garde contre "l'exacerbation des sensibilités" communautaires.
Le Hezbollah, dont les relations avec Riyad sont au plus bas, notamment en raison des sanctions saoudiennes frappant nombre de ses membres pour "terrorisme" et du conflit au Yémen, ne s'est pas encore prononcé officiellement sur une éventuelle participation du Liban à l'alliance.
"Ce n'est pas la première fois qu'on essaie de me mettre dans une situation embarrassante vis-à-vis du Hezbollah, mais cette tentative échouera", a fait savoir M. Salam. "L'objectif visé est clairement Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) et consorts, et l'expérience a montré que je ne délaissais personne, ce qui prouve que les appréhensions ne sont pas justifiées", a estimé le Premier ministre.
Interrogé sur le secret entourant la mise en place de la coalition, le chef du gouvernement explique : "Les Saoudiens ont souhaité que je ne révèle pas les préparatifs en cours afin d'éviter le parasitage de ces travaux, une demande qui a également été faite aux autres États participant à la coalition".
Une bénédiction "opportune"
Le chef du Parlement, Nabih Berry, a de son côté estimé que la question de l'adhésion du Liban à la coalition islamique anti-terroriste doit être débattue en Conseil des ministres, sans que cela ne fasse l'objet de polémiques. "Le sujet en question est à l'origine une idée, d'abord proposée par le président égyptien, Abdelfattah al-Sissi, et de telles questions se débattent en Conseil des ministres en vue de prendre les décisions nécessaires. Nous n'avons pas besoin de polémiquer à propos de cela", a estimé le président de la Chambre.
Ammar Houri, député Courant du Futur, a pour sa part estimé, dans un entretien à la Voix du Liban (100.3-100.5) que la position exprimée par M. Salam est "celle du Liban, partant de la déclaration gouvernementale qui mentionne le combat contre le terrorisme, notamment par le biais des articles 52 et 64 de la Constitution".
Toutefois, M. Houri a souligné que tout mécanisme exécutif relatif à la positon de M. Salam nécessite l'approbation du Conseil des ministres, et probablement une loi votée par le Parlement. "C'est pour cela que la réactivation du travail du gouvernement est une nécessité", estime le député. Il souligne par ailleurs que la question de l'alliance antiterroriste "n'aura pas de répercussions négatives sur le dialogue en cours entre le Futur et le Hezbollah, car celui qui refuse le principe (du dialogue) serait, en quelque sorte, en faveur du terrorisme (...)".
Le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, également dans une déclaration à la VDL a fait remarquer que M. Salam a donné sa bénédiction à la coalition militaire islamique. "Cette bénédiction est opportune, car les musulmans doivent eux-même prouver que Daech est contre l'islam avant d'être contre les autres religions", a estimé M. Derbas. Et de rappeler aussi que la prise de position de M. Salam ne peut être validée qu'à travers le Conseil des ministres".
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Laissons de côté pour le moment le sérieux ou non-sérieux de ladite alliance. Le très digne chef du gouvernement n'a pas commis un brin de dérapage. MM les "Surenchéristes", ce n'est pas le moment de vos surenchères médiocres et déplacées. Laissez en paix le gouvernement, son chef et le pays, qui a déjà trop de (vos) problèmes.
16 h 51, le 16 décembre 2015