Les mésaventures d'un Libano-syrien d'origine arménienne accusé de terrorisme en Thaïlande

Hagop Kassabian, 57 ans, se dit toujours sous le choc. Le matin du 6 décembre dernier, sa femme le réveillait paniquée : sa photo était diffusée sur tous les médias thaïlandais où il est installé depuis plus de cinq ans avec sa famille. Le Libano-syrien d'origine arménienne est accusé de terrorisme et d'appartenance au groupe État islamique (EI, ou Daech). « Mon épouse m'a réveillé et m'a dit que j'étais un terroriste. +Toutes ces années, je ne l'ai jamais imaginé+, m'a-t-elle dit », a affirmé dimanche le propriétaire d'une compagnie d'import-export au journal Bangkok Post. L'annonce a d'ailleurs choqué plus d'une personne en Thaïlande, d'autant plus que le Libano-syrien est une petite célébrité locale ayant joué dans plusieurs publicités télévisées.

 

Père de trois enfants, M. Kassabian a rencontré son épouse thaïlandaise il y a dix ans, du temps où il travaillait dans une compagnie de marketing à Dubaï où le couple a vécu pendant près de cinq ans avant de déménager à Bangkok et fonder leur propre entreprise.

« L'information a fait le tour de la planète rapidement, a-t-il ajouté au Bangkok Post. Mes amis à travers le monde m'ont appelé pour me demander depuis quand je suis avec Daech ». De mère libanaise et de père syrien d'origine arménienne, Hagop Kassabian a vécu au Liban depuis l'âge d'un an. « Daech ne recrute pas les chrétiens, il les tue », a dit l'homme d'affaires diplômé de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), dénonçant le non-professionnalisme des médias qui ont diffusé sa photo. « Il aurait fallu d'un peu de recherche pour comprendre mes origines », a-t-il ajouté.

Le 4 décembre dernier, la Thaïlande a annoncé avoir été alertée par la Russie d'un risque d'attaque par le groupe État islamique contre les intérêts russes, avec l'envoi sur son sol de dix militants syriens, au début de la saison touristique dans le royaume, qui accueille chaque année des millions de visiteurs, dont de nombreux Russes.
Un attentat à la bombe en plein Bangkok a fait vingt morts en août, une attaque sans précédent en Thaïlande. Aucune revendication n'avait été lancée et les motivations des suspects arrêtés restent floues. La piste principale est celle d'un attentat par des militants pro-Ouïghours, une minorité musulmane turcophone de Chine.
Jusqu'ici, la Thaïlande est préservée du terrorisme islamiste international et notamment de l'EI.

Inquiet des répercussions des accusations portées contre lui par les médias, M. Kassabian décide d'appeler les autorités pour clarifier le « malentendu ». Des policiers se rendent chez lui le jour même et démentent les allégations l'accusant d'affiliation à l'EI. « Mais le mal est fait », dit M. Kassabian qui a joué dans plusieurs publicités et quelques séries télévisées aux côtés de célèbres acteurs thaïlandais. « L'autre jour quand je cherchais mes enfants de l'école, tout le monde me regardais et disait +c'est lui, ne vous approchez pas de lui. Il y a un terroriste chez nous+ », raconte M. Kassabian. « Je ne suis pas amusé du tout par cette histoire, mais je vais les laisser en rire, a-t-il conclu. Je suis quelqu'un de bien ».


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