Rechercher
Rechercher

Économie - Rapport

La crise accentue les divergences entre l’économie et la finance, selon Bank Audi

La croissance continue de pâtir de l'accentuation des troubles sécuritaires régionaux et de l'instabilité politique locale tandis que « le secteur financier fait, lui, preuve d'une plus grande résilience », note le dernier rapport de Bank Audi sur l'économie libanaise au troisième trimestre.
« La plupart des secteurs de l'économie souffrent et le PIB actuel est encore loin du PIB de plein emploi », résument ses auteurs. L'indicateur synthétique de la Banque du Liban, qui pondère huit sous-indices reflétant l'activité économique du pays, n'a ainsi crû que de 0,7 % au cours des huit premiers mois de l'année. Un ralentissement dû notamment à la faiblesse de la demande, comme le montre par exemple le ralentissement des dépenses effectuées – avec une baisse de 7,6 % la valeur totale des chèques compensés au cours des trois premiers trimestres par rapport à la même période en 2014 – ou celui de la croissance des crédits bancaires accordés au secteur privé sur cette période, qui s'est avérée inférieure de 33 % à la même période l'année dernière.

Moteur traditionnel de l'économie libanaise, le secteur immobilier continue de s'essouffler : le nombre de ventes immobilières a diminué de 12,7 % en glissement annuel sur les neufs premiers mois – à 45 293 ventes – tandis que leur valeur a elle baissé de 13,5 % sur la même période, à 5,7 milliards de dollars. Autre pilier traditionnel, le secteur touristique redresse, lui, légèrement la tête avec une augmentation de 10,4 % du nombre de passagers arrivés à l'aéroport en glissement annuel sur les trois trimestres – à 5,5 millions de de visiteurs – tandis que le taux d'occupation des hôtels quatre et cinq étoiles à Beyrouth sur les trois trimestres s'est apprécié de six points – à 56 % – par rapport à la même période en 2014.

À première vue, la baisse de la demande a pu bénéficier à la balance commerciale libanaise dont le déficit s'est réduit de 17,1 % au cours des huit premiers mois de l'année, à 9,8 milliards de dollars fin août. Une baisse imputable à la contraction de 16,1 % des importations sur la même période – à 11, 8 milliards de dollars – principalement du fait de l'effet conjugué de la baisse du coût des produits pétroliers et de l'appréciation du dollar. Cette baisse de la facture des importations a plus que compensé celle de 10,8 % sur la même période – à 2 milliards – des exportations, due notamment à la fermeture de la frontière syro-jordanienne en avril dernier. En revanche, la baisse du déficit commercial n'a pas entraîné une amélioration de la balance des paiements, dont le déficit s'est élargi, passant de 302 millions de dollars au cours des neufs premiers mois de 2014 à 1 771 millions sur la même période en 2015, dans un contexte de contraction des flux financiers vers le Liban.

Appel à la concertation politique
« La situation économique dans ce contexte politico-sécuritaire n'a pourtant pas entraîné de dérives monétaires et financières », note le rapport. La masse monétaire en livres libanaises a progressé de 4 302 milliards de livres au cours des neufs premiers mois de l'année, tandis que les avoirs extérieurs de la BDL ont atteint un niveau record de 38,3 milliards de dollars, et couvrent 74,2 % de la masse monétaire en livres.

Le secteur bancaire confirme aussi sa résilience malgré un léger ralentissement de son activité : les actifs des banques opérant au Liban ont progressé de 3,2 % entre décembre 2014 et septembre 2015 pour atteindre 183,3 milliards de dollars. L'année dernière, la croissance des actifs était de 4 % sur cette période. « Ce ralentissement (...) a été favorisé par les dépôts de la clientèle qui (...) demeurent la principale source de financement des banques libanaises avec 82 % du bilan total », résume le rapport.
« Au niveau des finances publiques, quoique les déséquilibres fiscaux demeurent inquiétants, la situation actuelle est meilleure qu'elle ne l'était il y a une décennie. Le ratio déficit public/PIB affichait 15 % en 2006, contre 6,8 % aujourd'hui. Au niveau de l'endettement public, le ratio d'endettement du pays est passé de 185 % en 2006 (.. .) à 129 % en 2015 », résume enfin le rapport.

Alors que le FMI a revu à la baisse ses prévisions de la croissance du PIB à 2 % et que la BDL prévoit de son côté une croissance nulle, les rapporteurs concluent en invitant « les politiciens libanais (à) faire urgemment les concessions nécessaires et minimiser leurs différends (...) afin de favoriser la résilience économique, financière et monétaire à l'avenir. »

 

Pour mémoire
Liban : La Banque mondiale prévoit une faible croissance, malgré la paralysie politique

La BDL préoccupée par l'impact de la paralysie gouvernementale sur l'économie libanaise

Paralysie politique : le Liban peut perdre des centaines de millions de dollars

Pour la Banque mondiale, le système confessionnel plombe l'économie libanaise

La croissance continue de pâtir de l'accentuation des troubles sécuritaires régionaux et de l'instabilité politique locale tandis que « le secteur financier fait, lui, preuve d'une plus grande résilience », note le dernier rapport de Bank Audi sur l'économie libanaise au troisième trimestre.« La plupart des secteurs de l'économie souffrent et le PIB actuel est encore loin...

commentaires (2)

ET LES PRÉCIPITE TOUS DEUX DANS LE PRÉCIPICE...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 32, le 17 novembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • ET LES PRÉCIPITE TOUS DEUX DANS LE PRÉCIPICE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 17 novembre 2015

  • "Le rapport conclut en invitant les politiciens libanais à faire urgemment les concessions nécessaires et minimiser leurs différends afin de favoriser la résilience économique, financière et monétaire à l'avenir." ! "En invitant" les politiciens ou plutôt en leur ordonnant ? Quand on disait que tout est économique !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 32, le 17 novembre 2015

Retour en haut