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Économie - Conjoncture

Liban : La Banque mondiale prévoit une faible croissance, malgré la paralysie politique

L'institution a revu légèrement à la baisse ses perspectives pour une économie libanaise aidée par la chute des cours du brut, mais toujours tributaire de la situation sécuritaire locale et régionale.

« L'activité économique (du Liban) continue de tourner à un rythme modeste en dépit des dysfonctionnements politiques », tel est en substance le constat dressé par la Banque mondiale dans son dernier rapport sur les perspectives économiques de la zone Mena. L'organisation internationale a néanmoins revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB libanais, estimée à 2 % pour 2015, contre 2,5 % précédemment. « Cette correction est due aux développements de la situation politique et sécuritaire locale, et régionale depuis le premier semestre », explique à L'Orient-Le Jour Wissam Haraki, économiste à la Banque mondiale.
Pour les auteurs du rapport, l'économie reste durablement fragilisée par une série de facteurs. D'abord « la paralysie politique rampante (qui) a rendu le gouvernement incapable » et entraîné des dysfonctionnements dont « la crise des ordures a donné la mesure », rappellent-ils. Autre handicap de taille, la pression continue des réfugiés du conflit syrien. « La capacité de l'économie libanaise à exprimer son plein potentiel reste dépendante d'une accalmie de la situation sécuritaire dans la région », observe M. Haraki. En attendant, certains moteurs traditionnels de l'économie montrent des signes de panne. « L'immobilier a agi comme un frein sur la croissance, avec des permis de construction et les livraisons de ciment en contraction d'environ 20 % », relève par exemple l'étude.

Perspectives mitigées
Selon le rapport, la croissance libanaise est principalement soutenue par la reprise de la fréquentation touristique – en hausse de plus de 16 % au premier semestre – et par la robustesse des crédits au secteur privé (+8 %), permise par le plan de relance d'un milliard de dollars de la Banque centrale. D'autres facteurs, externes, ont également soutenu l'activité. D'abord, la baisse des prix du pétrole qui « a contribué à atténuer les effets négatifs des conflits régionaux sur l'économie, contrairement à la plupart des pays du Golfe ». Sur le plan budgétaire, la chute des cours entraînera sans doute une baisse des transferts à Électricité du Liban, ce qui devrait « aider à maintenir un excédent primaire en 2015. Ce, malgré une petite hausse prévue de 0,6 point de pourcentage du déficit budgétaire global à 7,2 % du PIB, principalement due à l'absence de mesures ponctuelles de stimulation des recettes, comme en 2014 », souligne le rapport. Sur le plan externe, les prix du pétrole devraient induire une réduction de 5 points du déficit de la balance courante – qui mesure le solde des échanges réalisés par les résidents avec l'étranger – à environ 21 % du PIB. L'étude ajoute que « le Liban n'a pas été affecté par les répercussions des turbulences sur le marché boursier chinois qui ont amené la majorité des pays de la zone Mena à baisser leurs prévisions de croissance ».
Les perspectives de reprise à court et moyen terme restent, elles, mitigées. Raison pour laquelle l'organisation internationale a maintenu ses prévisions de croissance à 2,5 % pour les années 2016 et 2017. D'un côté, « les prix du pétrole devraient rester bas et aider à éviter davantage de pression sur des comptes budgétaires et courants déjà sous tension », prévoient ses experts. De l'autre, ils insistent sur l'imprévisibilité de l'évolution des conflits régionaux et la perspective d'une hausse prochaine des taux d'intérêt américains qui devraient « réduire les crédits au secteur privé et augmenter les coûts du service de la dette », anticipe le rapport.

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Printemps arabes : les failles des indicateurs économiques

Anticipant une croissance moyenne du PIB de la zone Mena de 2,8 % en 2015, le rapport de la Banque mondiale souligne que les chances d'une croissance plus rapide paraissent faibles face à la baisse des cours du pétrole, aux conflits régionaux et au ralentissement de l'économie mondiale.
Par ailleurs, ses auteurs reviennent longuement sur les limites du recours aux indicateurs économiques comme outil de mesure de la satisfaction sociale dans le monde arabe. Ils s'emploient à démontrer comment la focalisation des analystes sur les taux de croissance élevés de cette région à l'aube des printemps arabes a occulté des sondages menés parallèlement auprès des populations qui révélaient des signes de frustration sociale croissante, notamment chez les classes moyennes.

 

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