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Moyen Orient et Monde - Turquie

Sonnée par sa défaite aux législatives, l’opposition se retrouve déboussolée

Les autorités électorales consacrent la victoire de l'AKP et d'Erdogan.

La débâcle subie face au parti du président Recep Tayyip Erdogan aux législatives turques a provoqué un coup de tonnerre dans les rangs de l'opposition, où la révolte gronde comme jamais.
Contre tous les pronostics, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a regagné le 1er novembre la majorité absolue perdue cinq mois plus tôt à peine. Ce résultat a sonné comme un cruel désaveu pour ses rivaux, qui espéraient bien confirmer la fin de son règne exclusif de treize ans sur le pays. Hier, le Haut Conseil électoral a proclamé les résultats officiels du scrutin, qui consacrent la large victoire de l'AKP et sa majorité absolue au Parlement. « Le Parti de la justice et du développement (AKP) disposera de 317 sièges de députés à l'Assemblée nationale » qui en compte 550, a confirmé le président du Haut Conseil électoral, Sadi Güven. L'AKP (49,5 % des suffrages) est suivi du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) avec 25,3 % des voix et 134 sièges, du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) avec 10,7 % et 59 sièges et du Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) avec 11,9 % et 40 sièges, a poursuivi M. Güven. La participation a été de 85 % des inscrits.
Malgré cette énième défaite, les dirigeants des trois partis d'opposition représentés au Parlement se sont empressés d'annoncer qu'ils ne démissionneraient pas. « La notion de démission n'existe pas en Turquie, note Serkan Demirtas, le chef du bureau du quotidien Hürriyet Daily News à Ankara, les dirigeants politiques ne veulent pas quitter leur poste après une défaite et se reprochent peu, voire aucune erreur. »

Problème de crédibilité
Mais cette fois, leurs déclarations péremptoires sur le mode « j'y suis, j'y reste » ont très vite suscité un vent de fronde dans les états-majors. Les premiers craquements sont apparus au sein du Parti républicain du peuple, le seul pourtant à avoir réussi à améliorer son score du 7 juin en recueillant 400 000 voix de plus. Son chef, Kemal Kiliçdaroglu, un ancien haut fonctionnaire de 66 ans, y est pourtant jugé trop mou et un rien falot comparé à la bête politique qu'est le président Erdogan. Sitôt passé le choc de la défaite, le député Muharrem Ince a sonné la charge contre M. Kiliçdaroglu, qui a concédé sa sixième défaite électorale depuis qu'il a pris les rênes du parti fondé par le vénéré Mustafa Kemal Atatürk. « Est-ce que vous accepteriez d'être représentés une septième fois par un avocat qui a perdu six fois votre procès ? a sèchement lancé M. Ince. Le CHP a un problème de crédibilité et les responsables de cet échec doivent en répondre devant les délégués. »
Son appel à la sédition a fait des émules. Un autre député, Mustafa Balbay, journaliste réputé qui a passé près de cinq ans en prison dans une affaire de tentative de coup d'État contre le régime actuel, a lui aussi annoncé mercredi qu'il briguerait la présidence du parti lors de son prochain congrès en décembre.

« Monsieur non »
Dans le camp du Parti de l'action nationaliste, l'ambiance n'est guère plus apaisée. Le mouvement ultranationaliste est même le grand perdant du scrutin du 1er novembre, avec un score en recul de près de 5 % et la perte de la moitié de ses sièges de députés (41 contre 80 il y a cinq mois). Là aussi, son patron depuis vingt ans, Devlet Bahçeli, âgé de 67 ans, a clairement manifesté son intention de garder les commandes, contre vents et marées. « Je ne reculerai pas », a tonné celui que la presse appelle parfois « Monsieur non », depuis son refus catégorique de participer à une coalition après le scrutin de juin. Très discret depuis le 1er novembre, il a pris soin de limoger les « rebelles » qui se manifestaient, afin de s'assurer la tranquillité jusqu'à son prochain congrès en 2017.
Le troisième et dernier parti de l'opposition parlementaire, le Parti démocratique du peuple, a sauvé l'essentiel en gardant des députés, mais il a perdu un million de voix et ne détient plus que 59 sièges contre 80 auparavant. Son très charismatique chef Selahattin Demirtas, âgé de 42 ans, a mis ce recul sur le compte des menaces d'attentat qui l'ont contraint à réduire la voilure de sa campagne après l'attentat-suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara. Il doit de toute façon quitter son poste en janvier, les statuts du HDP l'empêchant de briguer un troisième mandat.
Dans ce contexte, l'avenir de l'opposition s'annonce sombre en Turquie. Et à en croire les analystes, l'embellie n'est pas pour demain. « L'AKP a mis la main sur le pays et sur la quasi-totalité de l'électorat de droite, y compris ceux du centre droit, assure l'analyste Soner Cagaptay, du Washington Institute. Et cette domination ne semble pas près de s'interrompre. »
(Source : AFP)

La débâcle subie face au parti du président Recep Tayyip Erdogan aux législatives turques a provoqué un coup de tonnerre dans les rangs de l'opposition, où la révolte gronde comme jamais.Contre tous les pronostics, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a regagné le 1er novembre la majorité absolue perdue cinq mois plus tôt à peine. Ce résultat a sonné...
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