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Campus - Libre cours - Wise 2015

Bou Saab : La crise politique empêche la création de nouvelles opportunités de travail

Rencontré en marge du Sommet mondial de l'innovation pour l'éducation (Wise 2015) tenu au Qatar du 3 au 5 novembre, le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, a répondu aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Le ministre Élias Bou Saab. Photo Anne-Marie el-Hage (des archives)

Quel rôle joue l'État pour s'assurer que les compétences enseignées dans les universités au Liban sont en adéquation avec les besoins du marché du travail ?
Jusqu'à présent, nous, en tant que gouvernement, nous ne faisons rien à cet égard. Il n'y a pas de responsabilité directe du gouvernement ni de politique établie dans ce domaine. Par ailleurs, une nouvelle loi de l'enseignement supérieur a été instaurée dernièrement et on travaille actuellement sur la loi de la qualité. Dans ce cadre, les nouvelles universités qui veulent obtenir des permis sont tenues de remplir plusieurs conditions, dont l'étude du marché de l'emploi et la préparation des étudiants pour intégrer ce marché. Concernant la crise actuelle, il ne faut pas oublier qu'au Liban la politique bloque tous les projets susceptibles de créer des opportunités de travail.

Chaque année, des milliers d'étudiants au Liban décrochent des diplômes dans des filières sursaturées. Envisagez-vous de proposer aux universités d'établir pour certains programmes des limites d'admission, à l'instar des universités canadiennes ?
Je suis contre cette approche. Le marché du travail s'impose lui-même aux choix des étudiants. Ces derniers choisissent les filières où se trouvent les vrais besoins. Dans les universités qui possèdent un bon niveau, les diplômés trouvent du travail. En revanche, les étudiants doivent d'eux-mêmes arrêter d'intégrer celles dont le niveau baisse, et elles finissent par fermer.
En ce qui concerne les nouvelles formations, si les établissements universitaires appliquent les lois de la qualité, ils ne lanceront pas, par eux-mêmes, des programmes qu'ils ne doivent pas offrir. Par ailleurs, j'ai confiance que les universités prestigieuses font des études et décident en conséquence.

Les programmes d'études dans les filières techniques au Liban n'ont pas été actualisés pour suivre les évolutions technologiques. Que comptez-vous faire à cet égard ?
Nous avons l'intention de réexaminer les cursus dans les instituts publics et privés. Au Liban, ce secteur est considéré comme étant réservé aux étudiants qui ont échoué. Cette perception est fausse. 70 % des étudiants allemands intègrent le secteur technique et l'Allemagne possède la plus forte économie en Europe, donc au monde. Il n'est pas nécessaire d'avoir suivi des études en médecine ou en génie pour dire d'un individu qu'il est éduqué.

Que peuvent faire les universités pour éduquer les jeunes à la citoyenneté et cultiver leur sentiment d'appartenance au Liban ?
Cela doit commencer dans le milieu scolaire. Mais il faut également que les médias jouent un rôle à cet égard, un rôle éducatif. Malheureusement, au Liban, ces derniers cherchent le sensationnel pour le vrai ou pour le faux. Cet enseignement doit être intégré dans les programmes des écoles et des universités, mais il ne doit pas s'y limiter. C'est l'affaire de tous. Le problème est que les médias font dévier les jeunes vers le confessionnalisme.

Innovation dans l'éducation et impact économique
Près de 2 000 innovateurs, chercheurs et acteurs dans le domaine de l'éducation, entrepreneurs sociaux, dirigeants d'entreprise et responsables gouvernementaux et d'organisations non gouvernementales, ont pris part au 7e Sommet mondial de l'innovation pour l'éducation (Wise 2015) tenu à Doha (Qatar) du 3 au 5 novembre. Cet événement annuel de grande envergure était placé pour cette édition sous le thème Investir pour créer de l'impact : une éducation de qualité pour une croissance durable et inclusive. Consacré aux liens entre éducation, entrepreneuriat et économie, ce sommet a donné l'occasion à 70 conférenciers venus des quatre coins du monde de mettre en lumière les défis et les obstacles auxquels fait face aujourd'hui le monde de l'éducation.
À travers des dizaines de tables rondes, de panels de débat, d'ateliers, de réunions informelles, les participants ont discuté des conditions d'amélioration des systèmes éducatifs pour mieux préparer les jeunes au marché de l'emploi, lutter contre les inégalités et créer les conditions d'un développement économique durable.
La cérémonie d'ouverture du sommet lancé par cheikha Moza, présidente de la Fondation du Qatar, a été marquée par deux moments forts : le discours, touchant et inspirant, de Michelle Obama, Première dame des États-Unis et invitée spéciale de cette édition, en faveur de l'éducation des filles et de l'égalité des chances, et l'annonce du prix Wise pour l'éducation 2015 — accompagné d'un montant de 500 000 dollars — qui a été décerné à Sakena Yacoobi, fondatrice et présidente de l'Afghan Institute of Learning (AIL). La lauréate, âgée de 65 ans et connue en Afghanistan comme la mère de l'éducation, est récompensée pour avoir établi et soutenu des écoles clandestines dans les années 1990 lorsque les talibans ont interdit l'éducation des filles.
Le Sommet Wise se veut, depuis sa création en 2009 par la Fondation du Qatar, une plateforme internationale et multidisciplinaire destinée à encourager la réflexion, le débat, la créativité et l'action concrète. Parmi les principaux participants à cette édition figurent le prix Nobel de la paix 2011, Leymah Gbowee, l'ancienne Première ministre australienne, Julia Gillard, la princesse Mabel Van Oranje, présidente de Girls Not Brides, et David Whitebread, professeur et maître de conférence en psychologie et éducation à l'Université de Cambridge.

Enquête : relier l'éducation au monde réel
Trois experts en éducation sur quatre se disent insatisfaits du système éducatif dans leurs pays. C'est ce qui ressort d'une étude internationale publiée à l'occasion du Sommet mondial de l'innovation pour l'éducation (Wise) qui s'est tenu du 3 au 5 novembre à Doha. 1 550 professeurs, étudiants et jeunes diplômés, décideurs et acteurs des politiques éducatives, responsables d'entreprises et d'organisations non gouvernementales, en provenance de 149 pays, ont pris part à l'enquête menée par Gallup au cours du mois d'août 2015.
Plus précisément, 59 % des personnes interrogées dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord considèrent que les écoles secondaires et les universités dans leurs pays respectifs ne préparent pas les étudiants pour une entrée réussie dans la vie professionnelle.
Parmi les facteurs identifiés par l'enquête pour expliquer cette situation figurent le manque de collaboration entre les établissements éducatifs et le monde de l'emploi, et le manque d'opportunités de stages et d'activités pédagogiques « réelles » visant à favoriser l'insertion des jeunes étudiants dans le monde du travail.

L'innovation dans l'éducation
Si 60 % des individus consultés ont jugé la qualification des professeurs comme le principal défi à relever, 59 % des personnes interrogées estiment que les professeurs de leurs pays ne sont pas traités avec le respect qui leur est dû.
Pour autant, l'usage des technologies est avancé par 74 % des observateurs et connaisseurs concertés comme un moyen pour aider les étudiants à mieux apprendre.

Pour en savoir plus sur les résultats de cette enquête :
www.wise-qatar.org/education-real-world-skills-gap.

Quel rôle joue l'État pour s'assurer que les compétences enseignées dans les universités au Liban sont en adéquation avec les besoins du marché du travail ?Jusqu'à présent, nous, en tant que gouvernement, nous ne faisons rien à cet égard. Il n'y a pas de responsabilité directe du gouvernement ni de politique établie dans ce domaine. Par ailleurs, une nouvelle loi de l'enseignement supérieur a été instaurée dernièrement et on travaille actuellement sur la loi de la qualité. Dans ce cadre, les nouvelles universités qui veulent obtenir des permis sont tenues de remplir plusieurs conditions, dont l'étude du marché de l'emploi et la préparation des étudiants pour intégrer ce marché. Concernant la crise actuelle, il ne faut pas oublier qu'au Liban la politique bloque tous les projets susceptibles de créer des...
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