Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Crash du Sinaï

Pourquoi le Kremlin est-il si réticent à admettre la thèse d’un attentat de l’EI ?

Un accident mettrait en cause une compagnie privée, tandis qu'une attaque engagerait l'État.

Un membre des forces spéciales égyptiennes sur un barrage à Charm el-Cheikh hier. La veille, le vice-Premier ministre Arkady Dvorkovitch a évoqué « les failles des systèmes de sécurité égyptiens ». Mohammad el-Shahed/AFP

Le 9 novembre, Dimitri Peskov, porte-parole du président russe Vladimir Poutine, répétait une fois de plus le mantra officiel : « Nous ne pouvons pas nous prononcer tant que nous n'avons pas toutes les conclusions de l'enquête. » Parallèlement, le Premier ministre Dimitri Medvedev a envisagé, certes avec prudence, l'éventualité d'un acte terroriste. « Il y a de fortes probabilités pour que le crash soit la conséquence d'un attentat », a-t-il déclaré.
Il aura fallu donc plus de dix jours pour que Moscou commence à envisager officiellement que le charter russe de la compagnie privée Metrojet, avec à son bord 224 personnes, ne s'est pas écrasé suite à un accident technique, mais que l'avion a été victime d'un acte terroriste perpétré par des jihadistes, comme l'ont indiqué tous les services de renseignements occidentaux.

Cette attitude qui peut surprendre s'explique par des considérations de politique intérieure. Depuis le drame, à l'inverse des dirigeants occidentaux qui ont été confrontés à des situations similaires, le président Poutine est resté en retrait. Pas d'adresse à la nation : seulement une journée de deuil national et un message de condoléances aux familles des victimes à la suite d'un entretien avec le ministre des Transports. C'est tout.
Choqués par cette froideur, les internautes ont souligné l'absence d'empathie du chef de l'État. Il n'en demeure pas moins que si cette explication n'est pas dénuée de fondement, il convient également de prendre en compte la situation pour le moins inconfortable dans laquelle risque de se trouver le président russe dans l'hypothèse d'un attentat.

Pour Ioulia Latininia, journaliste à la radio d'opposition, ce contexte explique que les autorités russes aient fait tout leur possible pour accréditer la thèse de l'accident, conséquence de l'état défectueux de l'avion. Un accident est incontestablement plus facile à gérer qu'un attentat. « Il ne fait de secret pour personne que l'aviation russe n'est pas des plus sécurisées, en particulier les charters, qui sont généralement trop vieux et dans un état qui laisse fortement à désirer, d'autant plus que ces avions appartiennent à des compagnies privées... un accident engage la responsabilité de la compagnie et de l'oligarque qui la possède, pas celle de l'État », souligne-t-elle.

(Lire aussi : Des médias égyptiens évoquent un "complot" contre Le Caire et Moscou)

 

Situation « sans issue »
Inversement, un attentat perpétré par Daech (acronyme arabe de l'État islamique – EI) met directement en cause le président Poutine qui, en tant que chef des armées, a pris seul la décision de se lancer fin septembre dans l'aventure syrienne, alors que la Russie ne s'était officiellement engagée sur aucun théâtre d'opérations extérieures, hormis la petite guerre contre la Géorgie en 2008, depuis le départ peu glorieux des troupes soviétiques d'Afghanistan.
Cette décision, motivée par des raisons géopolitiques, mais également par le souci de faire oublier la guerre hybride en Ukraine, avait été bien accueillie par l'ensemble de la population, et Vladimir Poutine avait vu sa cote de popularité bondir et atteindre le chiffre record de 89 %.
Gorgés de propagande, abreuvés par des émissions télévisées montrant les frappes « chirurgicales » des bombardiers russes sur les cibles ennemies (jihadistes et également opposants au président syrien Bachar el-Assad), les Russes se sentaient redevenir une « superpuissance »...

 

(Lire aussi : Wilayat Sinaï, l’énigmatique branche égyptienne de l’EI)

 

La révélation que le crash de l'avion est un acte terroriste risque de porter un coup sévère au moral de la population, mais surtout de nuire fortement à l'image du chef de l'État qui se retrouve dans une situation qu'il n'avait pas prévue. « La situation est très délicate, je dirais même sans issue. Nous nous sommes engagés dans une guerre, une guerre contre le terrorisme que nous ne pouvons pas gagner et dont les conséquences peuvent être dramatiques en particulier dans le Caucase ; il ne faut pas oublier que nombre de Caucasiens ont rejoint les rangs de Daech. Par ailleurs, mener une guerre a un coût humain et financier. Or c'est la nouvelle classe moyenne, grand soutien de Poutine, déjà atteinte dans son pouvoir d'achat par l'embargo sur les denrées alimentaires et maintenant dans sa mobilité qui va le payer. Je ne suis pas certain qu'elle soit prête à cela », estime un expert sous le couvert de l'anonymat.

Reste qu'une fois admise la thèse de l'attentat, ce qui semble imminent, il va bien falloir trouver des coupables pour redorer le blason quelque peu terni du maître du Kremlin – d'autant plus que Moscou, à moins de perdre la face, ne peut plus reculer, et que les bombardements sur la Syrie, qui se sont sensiblement ralentis depuis le crash, vont continuer, voire s'intensifier.
C'est pratiquement chose faite : le vice-Premier ministre Arkady Dvorkovitch a évoqué mardi « les failles des systèmes de sécurité égyptiens », tandis que d'autres sources, dont on ne peut vérifier la fiabilité, parlent d'un complot organisé par une agence américaine dans le but d'empêcher la Russie de mener à bien l'opération en Syrie.

 

Lire aussi
Comment peut-on placer un explosif à bord d'un avion ?

Crash du Sinaï : pourquoi la thèse de l'attentat est crédible

« Les belles années de Charm el-Cheikh, c'est fini »

Le 9 novembre, Dimitri Peskov, porte-parole du président russe Vladimir Poutine, répétait une fois de plus le mantra officiel : « Nous ne pouvons pas nous prononcer tant que nous n'avons pas toutes les conclusions de l'enquête. » Parallèlement, le Premier ministre Dimitri Medvedev a envisagé, certes avec prudence, l'éventualité d'un acte terroriste. « Il y a de fortes probabilités...
commentaires (2)

Ce qui est navrant dans ce roman noir poutinien Nain, c'est non seulement les turpitudes qui seront révélées et qui, évidemment, seront + ou moins exploitées ; mais c'est aussi ce détestable réflexe qui consiste à vouloir, coûte que coûte, camoufler ses méfaits style FSB. Au contraire, c'est dans la mesure où l'on est fermement attaché à son néo-autocratisme archaïque, où l'on admire son tout récent passé et où l'on croit niaisement en son "avenir" qu'on doit se montrer intransigeant, implacable même pour ses dérives. C'est parce qu'on est Mongolo-sibérien KGBiste à chapka en skaï qu'il faut exiger, "naine ment", que sa Petite "grande-russie" soit insoupçonnable. Et non pas oser honteusement proposer, comme cela est explicitement fait, que le linge sale soit lavé en famille intra-kagébiste à espionnite aigüe ! Les ukases du Nabot-crapaud qui ont fait le plus de tort à ce matérialisme sibérique nul et non-scientifique tout au long de ses 15 années de pouvoir sont : Faut pas désespérer le sibérien Moyen, et faut pas jeter l’autre "petit" bébé russe Sain avec l'eau du bain. Si, se souvenant que seule la vérité est réellement maybe communiste, le Gnome n'avait pas sans cesse menti à son simple russe Moyen ; et si ce même Nain Mongolo-sibérien n'avait pas hésité à laisser filer de temps à autre quelque marmot russe Sain mais "ingrat?" libertin par le trou d'évacuation de la baignoire ; sa cheap Mongolo-petite Moscovie en toc ne s'en porterait sans doute pas plus mal…. Perhaps ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 13, le 12 novembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Ce qui est navrant dans ce roman noir poutinien Nain, c'est non seulement les turpitudes qui seront révélées et qui, évidemment, seront + ou moins exploitées ; mais c'est aussi ce détestable réflexe qui consiste à vouloir, coûte que coûte, camoufler ses méfaits style FSB. Au contraire, c'est dans la mesure où l'on est fermement attaché à son néo-autocratisme archaïque, où l'on admire son tout récent passé et où l'on croit niaisement en son "avenir" qu'on doit se montrer intransigeant, implacable même pour ses dérives. C'est parce qu'on est Mongolo-sibérien KGBiste à chapka en skaï qu'il faut exiger, "naine ment", que sa Petite "grande-russie" soit insoupçonnable. Et non pas oser honteusement proposer, comme cela est explicitement fait, que le linge sale soit lavé en famille intra-kagébiste à espionnite aigüe ! Les ukases du Nabot-crapaud qui ont fait le plus de tort à ce matérialisme sibérique nul et non-scientifique tout au long de ses 15 années de pouvoir sont : Faut pas désespérer le sibérien Moyen, et faut pas jeter l’autre "petit" bébé russe Sain avec l'eau du bain. Si, se souvenant que seule la vérité est réellement maybe communiste, le Gnome n'avait pas sans cesse menti à son simple russe Moyen ; et si ce même Nain Mongolo-sibérien n'avait pas hésité à laisser filer de temps à autre quelque marmot russe Sain mais "ingrat?" libertin par le trou d'évacuation de la baignoire ; sa cheap Mongolo-petite Moscovie en toc ne s'en porterait sans doute pas plus mal…. Perhaps ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 13, le 12 novembre 2015

  • AVEC LE CRASH PAR ATTENTAT DE L'AVION... ET LE CRASH CERTAIN DE L'OPÉRATION DE BOMBARDEMENT AVEC LES RECULADES DE L'ARMÉE SYRIENNE AU LIEU DES AVANCEMENTS PRÉVUS... QUI N'ONT PU QUE CHASSER L'E.I. DES ENVIRONS D'UN AÉRODROME APRÈS TROIS ANS DE SON OCCUPATION MAIS EN CONTRE PARTIE PERDUS D'AUTRES LOCALITÉS... LE TSAR POUTINE SE VOIT EN STAR DE LA DÉFAITE... D'Où L'URGENCE AVEC LAQUELLE LES RUSSES S'ACHARNENT POUR ARRIVER À UNE SOLUTION SYRIENNE NÉGOCIÉE EN TABLANT SUR LES OCCIDENTAUX ET SURTOUT BABA OBAMA QUI AVAIT CONCLU AVEC EUX L'ENTENDEMENT SUR L'INTERVENTION ET LEUR AVAIT DONNÉ LE FEU VERT ! LA SOLUTION ARRIVE... LE DÉPART ET D'AUTRES DÉPARTS SONT PROGRAMMÉS... LE PEUPLE SYRIEN EST VAINQUEUR... L'INTERVENTION AÉRO/TERRESTRE CONJOINTE RUSSO-AMÉRICAINE EST EN MARCHE... ET... RIRONT BIEN ET FORT QUI RIRONT LES DERNIERS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 59, le 12 novembre 2015

Retour en haut