Bien que le terrain syrien reste la véritable balance des rapports de force, le processus politique est bel et bien entamé. Des sources diplomatiques russes révèlent ainsi que si le principal objectif de l'intervention russe en Syrie est la lutte contre le terrorisme, le second est de relancer l'opération politique pour assurer la stabilité de la Syrie, laquelle est importante non seulement pour la région, mais aussi pour la Russie elle-même. Avec l'extension de l'Otan vers la Pologne et son implantation en Turquie, et avec la menace islamiste grandissante dans les républiques musulmanes qui entourent la Russie, Moscou commençait à se sentir encerclé. La Russie ne pouvait donc en aucun cas accepter que la Syrie tombe entre les mains des islamistes de Daech et de leurs parrains. D'une part, parce que donner aux takfiristes un État à la position aussi stratégique que celle de la Syrie, avec une extension en Irak, constituerait une menace directe pour la sécurité russe et, d'autre part, parce que cela représenterait un coup terrible pour son économie avec la possibilité de faire passer le gaz du Qatar vers l'Europe, via la Syrie et la Turquie, concurrençant ainsi le gaz russe. Pour ces raisons, et face à la lenteur de l'action de la coalition menée par les Américains, qui en plus d'un an n'a pas réussi à arrêter la progression de l'État islamique, la Russie estime avoir été contrainte d'agir directement.
Les sources diplomatiques russes assurent que l'opération militaire en Syrie n'est pas limitée dans le temps et qu'elle ne s'arrêtera que lorsque les objectifs seront atteints. La logique exige de commencer par fermer les robinets qui alimentent les groupes terroristes. C'est pourquoi le gros des bombardements se concentre sur les zones proches de la Turquie puisque c'est principalement de cette frontière qu'arrivent les combattants de Daech. On ne peut pas encore parler de percée décisive, mais les combats se poursuivent et, selon les sources diplomatiques russes, il faut attendre jusqu'au début de l'année pour commencer à sentir les effets de cette intervention militaire.
C'est pourquoi d'ailleurs les Russes souhaitent relancer le processus politique pour qu'il puisse accompagner les développements sur le terrain. C'est dans ce contexte que le président syrien Bachar el-Assad a été invité à Moscou, et dûment filmé pour que le message soit clair aux yeux du monde entier, pour discuter du processus politique. Les informations en provenance du Kremlin font état d'un grand progrès dans ce domaine, notamment sur le plan de l'acceptation du président syrien du principe des élections anticipées législatives et présidentielle. En même temps, il aurait aussi accepté l'idée d'un gouvernement de transition, qui aurait une partie des prérogatives présidentielles et qui serait formé de représentants du régime, mais aussi de l'opposition, selon un partage confessionnel et communautaire. Ce qui jusqu'à présent constituait un problème, à savoir l'identité des parties de l'opposition qui seraient intégrées au gouvernement, a été plus ou moins résolu puisque, pour la première fois, le président syrien a accepté l'idée d'une participation de l'Armée syrienne libre en tant qu'opposition militaire modérée, à condition qu'elle se rallie à la guerre contre le terrorisme.
Selon les sources diplomatiques russes, il s'agit d'un important développement, dans la mesure où l'identification des parties de l'opposition qui devraient devenir des partenaires dans le cadre du dialogue a jusqu'à présent posé un problème. À partir de là, le processus est donc enclenché, et des réunions de coordination entre des représentants russes et d'autres de l'opposition syrienne sont en train de se tenir à Vienne, mais aussi à Mascate, à Oman, et à Abou Dhabi, dans les Émirats arabes unis. Selon ces mêmes sources, la Russie n'a pas pris la place des États-Unis, elle a simplement occupé un espace vide depuis que Washington a montré qu'il n'avait pas de stratégie précise dans la région et qu'il ne veut plus s'investir au Moyen-Orient depuis la guerre de l'Irak en 2003. Ce n'est toutefois qu'une fois que le dialogue sera déclenché et commencera à porter sur un nouveau partage des pouvoirs et sur les modalités du processus politique que l'on pourra envisager la conclusion d'un véritable cessez-le-feu. En attendant, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts, alors que sur d'autres, il y a des tentatives pour conclure des accords partiels. C'est le cas notamment dans la région de Zabadani, mais comme la confiance entre les protagonistes est nulle, le processus connaît sans cesse des reports, sans toutefois que l'idée soit abandonnée.
L'engagement russe en Syrie est donc appelé à durer, et il est totalement différent de celui de pure forme des États-Unis et de la coalition qu'ils dirigent. Enfin, s'il se vérifie que le crash de l'avion russe au Sinaï est effectivement un acte terroriste, cela ne fera que conforter le Kremlin dans sa décision de déclarer la guerre au terrorisme, précisent les sources diplomatiques précitées.
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commentaires (8)
superbe analyse! Analyse dont la lecture n'est vraiment pas conseillée à ceux qui ne peuvent la comprendre. Ce serait comme donné du Baklawa aux anes... bien que j'adore l'animal Ane auquel je demande un grand pardon dans sa langue; hi-hon (désolé pour l'accent, mon pote... mais essaie toi de parler la mienne, hein!?). De l'eau de source. Dame Scarlett est anormale; elle est unique... et qques crans au dessus des autres. Scarlett4présidainte@liban.lb xxx love!
Ali Farhat
17 h 59, le 07 novembre 2015