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Liban - Changement climatique

Accord de Paris : le point sur les négociations et la position libanaise

Une conférence s'est tenue hier à l'Institut Issam Farès à quelques semaines du sommet.

À la tribune, de gauche à droite, Pierre Khoury, Vahakn Kalbakian, Rana el-Hajj, modératrice de la session, Mary Awad et Waël Hmaïdan.

Le Liban a soumis un document d'engagement national de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme il a été demandé à tous les pays du monde de le faire en prévision de la Cop21 (sommet de Paris sur le climat), où les négociateurs des pays représentés devraient atteindre un accord dont les contours restent à préciser et qui fait toujours l'objet de négociations. Ces négociations mondiales et le rôle du Liban dans le processus qui mène vers la Cop21, qui débute fin novembre, ont été discutés hier à l'Institut Issam Farès (IFI) de l'AUB.


La « contribution nationale » du Liban, élaborée par l'équipe des projets du changement climatique du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au ministère de l'Environnement, en concertation avec de nombreux ministères et autres administrations, fixe deux objectifs : l'un inconditionnel, c'est-à-dire sans aide extérieure, de réduction de 15% des émissions par le biais de l'augmentation de 15% de la production d'énergie par des sources renouvelables ; et le second, conditionnel – avec aide extérieure – de réduction de 30% des émissions par le biais de 20% d'énergie renouvelable en plus. C'est Vahakn Kabakian, à la tête de l'équipe, qui a fourni les détails sur ce document, expliquant que les mesures dans le secteur de l'énergie ne sont pas les seules, mais qu'elles seront accompagnées d'efforts dans les transports, le reboisement, les déchets, les eaux usées, etc.
Mais la volonté politique existe-t-elle vraiment pour permettre d'atteindre ces objectifs ? Waël Hmaïdan, directeur exécutif de CAN International, pense que le débat autour du changement climatique au Liban reste très peu présent sur la scène politique, même si les efforts pour produire une « contribution nationale », en conformité avec les décisions de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCUNCC), sont louables. Il a noté que les rédacteurs du document au sein du ministère de l'Environnement, vu le peu de soutien politique, n'ont pu que se baser sur des initiatives déjà en cours pour fixer des objectifs nationaux réalistes, même si peu ambitieux. Il s'est demandé pourquoi le Liban pense se diriger vers l'extraction d'énergies fossiles de la mer alors que le monde se dirige vers une économie sans carbone, estimant que le passage vers les énergies renouvelables serait économiquement plus viable.

 

 


Les énergies renouvelables, c'est ce dont a parlé Pierre Khoury, du Centre libanais de conservation de l'énergie (LCEC), relevant du ministère de l'Énergie. Il a souligné qu'en matière d'énergie renouvelable, nous n'étions plus, au Liban, au stade des recherches de solutions et des projets pilotes, mais de la généralisation des concepts. Pour lui, l'objectif de 12% d'énergie renouvelable d'ici à 2020, que le Liban s'est fixé depuis 2009, est réaliste si on tient compte des stratégies du ministère de l'Énergie. Il a cependant estimé que le pays ne pouvait pas se passer pour le moment de sources d'énergie traditionnelle.


Mary Awad, membre de l'équipe des projets sur le changement climatique, s'est attardée sur les attentes du Liban (0,07 % des émissions mondiales) concernant le sommet de Paris, comme, par exemple, le maintien du concept de « la responsabilité partagée mais différenciée », en d'autres termes une responsabilité calculée sur la contribution du pays aux émissions mondiales et sur sa capacité à mener à bien les opérations de réduction des émissions. Le Liban, dit-elle, est de ceux qui ont intérêt à ce que les pays développés, les grands émetteurs, aient des objectifs le plus ambitieux possible, ce qui réduira la nécessité des mesures d'adaptation par la suite. Pour les mécanismes de financement, elle a prôné « un système prévisible et précis, qui accorde en gros 50 % des fonds aux efforts d'adaptation, et 50 % aux mesures de réduction des émissions.


Sur les négociations mondiales, Waël Hmaïdan a souligné que l'ensemble des contributions nationales des pays permet d'envisager une hausse de la température de la terre de 2,7 degrés (si tant est que ces contributions seront appliquées), au lieu d'une perspective catastrophique de 3 à 4 degrés. Cela est un pas en avant, a-t-il affirmé, même si l'objectif des ONG reste en deçà de 1,5 degré. Le militant constate que la volonté politique reste insuffisante et que l'étape de Paris, bien que très importante, n'est pas la fin du chemin. En effet, pour lui, de plus en plus de pays adhèrent au principe d'un objectif à long terme, d'ici à 2050, qui serait, pour CAN, la décarbonisation (ne plus utiliser les énergies fossiles) de l'économie. Il a insisté sur un point qui fait de plus en plus l'unanimité : le fait que les « contributions nationales » devront être révisées par les pays tous les cinq ans, avec possibilité de revoir les ambitions à la hausse et une impossibilité de revenir en arrière.

 

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