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Scan TV - Focus

Quand la poubelle des uns assure la survie des autres

Souhayr a trouvé, pour son plus grand plaisir, du pain fraîchement jeté dans la benne. Capture d’écran LBCI

Souhayr, Libano-Égyptienne, vit et nourrit ses enfants de la poubelle. Oui, de la poubelle! « Ce n'est pas une honte! Au moins, moi, je ne vole pas et je n'arnaque personne pour permettre à ma famille de survivre. » Elle s'approvisionne au jour le jour dans une benne à la rue Hamra et dans une autre à la rue Sadate, dans la capitale. C'est un Malek Maktabi horrifié qui l'interroge sur son plateau d'Ahmar bel Khatt el-Aarid. Il s'arrête notamment sur le mécanisme qu'elle a adopté pour déballer les sacs-poubelle dans les bennes, et sur comment elle ose donner à manger à ses enfants à partir de ce qui, normalement, constitue le festin idéal pour les rats et les chats.

Souhayr n'hésite pas. En quelques mots, et d'un ton déterminé, elle braque mille projecteurs sur cet immense fossé qui, désormais, sépare les infiniment pauvres de tous les autres... Et sur les carences multiples et variées de l'État et de la société. « Je me dirige vers des bennes des classes aisées, pas des bennes ordinaires dans des régions populaires. Je choisis les bennes des personnes tellement riches qu'elles peuvent se permettre de jeter le paquet de pain presque entier dans la poubelle, ou un poulet auquel manque une aile ou une seule cuisse, sans se demander si d'autres en auraient besoin... Je connais des endroits bien spécifiques dans lesquels les meilleurs restaurants de la capitale se débarrassent des aliments auxquels on a à peine touché, bien emballés et en bonne condition, sans se soucier des centaines d'institutions caritatives qui les auraient proposés à des familles
défavorisées et qui ne peuvent plus trouver du travail », explique la dame d'un certain âge en affichant une certaine
fierté.

« Le malheur des uns dans des régions où les ordures s'amassent de jour en jour a fait notre bonheur, nous qui ramassions les bouteilles de plastique et le métal afin de les revendre à des usines pour les recycler », reprend-elle. «Venez avec nous! Formez une équipe et venez avec nous, nous allons vous expliquer comment profiter de ces ordures et combien de richesses elles peuvent renfermer, au-delà des odeurs nauséabondes!», continue-t-elle. «Moi et ceux qui survivent des restes des autres nous pouvons même en faire notre métier, croyez-moi!», lance Souhayr à l'animateur du programme télé visiblement abasourdi par ce qu'il venait d'entendre.

« Nous le faisons pour nos enfants »
« Nous sommes des familles, et surtout des mères, désespérées, qui osent fouiller dans les poubelles, mais nous n'avons pas le choix : nous le faisons pour nos enfants, car personne ne nous aide, si nous ne trouvons pas de quoi manger dans les poubelles nous risquons de mourir de faim », explique-t-elle. « Si je ne trouve pas de quoi nourrir ma famille, ni quelqu'un pour m'embaucher, et que toutes les autres issues sont bouchées, pourquoi ne pas profiter de ce que les autres jettent?», se demande-elle.

Interrogée sur la réaction des passants qui la voient penchée dans les grandes bennes, elle avoue qu'ils l'insultent au passage ou lui crachent au visage, car elle « sème le désordre dans les bennes »... Parfois, même, ils lui disent: «Honte à toi, va te trouver du travail au lieu de ramasser les ordures!» Elle répond simplement : « C'est triste, ils respectent davantage les femmes qui mendient sur les trottoirs, chose que je ne ferais jamais » conclut-elle.

«Quelle honte pour un État qui oblige ses citoyens à recourir aux poubelles pour survivre », termine un Malek Maktabi secoué par le discours de cette femme, finalement tellement digne et fière d'avoir pu trouver une solution à son désarroi et à sa misère.

R.R.T.

Lien vidéo : ici

 

 

Souhayr, Libano-Égyptienne, vit et nourrit ses enfants de la poubelle. Oui, de la poubelle! « Ce n'est pas une honte! Au moins, moi, je ne vole pas et je n'arnaque personne pour permettre à ma famille de survivre. » Elle s'approvisionne au jour le jour dans une benne à la rue Hamra et dans une autre à la rue Sadate, dans la capitale. C'est un Malek Maktabi horrifié qui...

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