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Nicky Larson, un héros japonais de moins en moins sexiste

Nicky Larson, un héros japonais de moins en moins sexiste

Une image du film « Nicky Larson » avec l’acteur japonais Ryohei Suzuki, Netflix.

Adapter avec succès un manga en film en prises de vue réelles peut être délicat, et encore plus lorsque le héros d’origine est un obsédé sexuel, en l’occurrence Nicky Larson.

C’est le problème auquel l’acteur japonais Ryohei Suzuki a été confronté pour rendre le tireur d’élite du manga à succès des années 1980 City Hunter (Nicky Larson en français) acceptable pour les années 2020 dans un film pour Netflix sorti jeudi.

Expert des bas-fonds de Tokyo, Nicky Larson (Ryo Saeba dans la version originale) est un mercenaire chargé de nettoyer la ville de ses criminels avec son acolyte Laura Marconi (Kaori Makimura dans la version originale).

Créé par le mangaka Tsukasa Hojo, Nicky Larson s’est vendu à plus de 50 millions d’exemplaires et s’est fait connaître en France au début des années 1990 quand TF1 a diffusé son adaptation en série d’animation.

L’œuvre a déjà été portée plusieurs fois au cinéma, avec un film d’action hongkongais en 1993 avec Jackie Chan et, plus récemment, Nicky Larson et le parfum de Cupidon du français Philippe Lacheau (2018).

Plein de sang-froid quand il s’agit d’éliminer des criminels, le personnage dans le manga perd en revanche le contrôle devant de jeunes femmes, avec ses mains facilement baladeuses, ses blagues obscènes et son incorrigible voyeurisme.

Le film français pour modèle

Un tel comportement pouvant aujourd’hui choquer, « nous avons établi pour règle que (le héros, NDLR), dans notre version, ne toucherait pas le corps de quelqu’un sans son consentement », déclare Ryohei Suzuki dans un entretien accordé à l’AFP.

Alors que le manga original, publié sous forme de série à partir de 1985 au Japon, contenait des représentations « très explicites » (déjà édulcorées dans sa version en dessin animé), « nous les avons encore revues en pensant à un public contemporain », explique M. Suzuki.

Exit aussi dans la version de Netflix les plaisanteries du personnage sur la sexualité d’autrui. Les scènes dénudées ont été tournées en présence de « coordinatrices d’intimité » pour veiller au bien-être des acteurs et actrices.

L’équipe de production a également rendu la partenaire du héros « encore plus forte et plus indépendante » que l’originale, selon M. Suzuki. « Nous l’avons amenée à agir et à se battre de manière plus proactive (...). Nous ne voulions pas qu’elle ait besoin d’être protégée par un homme. »

Le film de Philippe Lacheau a servi de modèle dans la façon dont le héros devait se réincarner. « À l’époque, les fans, y compris moi-même, pensions que la version française était vraiment bien faite. Je me suis dit : « Merci, Philippe Lacheau ! » » souligne encore l’acteur.

Les mangas valeurs sûres

Nicky Larson est la dernière exploitation en date par Netflix du filon inépuisable de l’adaptation de mangas, après One Piece et Yu Yu Hakusho l’année dernière.

Une série en prises de vue réelles adaptant l’autre célèbre manga de Tsukasa Hojo, Cat’s Eyes, est par ailleurs en cours de production par TF1, en partenariat avec la plateforme Prime Video d’Amazon.

Les mangas et les animes sont « des valeurs relativement sûres » dans lesquelles investir pour les plateformes de streaming, compte tenu de leurs « audiences cultivées depuis plus de trois à quatre décennies au Japon et ailleurs », commente Roland Kelts, auteur de Japanamerica, un livre sur l’influence culturelle japonaise aux États-Unis.

Mais rares sont les adaptations réussies, beaucoup ayant « déraillé à cause de l’accent mis sur le style plutôt que sur le fond », y compris une déclinaison hollywoodienne « atroce » de la franchise extrêmement populaire Dragon Ball en 2009, rappelle M. Kelts.

« La règle n° 1, c’est de respecter les mangas originaux », déclare Yuichi Sato, le réalisateur du nouveau Nicky Larson, qui a pu s’appuyer sur Ryohei Suzuki, le qualifiant en plaisantant de « freak » et « d’encyclopédie ambulante » du manga.

Autre exemple des mille et un défis que le duo avait à relever : l’utilisation intempestive dans le manga du mot « mokkori », un euphémisme japonais pour érection. Après de longs débats, le terme est resté dans le vocabulaire du nouveau Nicky Larson.

Car, « après tout, c’est son identité », relève Ryohei Suzuki.

Tomohiro OSAKI/AFP

Adapter avec succès un manga en film en prises de vue réelles peut être délicat, et encore plus lorsque le héros d’origine est un obsédé sexuel, en l’occurrence Nicky Larson.C’est le problème auquel l’acteur japonais Ryohei Suzuki a été confronté pour rendre le tireur d’élite du manga à succès des années 1980 City Hunter (Nicky Larson en français) acceptable...

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